Russian memories || PV Andrej

Russian memories

Octobre 2012

Il était tard. Les ruelles dans le Kremlin de Moscou se refroidissaient considérablement à mesure que l’hiver se rapprochait. Bientôt, les premières neiges viendraient recouvrir les dalles humides du quartier. Il allait falloir changer de manteau et opter pour autre chose qu’une paire de  mitaines. Cela ne dérangeait pas Nayden qui aimait le froid. Puis le mauvais temps rendait le mouvement des patrouilles policières plus difficile à effectuer. Une aubaine quand on devait multiplier les frappes sans se faire attraper. En attendant, il devait avouer qu’il commençait à se les geler sévère. Rentrer rapidement dans son repaire, se réchauffer avec une bonne bouteille qu’il avait chipé au passage tout en humant le fumet de la nicotine. Belle soirée en perspective. Le corbeau avait réussi à intercepter de nouvelles informations sur le clan adverse qui leur faisait concurrence. Le boss serait ravi de connaître les identités de quelques nouvelles recrues ainsi que la position de leur QG. Il n’y avait pas à dire… du haut de ses 17 ans, le blond était devenu un véritable expert. Un élève doué avec un avenir tout tracé dans le vol et le crime.

- Andrej ! T’es là ? Putain ça gèle aujourd’hui…

Le blond venait de pousser la porte du logement qu’il avait investi avec le papillon de la bande. Une petite planque dans laquelle il fallait faire preuve d’organisation pour stocker un maximum d’affaires dans un minimum d’espace. On se retrouvait rapidement débordé si l’on ne faisait pas gaffe. Mais Nayden aimait cet espace à eux, chaleureux, où tout se partageait avec le plus vieux. En plus, si l’on s’amusait à escalader le mur en prenant appui sur le rebord de la fenêtre, un beau ciel étoilé s’offrait en spectacle depuis les toits. Le slave aimait s’y installer par temps clair et doux. Ce ne sera pas pour ce soir malheureusement, le ciel étant nuageux.

Posant son sac rempli de quelques « courses » pour lesquelles il n’avait pas dépensé un seul sou, il buta dans un bouquin au sol, le faisant pester. Rah ! Andrej, fallait toujours qu’il foute le bordel sur son passage et qu’il le laisse ramasser derrière. Déjà que Nayden se chargeait régulièrement de faire la cuisine, ne voulant pas approcher les mixtures plus que douteuses du métisse, fallait pas qu’Andrej le prenne pour sa boniche.  

- Sérieux ce soir c’est toi qui te colle à la vaisselle hein ! Sinon compte pas sur moi pour te remplir ton assiette.

Qu’il marmonna tout en retirant son manteau et en remplissant le petit frigo de ses chiperies du jour. Hm… il était déjà plus de minuit mais clairement, Andrej n’avait pas encore mangé. Sinon il y aurait des odeurs de cuisine dans le logement. Le blondin se mit donc à l’ouvrage, lâchant finalement un sourire avant de sortir casseroles et autres ustensiles pour confectionner un repas simple mais copieux. Il avait la dalle après avoir cavalé toute la journée. Il prépara un bouillon pour une soupe rassolnik améliorée avec de la viande. Il ne ramenait pas du boeuf tous les jours, le boucher du coin étant particulièrement vigilant. Mais il était tombé sur une mamie un peu tête en l’air qui ne l’avait même pas vu récupérer un de ses deux paquets de bidoche. C’était donc soir de fête, en plus de la bouteille d’alcool qu’il avait pu ajouter à son butin.

Au fil des minutes, l’odeur d’épices, de pommes de terre et de viande se répandit dans la pièce principale, accompagnée des chants russes de Nayden. Il ne restait plus qu’à laisser le tout mijoter. Il posa le couvercle en fonte sur la casserole et sorti deux verres qu’il posa sur la table. Une clope au passage puis il s’étendit sur sa chaise en s’étirant de tout son long.

- Quand tu te décideras à te montrer, je t’ai ramené ta vodka préférée aujourd’hui.

Les pieds sur la table, en équilibre sur sa chaise et la tête renversée en arrière, Nay laissa ses mèches blondes glisser en cascade sur son front tout en observant la fumée de nicotine remonter lentement jusqu’au plafond. C’était tellement bon de rentrer chez soi après une longue journée de boulot…

Codage par Libella sur Graphiorum

Russian memories

Nayden laissa son regard se perdre sur la silhouette qui se décidait enfin à le rejoindre. Comme bien souvent, Andrej se présentait à lui pratiquement à poil. Autant dire que le jeune homme n’était pas pudique pour un sous, sinon il aurait de nombreuses fois demandé à son collègue de se mettre quelque chose sur le dos. Bon, il n’était pas à plaindre. Le métisse avait l’avantage d’être plutôt agréable à regarder. Enfin. Vite fait hein ! Comme ça ! Sans arrières pensées ! Fallait pas commencer à se faire des idées sur son compte non mais oh !

Roulant des yeux à la remarque de son ami, il n’eut pas vraiment le temps de répliquer. Andrej vint poser ses lèvres contre les siennes puis lui caressa la joue. Ce genre de gestes, Andrej en avait toujours à son égard, et avec un peu d’observation, Nayden avait bien compris qu’il en était le seul bénéficiaire. C’était un peu étrange pour lui au départ, vu qu’il était du genre à ne pas se laisser toucher de telle ou telle façon. Mais Andrej avait eu ce pouvoir sur lui, un pouvoir qu’il ne saurait vraiment expliquer. Alors il acceptait désormais ses baisers et ses caresses sans ciller, y prenant même du plaisir, même si le slave se gardait bien d’en parler à qui que ce soit. Manquerait plus que ça se sache… il se ferait charger si ce n’était pas pire…

Se redressant un peu, le blond continua d’observer son ami avant de lui adresser un sourire. Ses compliments lui faisaient toujours un petit quelque chose, surtout quand le Nayden était fier de son butin. Plutôt heureux à l’idée de ne pas avoir à faire la vaisselle - parce qu’il y avait de fortes chances pour que le blond obéisse et la lui laisse -, il attrapa le pot tendu par Andrej, venant ensuite se placer derrière lui.

Le pot renfermait cette odeur typique des mixtures du chimiste. Il fallait toujours que ce dernier trafique des potions bizarres avec ses plantes. Nayden en avait lui-même fait les frais et s’était retrouvé être le cobaye de ses expériences à plusieurs reprises. Une chance pour lui que dans la plupart des cas, les remèdes maisons du métisse fussent totalement inoffensifs mais efficaces. Il trempa donc son doigt dans la pommade et commença à l’étaler sur les différentes plaies de son colocataire.

- Je suis pas contre plus de viande mais… sérieux, ça te dégoûte pas parfois de te faire tripoter par des vieux tordus ? Ce Micha, j’suis sûr qu’il s’excite sur toi sans retenue. C’est dégueulasse…

Il acheva d’appliquer ça et là de la pommade avant de chauffer ses mains en frottant ses paumes l’une contre l’autre. Il était plus agréable de se faire masser par des mains chaudes. Nayden s’appliqua donc et fit rouler la peau entre ses doigts tout en veillant à ne pas aggraver ses plaies les plus fragiles. La vision du dos couverts de marques de son ami le fit marmonner d’ailleurs. Ils avaient beau être dans un gang, lui même revenait souvent blessé, mais il ne supportait pas de voir Andrej dans cet état. Lui okay, les autres okay, mais pas Andrej ! Surtout pas lui ! La remarque de ce dernier sur les bibliothèques le fit cependant sourire. Il assouplit ses doigts sur l’épiderme, passant davantage à des caresses qu’à un massage.

- Hm, j’avoue oui… surtout pour mes livres les plus anciens. Certains ont des pages très fragiles et le fait d’être empilés au sol n’aide pas à les conserver dans un bon état. Merci…

Andrej avait toujours une pensée pour lui. Ça lui faisait un petit quelque chose dans le ventre. Nayden se sentait vraiment privilégié auprès de son ami. Lumineux, le regard doux, il passa ses bras autour de sa taille pour le coller davantage à lui avant de déposer un baiser au creux de son dos. Il colla ensuite son front contre la peau qu’il venait d’embrasser, ferma les yeux en faisant fi de l’odeur un peu forte de plantes émanant du baume. Le slave marqua un moment de silence avant de dire sur le ton de la confidence.

- Tu vois Niko ? Figure toi que je l’ai chopé avec Stan il y a quelques jours. Ils avaient l’air assez proches… J’ai l’impression qu’ils sont pd tous les deux. Si les autres le savent, ils risquent de s’en prendre plein le cul non ?

Il serra un peu plus son emprise sur Andrej.

- Toi tu as le taff comme couverture… mais fais gaffe à toi Andrej. J’veux pas qu’on te traite de pédale ou de garage à bites. Le premier qui dit ça, je l’éclate, qu’il soit du gang ou pas…

Lui pour sa part ne savait pas trop où il en était. À vrai dire, il ne s’était jamais vraiment interrogé sur sa sexualité mais depuis quelques temps, ça lui trottait dans la tête.

Codage par Libella sur Graphiorum