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Niché par-delà les montagnes qui décrivent la beauté de l’Angleterre, se terre un magnifique village nommé Saint-Adams par ses fondateurs du même nom, il y a de cela plusieurs siècles. L’endroit est le fleuron de la bourgeoisie et de la royauté du monde entier, surtout reconnu grâce à son pensionnat pour jeunes hommes, fondé il y a de cela quarante-et-un an par la richissime famille Adams. Il s’agit de l’établissement d’éducation le plus reconnu pour engendrer l’élite la mieux établie au monde. Les jeunes adultes des meilleures familles y apprennent tant gestion de leur patrimoine, que la bienséance ainsi que toute forme de savoirs. Particularité du village, la population est exclusivement masculine. Qui serez-vous ?... Un étudiant brillant et sérieux ou un membre de la jeunesse dorée profitant de l'argent de papa ? Un professeur bien sympathique ou au contraire sadique ? Ou peut-être, un simple villageois vivant de folles aventures ? Le choix est vaste, et il ne tient qu'à vous de franchir les grilles de ce pensionnat..more~
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 Sur les traces du bonheur PV Lysandre Watherlight

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Il faut assumer ses conneries


Il était grand temps pour moi de reprendre ma vie en mains. De faire face. De porter mes couilles, comme on dit, et d'assumer les conséquences de mes actes. Je pousse un profond soupire, et ce n'est que parce que Lysandre est près de moi, que sa main est dans la mienne, que je continue d'avancer vers l'écurie. Jasper m'en voudra. Il me fera payer mon abandon, parce qu'il est le premier à me prendre comme un égal et à me faire voir la vérité comme elle est. Je serre légèrement mes doigts sur la main de Lysandre et j'expire.

- Il va m'en faire baver.

Pourtant, il n'est même pas envisageable de travailler en carrière pour assurer un minimum ma sécurité en selle. Avec Jasper, les clôtures et les barrières ne sont utiles que parce qu'il accepte de rester captif. Il est trop sauvage, trop libre pour être maintenu sous la contrainte. L'écurie se présente devant nous et je ferme les yeux un instant et je hume les effluves de paille et de crottins. L'odeur des chevaux. Les hénissements parviennent à mes oreilles avant même que nous passions la première barrière du centre.

De longs hennissements de rassemblement, comme si l'animal appelait sa jument. D'interminables appels qui me permettent même de dessiner son visage dans ma tête. Oreilles droites, tendues vers la porte de l'écurie. Membres tendus, naseaux dilatés. Il sait que je suis là. Il m'a senti, peut-être même qu'il a lu dans ma tête. Mes doigts se desserrent de la main de Lysandre et mon corps se détache légèrement du sien. Désormais je marche pour lui, pour cet étalon noir aux muscles puissants qui ne demande que moi.

L'allée vers son boxe ne m'a jamais parue aussi longue et aussi courte à la fois. Mes pas me mènent jusqu'à lui presque à l'aveugle, je n'aurais même pas besoin de lumières pour arriver jusqu'à lui. Sa voix remue mes entrailles encore une fois avant que j'atteigne enfin le saint Graal. A travers les barreaux il me fixe longtemps de ses grands yeux sombres. J'aimerais qu'ils ne soient pas là, les barreaux. J'aimerais tendre la main et atteindre son nez, pouvoir caresser son chanfrein, redécouvrir ses lèvres sous mes doigts électrisés.

Mais sans ces barreaux, nombre d'imbéciles se feraient mordre par l'impitoyable Jasper, animal de force et de caractère, bête indomptable et imprévisible. Teigne parmi les teignes, salaud parmi les salaud. L'ombre de son propriétaire, en somme. J'étire un sourire en coin sans le quitter des yeux, à l'idée qu'il me ressemble tant. Enfin, ma main se porte sur la poignée et son corps ne remue plus d'un pouce. Il attend, aux aguets, cherche le moindre de mes mouvements comme s'il pouvait l'anticiper, le deviner dans sa tête équine.

- Ca f'sait longtemps, vieux ...

Alors que la porte s'entre ouvre, ma voix vole jusqu'à ses oreilles et fait frémir son encolure obscure. J'ai l'impression que le temps s'arrête, l'impression que je suis presque entier. Presque. Et en une fraction de seconde, juste le temps de voir, de sentir l'intention dans ses yeux, ses dents se referment avec violence sur mon avant-bras couvert par la manche de ma chemise d'uniforme. Aussitôt il recule sa tête et je fais un bond en arrière en tenant mon bras où la douleur me lance presque immédiatement. Je le regarde, interdit.

Je l'insulterais bien de tous les noms mais rien ne semble vouloir sortir de ma bouche, alors je me contente de regarder l'animal des ténèbres qui me fait face de toute sa hauteur, comme s'il avait légitimement le droit de se comporter ainsi. Il est probablement le seul être vivant que j'aie pu laisser me maltraiter sans chercher à me retourner contre lui. Je ferme les yeux en massant ma chemise, mais alors que j'entends derrière le rire lumière de mon précieux trésor, elle se réchauffe et s'imbibe d'humidité. Je baisse les yeux.

- Aïe ...

Ma manche rougit rapidement jusqu'à n'être plus qu'un morceau de tissu détrempé de sang. Je reste immobile un long moment, comme si je cherchais dans ma tête la réaction normale à avoir dans ce genre de circonstance. Je savais qu'il allait me le faire payer. Je soupire de résignation et je laisse la porte de son boxe ouverte pendant que je m'éloigne pour me rapprocher de Lysandre, comme s'il pouvait apporter une réponse à mes questions silencieuses. Comme un enfant tombé du toboggan, qui cherche du réconfort.

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Il va m'en faire baver." Il sourit. Un peu triste. Sa main serrée sur la sienne tandis qu'ils marchent vers l'écurie. Inquiet. Car c'est le grand jour. Celui des retrouvailles. Comme lui et Joshua quelques temps avant ; c'est maintenant Jasper qu'il doit de nouveau conquérir. Jasper. Abandonné dans son box encore. Pendant tous ces longs mois d'absence. Jasper. Dont les hurlements déchirent les sons habituels. Des chevaux qui soupirent et de ceux qui soufflent, ou des autres encore qui mangent leur foin sans se soucier de ce grand fou. Diable Noir. Souffrant de l'absence. De cet homme qu'il a attendu lui aussi, qui lui a tant manqué. Et à qui il en veut, certainement, de l'avoir laissé. Jasper. Si seul. À qui Lysandre, à chaque coup, a laissé une carotte entre les barreaux de son box. Tandis qu'il versait les larmes d'un cœur brisé contre l'encolure brûlante de son propre étalon. Jasper. Qu'il comprend mieux que quiconque.

Jasper. Son jumeau de souffrances.

"Oui. Il va t'en vouloir."

Tenter de rassurer n'est pas utile. Lysandre le sait. Et le seul réconfort qu'il apporte sont ses doigts qui se pressent encore contre les siens. Avant de les lâcher quand Joshua accélère. Se laisse guider. Par un instinct qu'ils ont, tous les deux. Hommes-Chevaux. Ou Centaures. Lui même il sait. Car ses pas le mènent sans réflexion. Jusqu'au box d'Onyx qui l'attend, paisible. Heureux, aussi. Et il cale son chanfrein contre la poitrine de son Petit Homme dès qu'il a ouvert la porte. Se laisse aimer par les doigts tendres. Qui une minute avant tenaient encore ceux de son Joshua. Aux prises avec son Fou dans un box non loin.

Les bruits qui se font entendre rapidement ne trompent pas. Et Lysandre rit, d'un rire aux étoiles qui tintinnabule avec joie. L'esprit léger d'être ici. Accompagné de cet homme qui lui est si cher et là où tout a commencé. Car inlassablement les souvenirs l'y ramènent. À cette première fois qu'il l'a vu. Débraillé dans sa chambre alors qu'il venait lui crier dessus au sujet déjà de cet étalon noir laissé pour compte. À ce galop sur la plage. Ensemble. Au son de la mitraille des sabots dans le roulis des vagues blanches d'écume. Deux inconnus. Avides de leur liberté. Aux battements des cœurs accordés sur le même rythme. La même fréquence. Depuis le premier jour.

La voix le ramène. Lysandre cesse de rire. S'inquiète de nouveau. Et laisse le grand étalon d'or pour se diriger vers lui. Son Joshua dont la manche se teinte de rouge. "Joshua, ça va ?" Il demande. Mais il sait ça aussi. Comme il doit se sentir. Perdu, d'avoir été agressé par cet être qu'il aime. "Montre moi." Il tend les doigts vers son bras. Hésite à peine. Juste le temps de se souvenir que ça ira parce que c'est lui. Joshua. Son Joshua qui a apprivoisé une partie de ses peurs tout doucement. Et s'il y a un frisson qui vient nouer son échine – par réflexe, l'angoisse comme une vieille ennemie tapie dans un coin de son esprit – il attrape avec douceur le poignet, ses doigts frais se posant contre la peau tandis que l'autre remonte la manche de la chemise. Il soupire. "Ce n'est pas très profond... Ça va juste te lancer pendant plusieurs jours. Viens on va laver ton bras."

Il l'entraîne. Ignore les portes de leurs deux boxs, ouvertes. Car il sait qu'Onyx ne bougera pas. Sans doute devrait-il être inquiet pour Jasper, mais il a confiance en lui. Et Joshua prime sur tout le reste ; il le conduit jusqu'au lavabo et allume l'eau.

"Il ne comprend pas..."

Comme Lysandre. Qui se demandait où il était, il n'y a encore pas si longtemps. Avant de le voir revenir. Puis partir de nouveau. Et revenir encore ; jusqu'à ce que ce soit lui qui claque la porte.
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Il est là mon Lysandre. Et heureusement qu'il est là parce que sans lui, je me serais peut-être juste assis dans un coin, à me sentir con pendant quelques heures sans trop savoir quoi faire. Alors je le laisse m'entraîner à sa suite sans chercher la raison de ce déplacement, comme en état d'ivresse, livré à sa volonté. Le souffle froid fait hérisser les poils de mon bras et accentue la douleur mais les mots de Lysandre réchauffent mon coeur. Non ce n'est pas profond, parce que ce n'était pas une agression. Juste un besoin d'exprimer le manque.

Mon regard s'élève par-dessus l'épaule de Lysandre pour se poser sur le grand animal d'obscurité qui me fixe intensément. Et pendant quelques secondes, quelques minutes, il n'y a plus que lui et moi, cet être sauvage plein d'amertume et son garçon océan perdu dans l'immensité du monde. La voix de Lysandre me ramène à lui un court instant plus tard mais je ne quitte pas des yeux les orbes sombres de l'équidé en colère. Triste. Désespéré d'un amour qu'il me renvoie malgré son corps tendu à l'extrême. Je soupire doucement, résigné.

- Personne ne comprend. Personne ne peut.

Alors mes yeux de nouveau reviennent sur Lysandre et, pris d'un besoin de proximité, je reprends possession de mon bras pour venir englober tendrement son visage dans mes mains. Je dépose mes lèvres sur les siennes et j'y ferme les yeux pour reprendre un peu d'énergie là où je sais que je peux me servir. J'inspire doucement contre sa bouche, soulagé à cette seule idée que lui, il ne m'abandonnera jamais. Parce que c'est la seule certitude qui me reste désormais : Lysandre ne m'abandonnera jamais. Quoi qu'il arrive, quoi que je fasse.

Je me détache ensuite de lui, rabaisse ma manche sur la blessure sans sécher mon bras dont l'eau vient éclaircir la tâche de sang sur la chemise. Je prends la main de Lysandre et je l'entraîne avec moi, serrant doucement ses doigts, comme si j'avais besoin d'encore un peu de son courage pour faire face à Titatium du Mont Rushmore. L'animal me toise encore. Je pourrais craindre une nouvelle morsure si je ne le connaissais pas. Mais Jasper n'est pas vicieux. Il a juste besoin, comme moi, de montrer ce qu'il ressent pour ne pas imploser.

- Pardonnes-moi, mon ami.

Je tends une main en l'air, paume vers lui, et il vient il poser ses naseaux ronflants quelques instants. J'acquiesce et je sors du casier qui jouxte son boxe, tout mon matériel pour m'occuper de lui. Je prends le temps de chaque geste, de chaque étape. Je le laisse décider du début et de la fin de chaque mouvement sur son corps. Je prends le temps que je lui ai volé, enfermé dans une cage, contraint de subir la captivité qui lui fait tant horreur, comme à moi. Je ne peux que le comprendre et l'imaginer, sombrant jour après jour, impuissant.

Lorsque Jasper est prêt et équipé, Lysandre et Onyx sont déjà prêts derrière nous. Mais à défaut d'avoir fait vite, je sors de l'écurie avec un cheval plus calme quoi qu'excité par ce nouveau goût de liberté. J'enfourche l'énorme animal en me hissant à la force de mes bras, prenant place dans la selle comme si c'était la première fois. Je cherche mon équilibre, je cherche le contact, je cherche l'union qui nous a toujours rapprochés l'un de l'autre. Et lorsqu'enfin je la retrouve, cette harmonie, je pose un regard sur mon précieux Lysandre.

- La plage ?

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Il le laisse faire. Il le laisse s'accrocher à lui, son Joshua qui flanche un peu. Il le laisse se ressourcer, prendre des forces, et s'abreuver d'énergie à ses lèvres. Sans rien lui dire ; il le serre juste avec force au creux de ses bras. Le souffle court, un peu tremblant. Alors que son regard le dévore. Qu'il s'ancre à son visage pour lui prêter son courage. Sans savoir si ça suffira. S'il en a assez pour deux. Alors qu'il a souvent du mal à en trouver pour lui tout seul. Pourtant il le lui offre ; et reste là, contre lui. Jusqu'à ce qu'il se détache.

Ses mains retombent contre ses cuisses. Et tout le long d'une seconde il se sent démuni. Ne sait plus quoi faire, avant de s'en retourner vers le box à la porte ouverte de son grand cheval d'or. Ses doigts retrouvent leur place dans la longue crinière pâle. Juste après ça il se démène pour la démêler, puis la tresse comme il aime à le faire. Un coup de brosse. Ou mille. Jusqu'à ce que la robe brille. Puis il s'occupe des sabots. Une chanson fredonnée, par réflexe, au bord de sa bouche.

Il s'entrecoupe d'un rire. Quand Onyx donne un coup du bout de son nez contre la poche arrière de son pantalon. Bien loin d'ignorer ce dont il a envie.

"Ne sois pas si impatient !" Et il tend un bout de carotte à cet étalon gourmand, presque un frère de sang. Son sourire grand comme le monde qui lui dévore le visage, et qu'il soit aussi large n'est bien sûr pas si fréquent. Il rit encore. Puis il reprend sa chanson. Paisible. Au rythme de Joshua dans le box plus loin, qu'il devine simplement en écoutant. Calé ainsi dessus, on pourrait croire à de l'instinct. Il enfile le licol finalement. Autour de la jolie tête fine.

"Voilà, tu es prêt mon grand."

Il suit Joshua dès que le claquement des sabots de Jasper tinte sur le sol. Souriant son bonheur d'être là. De retour sur le dos de son cheval aux côtés de son plus grand allié, qui pose cette question qu'il attendait tant.

"Bien sûr, la plage. Quelle question !" Rit-il, en attrapant une poignée de crins blonds dont il se sert pour s'aider à se hisser sur le dos de son bel espagnol. Qui se met en marche presque aussitôt, le regard vif et le pas enjoué. Toujours à jeter des coup d'œil vers le diable noir à leurs côtés. "Il est heureux de le revoir." Il indique le noiraud d'un signe de menton. Avant de laisser Onyx prendre le chemin de la plage au petit trot, presque sautillant d'une joie qu'il contient sûrement bien mal.

Ce n'est pas son but après tout. Les animaux n'ont rien en commun avec ces hommes qui portent constamment des masques. Eux au moins ils sont honnêtes avec eux même, et le reste du monde.
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Titanium du Mont Rushmore. Titanium le monstre, Titanium le taré. Il n'a jamais été bien différent de moi, ce cheval. Il n'a jamais eu l'esprit très sain ni la pensée rectiligne. C'est un animal fou, un être incompris et un géant de sentimentalité. Mais ça, personne ne le sait. Ca, c'est notre secret. Je pose une main sur son encolure puissante, cette masse sombre aux reflets corbeau. Je passe une caresse délicate et tout son être frémis de ce contact. Parce que lui et moi, ça a toujours été une évidence. Depuis notre première rencontre.

- Toi et moi, mon vieux. Depuis toujours, hein ?

Ou presque. C'est le sentiment que j'ai, lorsque je suis à ses côtés. L'impression que rien ne peut arriver, que personne ne peut m'atteindre. La sensation de voler au-dessus des nuages, d'être totalement inaccessible. Il est cette drogue à laquelle j'aurais dû me raccrocher pour m'en sortir, mais que j'ai préféré abandonner au profit d'une autre bien plus destructrice. Pourtant je l'aime, cette bête. Je l'aime du plus profond de mon coeur et il est celui à qui je n'ai jamais menti, le seul avec qui je sois réellement honnête, incapable de fourberie.

La plage, bien sûr. Quelle question ? Nos deux compagnons sont prêts bien avant que la destination ne soit choisie, et peut-être est-ce même eux qui l'insufflent insidieusement dans nos esprits. Peut-être est-ce eux qui ont réellement le contrôle, aujourd'hui. Peut-être n'y-a-t-il qu'auprès d'eux que nous pouvons réellement être libres. Je laisse les rênes pendre sur l'encolure du monstre obscur qui me regarde de son oeil sombre avant de suivre Onyx sans se faire prier. Lui aussi, il a manqué à cet ami improbable et un peu fou. Lui aussi.

- Allons-y vite, Jasper a besoin de lâcher prise.

Et moi aussi. Et surtout moi, peut-être. Pas besoin d'un coup de talons. Suffit d'un "marches" et l'animal est parti. Suffit d'une pensée, et la bête se met en mouvement. Suffit de quelques minutes et nos amis nous entraînent dans leur folle escapade, presque à nous faire croire qu'ils ne s'arrêteront plus jamais et que plus jamais nous ne quitterons le confort de leur dos puissant. Et lorsque la plage se dessine lentement dans mon champ de vision, mon coeur bat plus fort, mon corps s'agite et c'est tout mon être qui réagit enfin.

Réveillé, endormi, ivre d'amour pour cette immensité, malade d'un manque qui a trop duré. Jasper rattrape Onyx d'un pas pressé, renâcle d'avance, s'impatiente de notre allure trop lente. Lorsque le sable effleur leurs sabots, l'animal des ténèbres ne demande plus, il prend. D'un mouvement, il s'élance dans le sable jusqu'à atteindre l'écume des vagues. Dans une danse effrénée, le voilà redécouvrant le monde comme s'il avait dormi trop longtemps. Et après un dernier regard pour son ami d'or, il se projette vers l'avenir, m'emporte.

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Son cœur bat trop vite. Son cœur bat trop fort. Son cœur s’envole à chaque nouvelle foulée et Lysandre, sur le dos de son Espagnol, laisse s’échapper un rire. Qui résonne, presque fragile, dans l’air encore chaud de ce mois de Novembre. Rire ; témoin de sa joie. De son bonheur palpable, d’être de retour aux côtés de Joshua sur leur terrain de balade. Celui qu’ils préfèrent, tous les deux. La plage, où le temps n’existe pas. Où la vie est rythmée seulement par le son des vagues. La plage. Où ils se sont trouvés comme deux âmes sœurs. Pleins d’une liberté qu’ils ne ressentent vraiment que là. Au galop. Au galop dans le sable ; il sourit encore. Toujours plus fort. À mesure qu’ils approchent et que l’air se fait chargé de sel. Et cette odeur. Caractéristique. Qui a bercé le goût de son premier baiser. De leur premier baiser. Le fracas du vent. L’eau froide, qui s’échouait contre eux. Cette plage. Vide de monde. Juste eux, tous les deux, à braver la nature géante tout autour.

Lysandre. Il sort de ses souvenirs. S’extirpe. Et laisse le loisir à Onyx d’allonger le pas. Celui à Jasper de prendre la tête. De décider, surtout, quand c’est le moment. Celui de partir. De se défouler de toutes ces émotions trop lourdes, de tous ces problèmes qu’ils portent constamment.

Un battement effréné dans son cœur. Le noir s’élance déjà. Il a juste le temps d’attraper la crinière que l’Espagnol se jette à sa suite. Galop fou. Galop puissant. Les longs crins pâles se glissent contre ses joues et il enfouit dedans son visage. Accompagne ; se fait petit. Concentré sur le son des sabots qui battent le sable trempé. Sur le souffle qui s’affole et fait gonfler les côtes. Le cœur, qui pulse dans ce grand corps. Le roulement des muscles sous ses jambes. Centaure. Lysandre. Il se sent une part de lui, toujours. Encore plus alors qu’ils courent ; Galop avide. Galop rapide. Qui s’arrête trop vite ; l’étalon caracole et manque de le désarçonner, éclate les vagues en un banc d’écume alors qu’il brave l’écume.

Lysandre le laisse faire. Onyx a toujours aimé l’eau. Et il s’y précipite sans se soucier des températures, sans s’occuper de mouiller les vêtements. Sans penser à rien, en fait, à part à ce bonheur qui illumine ses yeux.

Sauts de mouton. Il se dresse un peu sur ses postérieurs et Lysandre grimace. Reste dessus par miracle ; ou peut-être parce qu’il y a toujours eu cette chose. Cet instinct de lui qui lui permet d’anticiper ses mouvements, de sentir quand ça va se produire. Il rit encore. Juste un instant. Avant de poser les doigts sur l’encolure massive pour la caresser tranquillement quand l’animal revient sur ses quatre sabots.

“Doucement mon grand.”

Il tourne la tête vers Joshua. Les regarde, lui et Jasper, soulever le monde à coups d’empressement. Lâcher prise. Comme il a dit. Alors qu’entre ses jambes Onyx joue avec l’eau.

Il y a un instant de perfection dans cette journée.
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Il rit à mes côtés. Il rit et cette chanson hurle en moi comme le vent d'une tempête. Comment ai-je survécu sans cette mélodie dans mes oreilles ? Comment m'en suis-je sorti sans avoir pu réclamer sa voix au creux de la nuit sombre ? J'étire un sourire. J'aimeraisp rendre sa main mais je la laisse à son travail, sur les rênes de son animal d'or et je garde les miennes serrées doucement sur la crinière obscure de mon animal des ténèbres.

Nos chevaux ne cachent pas leur joie. Ils renâclent, tentent de se canaliser mais c'est à grand peine et je crois bien que nous-mêmes, nous sommes trop impatients pour leur demander de se tenir. J'inspire profondément l'air marin lorsqu'il arrive jusqu'à mes narines alors que la plage n'est pas encore entrée dans notre champ de vision. Ca me fait du bien d'être là. Du bien de sentir la selle sous moi, et le corps puissant sous elle.

- Tu me manques Lysandre. Vous me manquez tous.

J'ignore si mon murmure atteint les oreilles de Lysandre. Mais je constate en tout cas qu'il éveille l'ouïe de Jasper dont les oreilles se couchent vers l'arrière pour m'écouter. Je suis sûr qu'il comprend. Je suis sûr que c'est important pour lui, autant que ça l'est pour moi. Nous ne sommes pas qu'un propriétaire et son animal. Nous sommes amis, nous l'avons toujours été. J'inspire encore, prend mon équilibre, laisse l'animal sombre prendre son rythme.

Et lorsque les sabots noirs et les sabots blanc touchent le sable, le temps s'arrête enfin. Notre éternité prend enfin toute sa place et notre monde ne se résume plus qu'à ça : deux cheveux et deux garçons sur le sable, sous le ciel, devant un océan infini qui s'étend à perte de vue. Je jette un coup d'oeil à Lysandre pour m'assurer qu'il est bien ancré dans l'instant présent, je ne veux pas le surprendre et provoquer une chute. Puis nous nous élançons.

Un léger mouvement du bassin, les yeux rivés sur la ligne de l'horizon, les oreilles noires tendues vers l'avant et un corps massif qui s'éjecte brutalement dans un galop d'une violence rare. Je sens chacun de ses muscles vibrer sous mon corps frêle et malade. Je sens chacune de ses inspirations résonner dans ma propre cage thoracique et j'entends bientôt l'écho de l'allure d'un blond et d'un brun qui nous suivent à toutes jambes.

Et je hurle. Je hurle de toute la colère, toute la peine, toute la culpabilité accumulées. Je hurle la haine et la peur, et cette solitude dévorante qui a fait mon quotidien trop longtemps. Je hurle de bonheur, de cet ultime amour enfin retrouvé, celui qui ne me quittera jamais, celui qui sera réellement éternel. Je hurle et je lâche les rênes, serrant les cuisses pour tenir, et balançant mes bras de chaque côté comme pour m'envoler.

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Un instant de perfection, oui, sublimé. Quand le fil de l'eau emporte le battement des sabots. Et ce cri en écho, de ces émotions jamais avouées. Que Lysandre attentif écoute. Quelques larmes au coin des yeux, et un sourire. Dessiné. Au bord des lèvres comme l’esquisse imprimée d’un bonheur si discret. Qu’on pourrait le manquer, trop aisément alors qu’il est présent. Il est heureux Lysandre. Toujours lorsqu’il fait corps. Avec cet ami, ce frère, cette âme liée à la sienne ; toujours quand son Joshua un peu fou gravite tout autour. Alors il reste là. Là, sur son grand étalon d’or, à les observer. Là, le cœur un peu brisé, de ce spectace d’âmes déchirées. Là. Une main accrochée aux crins. Tandis qu’Onyx s’amuse encore des vagues et les confronte, d’un sabot pâle levé pour les crever. Et puis s’arrête, soudain, les oreilles dressées. Pour tourner la tête vers le grand Diable qui court toujours. Comme lui il écoute. Toutes ces choses que leurs amis ont à sortir. Puis sous le signal d’un mouvement de bassin, il se ramasse et de nouveau s’élance. Quelques gerbes d’écume soulevées le temps de rallier la plage.

Il le laisse aller. Il le laisse filer. Accélerer ou ralentir au gré de ses envies car l’Espagnol est libre. Et ils battent les traces laissées par Jasper et Joshua, au même rythme, pas plus vite, ils les rattrapent un peu plus loin. Là où la plage se stoppe et la course avec, et l’éternité aussi qui s’éclate en morceaux sur les roches grises. Onyx ralentit son galop. Instinctivement bifurque, pour s’approcher du Noir et de cet homme qu’il porte. Reprend le trot. Enfin le pas. La respiration bruyante. Il souffle.

“Ça m’avait manqué !”

Et Jasper, et Joshua, et leurs courses effrénées au son de l’eau échouée sur les bords de sable. Tu m’as manqué Joshua. Mais il ne le dit pas. Se rapproche, seulement, assez proche pour tendre les doigts et effleurer les siens. L’étalon bien calme, même à portée de mâchoire du Fou qui pourrait mordre. Est-ce qu’il le fera ? Lysandre veut croire que non car il a confiance. En son jumeau de souffrances. Qui a vu l’absence de Joshua comme une chape de plomb toujours plus lourde au fur et à mesure des jours. Des mois, même.

“Crie encore mon Joshua si tu en as besoin.”

Tous les jours de sa vie s’il le faut et Lysandre ne lui fera jamais ces promesses là. Que ça ira. Que tout s’arrangera. Que ce n’est qu’une question de temps pout apaiser les souffrances qui broient les côtes et la poitrine. Il les connaît bien après tout. Pas les mêmes bien sûr, mais lui aussi il a mal, lui aussi il vit avec les stigmates d’un passé qu’il ne peut oublier. Il faut apprendre à composer avec et puis c’est tout. Trouver ce qui fait du bien.

Peindre ses peines.
Monter à cheval.
Le chien-sourire à la maison.
Les doigts de Joshua au creux des siens.

Trouver son équilibre. Quand le balancier va un peu trop vite.
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Ca fait du bien, oui. De hurler, de lâcher prise, d'oser croire que demain sera meilleur, que peut-être j'aurais la force d'arrêter ce qui me fait du mal et d'enfin me lancer dans l'avenir à bras ouverts. Ca fait du bien de faire semblant que tout va bien et de partager cette petite éternité de bonheur avec mon Lysandre. Ca fait du bien d'être là juste ensemble, de ne plus penser aux maux de ce monde, d'imaginer que rien ne pourrait nous atteindre et encore moins le malheur et la souffrance. Je pose mes yeux bleus sur Lysandre, fou amoureux.

Ô oui fou amoureux de ce garçon, de son cheval et de son chien. Fou amoureux de leur unité, de leur bonheur à travers toutes les défaites et à travers toutes les épreuves. Ses doigts sur les miens font remonter mes yeux bleus vers ses orbes sombres. Il est là, si près de moi et pourtant bien trop loin encore. Je voudrais briser la barrière qui nous sépare mais je suis bien trop conscient d'être celui qui la pose. Alors je serre ses doigts dans les miens dans un mouvement désespéré, chassant la hanche de mon sombre compagnon pour approcher.

- Je veux encore que tu viennes m'engueuler, quand j'abandonnerais Jasper.

Je le fixe dans les yeux, suppliant. Parce qu'il n'y a que lui qui a su faire ça, me forcer, m'obliger à ouvrir les yeux sur le présent, à faire face à mes erreurs et essayer d'y remédier. Il n'y a que lui et je veux qu'il soit le seul encore longtemps, toujours. Je veux qu'il garde cette force, cette ascendance sur moi, le pouvoir de me faire avancer. Et même si cette demande implique qu'il y aura d'autres fois, j'attends désespérément qu'il réponde par l'affirmative. Parce qu'alors je serais certain que quelqu'un quelque part, pense à Jasper quand j'oublie.

Je serre un peu plus ses doigts dans les miens et j'entraîne mon obscur animal vers la droite en un léger mouvement du bassin. Lorsque les deux corps massifs se suivent pour rester au même rythme, je garde dans la mienne cette main-douceur dont le contact m'arrache un frémissement de bien-être. C'est juste ça, pour moi, chez soi : se sentir bien même quand les épreuves nous percutent et nous laissent de profondes entailles. C'est avoir un endroit où se réfugier quand la douleur devient oppressante et angoissante.

- Toi et moi mon Lysandre, on restera toujours ensemble, hein ?

Si je regardais l'encolure de Jasper depuis plusieurs secondes déjà, je relève mon regard océan vers lui et je le contemple longuement. Là encore, c'est une supplication. Tout ce que je peux désirer de lui. Tout ce que je veux en obtenir. Un mouvement vers l'avant, la détermination que nous allons accélérer, et l'animal ténébreux s'élance dans un trot léger, accompagné de son ami d'or qui se joint à la manoeuvre. Jasper lance son encolure vers le ciel comme pour inviter au jeu, et j'étouffe un rire entre mes dents, sans quitter Lysandre des yeux, sa main dans la mienne.

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Il y a sa main chaude dans celle de Joshua. Sa main douce. Qui serre. Pour donner beaucoup d’amour. Un peu de courage. Un peu de l’espoir. Dont ils ont besoin. Pour croire en l’avenir qui se profile, juste devant leurs pas. Sa main. Qui le soutient. Qui l’accompagne. Ne le lâche pas, et le retient. Le ramène. Rien qu’un peu. Vers des rivages ; ceux de la confiance, et du bonheur doucement. Comme il le peut ; il y a sa main oui, et son regard qui s‘ancre dans le sien. Avec cet amour qu’il porte. Cette assurance qu’il offre. Car il t croit. Il y croit encore. Pour deux, pour mille, et si la chute est rude encore, alors tant pis. Mais il se persuade. Que tout ira bien cette fois. Parce qu’il y a un soupçon de différent, quelque chose qui ne ressemble pas tout à fait aux fois d’avant. Un simple rien. Et beaucoup pourtant. Qui lui martèle le cœur. Depuis son retour, dans la nuit noire de peurs ; il frémit. Ses doigts enlaçant plus fort les siens, et il sourit. Encore. Avant de le faire disparaître, pour un peu plus de sérieux. Après cette requête formulée.

“Autant qu’il le faudra, tu le sais. Je ne te laisserai pas replonger.”

Ignorer le monde et se cloîtrer. Et la délaisser encore, cette grande bête noire que Lysandre a appris à comprendre après des journées de souffrance. Jamais. Il ne le laissera faire ça encore. Quitte à le traîner jusqu’aux portes du box, son Joshua, mais il ne peut plus fuir. Il l’a trop fait déjà, s’en aller. Se planquer. Tout plaquer quand ça ne va pas. Même cet être qui l’aime, et qui ne comprend pas les pourquoi de sa tristesse, de ses souffrances. De ses absences. À répétition ; et l’étalon délaissé là à croupir, il lui en veut bien sûr. Alors Lysandre ne veut plus que ça arrive. Ne peut plus. Laisser la chose arriver. Car ça n’a rien de sain, surtout pour Joshua.

Pensées. Égarées.

Qui reviennent à leur place quand il l’entend parler. Et le sourire Lysandre lui dévore les lèvres, alors il acquiesce d’un grand mouvement de tête. Toujours. Il devrait le savoir après ces mois. Qu’il s’accroche et ne lâche pas. Quand il aime quelqu’un. Quand il aime Joshua. Que le toujours, il a toujours été là. Et sa porte, ouverte, comme promis il y a de ça un moment, juste pour lui. Il sera là. Et dans une autre vie s’il y a besoin. Il sourit plus fort. Ses doigts accrochés aux siens, qui ne lâchent pas, alors que leurs chevaux d’un seul pas prennent le trot. Libérés. De leur trop plein. Des émotions souvent trop lourdes qu’ils les obligent à porter.

Toujours.

Et Onyx, joueur, vient jeter son nez vers la joue de Jasper. Hennissant comme un poulain, de sa joue et de son bonheur. Ils font naîtr son rire. Accélèrent son souffle à Lysandre, alors qu’il permet à cet éclat de sortir. Une gamme. Une mélodie. Quelques notes, envolées. Alors que côte à côte les deux étalons partent sur un petit galop. Tranquille. Par rapport à tout à l’heure, quand les sabots battaient le sol avec une violence impensée.

Et il rit. Il rit encore.
Libre.

En serrant la main, alors même qu’Onyx s’est très légèrement écarté. Les poumons un peu en vrac, et quelques larmes vagabondes, au coin de ses yeux noirs. Des larmes d’amour. De bonheur qui le gagne, qu’il partage ; ses doigts dans la crinière d’or et les autres, accrochés à ceux de Joshua. Il tourne la tête vers lui et il s’exclame.

“Toutes les plages mon Joshua !”

Jusqu’à la fin du monde. Et même au delà. Jusqu’à ce qu’ils aient tout vu. Tout vécu. Sucé entièrement la moëlle de la vie, et celle du plaisir. Découvert les rivages improbables. LE travail d’une vie, même plus que ça.

“On y arrivera, j’ai confiance. Toi et moi, toujours.”

Comme un éclat de plus. Au son tendre du vent contre leurs oreilles ; et celui des chevaux sur la plage de sable blanc.
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Il faut assumer ses conneries


Il y a ce monde qui s'étire autour de nous, cette planète qui nous avale, nous dévore, fait de nous des êtres insignifiants, tellement petits que nous pensons devoir croire en une entité plus grande pour expliquer notre propre existence. Il y a ce monde qui ne se préoccuper pas de nos malheurs, de nos bonheurs, qui se contente d'être tout simplement, sans jamais se demander ce qui grouille ainsi sur sa surface. Il y a ce monde, immensément grand, et il y a nous, mon Lysandre et nos compagnons, et tout l'amour que j'éprouve à leur égard à tous.

Je ferme les yeux lorsque les sabots des chevaux prennent un galop souple, à l'unisson, une cadence qui les laisse en totale harmonie l'un avec l'autre. Je ferme les yeux et j'inspire profondément l'air marin qui s'engouffre dans mes poumons comme une force nouvelle, encore, toujours. Et je serre un peu plus ces doigts dans les miens, ceux-là même que je n'ai aucune envie de lâcher, ceux que j'aimerais garder avec moi pour toujours, que j'aimerais n'avoir jamais besoin de libérer de mon étreinte. J'ai envie de l'embrasser, mon Lysandre, à chaque fois que sa voix s'étire en un rire.

- Toujours ...

C'est comme un murmure, mais il résonne jusqu'à ses oreilles je le sais, parce que je veux qu'il l'entende. Toujours, c'est pour nous. Toujours, c'est notre Histoire qui commence et qui n'aura pas de fin. J'inspire encore et je laisse nos partenaires guider notre progression, sans même tenir les rênes de Jasper que j'ai laissé attachés au lien de sécurité sur ma selle. Toujours, oui. Parce que personne ne pourra nous séparer, personne ne pourra interrompre les sentiments que j'éprouve pour ce garçon. Personne ne pourra altérer la sincérité dans ses yeux, le courage dans son coeur, notre force commune.

Je me laisse aller, me laisse emporter par la danse des vagues à notre droite, l'écho des sabots d'Onyx à notre gauche et les mouvements fluides de Jasper en-dessous de moi. Je me laisse guider sans plus ouvrir les yeux, enfin libre dans un monde où rien n'existe que cet amour infini qui me porte et m'entraîne vers l'avenir. Parce qu'aujourd'hui, maintenant, je le vois, mon avenir. Il est là, à mes côtés, prêt à tenir ma main aussi fort et aussi longtemps qu'il le faudra pour que je cesse de me perdre en route. Pour me maintenir à flot.

Je sens le monde autour de moi, comme si je le découvrais pour la première fois. J'entends l'assaut de l'écume sur les pieds sombres et dorés, j'entends la voix des oiseaux marins hurler partout dans le ciel comme pour en revendiquer la propriété. Et j'entends dans ma poitrine, les battements de mon coeur qui s'affole pour cette main, pour cette voix, pour ce garçon que j'aime si fort et que je ne veux plus laisser s'éloigner de moi. Pendant de longues secondes il n'y a que nous, puis les chevaux ralentissent, reprennent finalement le pas, nasaux soufflants et coeurs battants.

- Rentrons mon Lysandre ...

Je rouvre lentement les yeux en tournant ma tête vers lui, comme pour m'extirper d'une sorte de transe, d'un rêve éveillé duquel je n'aurais pas envie de sortir. Je desserre doucement mes doigts des siens mais je ne lâche pas tout de suite sa main, je veux profiter encore un peu de sa chaleur, de sa douceur, de notre réalité éternelle. Il faut rentrer, oui, mais pour mieux revenir demain, et après-demain et tous les jours qui suivront, jusqu'à ce que nous soyons ivres du sel, ivres des vagues, ivres de la mer et de son immensité qui nous dépasse.

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Sur les traces du bonheur PV Lysandre Watherlight
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