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Niché par-delà les montagnes qui décrivent la beauté de l’Angleterre, se terre un magnifique village nommé Saint-Adams par ses fondateurs du même nom, il y a de cela plusieurs siècles. L’endroit est le fleuron de la bourgeoisie et de la royauté du monde entier, surtout reconnu grâce à son pensionnat pour jeunes hommes, fondé il y a de cela quarante-et-un an par la richissime famille Adams. Il s’agit de l’établissement d’éducation le plus reconnu pour engendrer l’élite la mieux établie au monde. Les jeunes adultes des meilleures familles y apprennent tant gestion de leur patrimoine, que la bienséance ainsi que toute forme de savoirs. Particularité du village, la population est exclusivement masculine. Qui serez-vous ?... Un étudiant brillant et sérieux ou un membre de la jeunesse dorée profitant de l'argent de papa ? Un professeur bien sympathique ou au contraire sadique ? Ou peut-être, un simple villageois vivant de folles aventures ? Le choix est vaste, et il ne tient qu'à vous de franchir les grilles de ce pensionnat..more~
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 Better to never talk to strangers at night [PV Callum Vicentini]

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Dès l’instant où il franchit la porte de l’établissement, ses narines furent assaillies par un mélange de sueur et d’alcool mêlés. Joris regretta immédiatement d’avoir accepté l’invitation de son collègue à aller prendre un verre. Depuis sa prise de poste au sein du pensionnat de Saint Adams, le grand brun avait toujours veillé à instaurer une distance de sécurité entre lui et les autres, toutes catégories confondues : qu’il s’agisse de collègues ou d’élèves, Joris en disait le moins possible. Ses journées s’effectuaient toutes de la même manière : se lever, consulter le planning et s’y tenir jusqu’à la dernière heure de cours. Rien de plus simple. Le surveillant ne connaissait personne dans le village avec qui il pourrait prendre quelques verres une fois sa journée terminée et cela lui convenait très bien. C’était sans compter que l’insistance et la persévérance de l’un d’entre eux. Au début, Joris trouvait des excuses, certaines plus crédibles que les autres. Mais avec le temps, il se mit à manquer d’idées et difficile d’éviter un collègue de travail dans un espace aussi restreint que l’était l’école. A contrecœur, il accepta donc la proposition de ce dernier, espérant d’être suffisamment ennuyeux pour que l’autre ne retente plus sa chance à l’avenir. Et là-dessus, Joris savait qu’il n’avait pas à se forcer beaucoup pour l’être en présence d’autrui. Certains savaient chanter, d’autres cuisiner… Lui, il excellait dans l’art d’être rabat-joie. Ce n’était pas donné à tout le monde !

Cependant, l’odeur qui émanait du bar lui presque tourner les talons. L’endroit était incontournable et ce, pour toutes les générations qui se côtoyaient dans le village. Le pub de Saint Adams brassait vraisemblablement tous les âges, si bien que le surveillant crut même reconnaître quelques-uns des élèves les plus âgés du pensionnat. Qu’ils le remarquent ou non ne changeait rien à la situation. En dehors des murs de l’école, il n’était plus que Joris Timble, un civil comme un autre et non plus leur terrible surveillant, à l’incroyable faculté de distribuer des heures de colle plus vite que son ombre… Le grand brun se détourna rapidement de ces visages familiers pour parcourir rapidement les yeux du regard. Le pub avait le charme que l’on prêtait à ce genre d’établissement : un comptoir en bois richement décoré de logo de bières de toutes les variétés, surplombé par d’imposants tuyaux en cuivre d’où l’on servait la bière en pression. L’atmosphère se voulait cosy et chaleureuse, à l’image de l’impressionnant barman à la barbe touffue qui enchaînait les commandes. Seul le comptoir était relativement bien éclairé, le reste de l’établissement se contentait de lumières diffuses pour une ambiance plus intimiste. L’endroit parfait pour les habitués comme les nouveaux venus en somme.

« Yo Marvin ! Qu’est-ce que je vous sers à toi et ton pote ? »

La voix du barman le tira de ses pensées et Joris reporta son attention sur ce dernier. Lorsqu’il souriait, l’éclat de ses dents faisait ressortir le côté foisonnant de sa barbe. Son collègue le concerta à peine du regard avant de commander deux bières de la maison. Cela convenait très bien au brun. N’étant pas certain de remettre les pieds dans le pub en question, quand même bien il appréciait le charme des lieux, inutile qu’il s’essaye à vouloir goûter toutes les bières proposées. Cependant, s’il regretta d’avoir suivi son collègue, il y a une chose que le surveillant regretta encore plus : ne pas s’être assuré que ledit collègue tenait l’alcool. A la différence du brun qui sirotait tranquillement sa bière, son collègue vidait la sienne un peu trop rapidement, avant de se mettre à déblatérer des âneries. Au grand damne de Joris. Heureusement, le ciel ne fut pas trop cruel avec lui ce soir-là puisque son collègue ne tarda pas à s’endormir sur le comptoir. Littéralement. Un grand moment de solitude s’ensuivit alors et Joris songea plus d’une fois à régler sa consommation avant de tourner les talons. Sauf que son collègue semblait être un bon ami du barman, lequel gardait un œil sur eux. Le surveillant n’avait plus d’autres choix que celui de patienter suffisamment longtemps en espérant que son collègue se réveille de lui-même. Le cas échéant, il serait bon pour lui appeler un taxi et très probablement pour régler la course au passage. Pourquoi avait-il accepté l’invitation déjà ? Ah oui, « pour renforcer les liens entre collègues »…

« Hé le beau brun ténébreux, j’te paye un verre ? »

Son regard s’arracha à la contemplation de verre presque vide pour se poser sur un visage inconnu. A en juger par le sourire goguenard de l’homme, ce dernier n’en était pas à son premier verre.

« Non merci. On allait rentrer. » répondit-il avec un sourire poli en désignant du pouce son collègue avant de sortir son portefeuille pour régler leurs consommations.

« Oh allez quoi ! Juste un verre ! »

Une main insistante s’était refermée sur son avant-bras et lorsque Joris planta de nouveau ses yeux dans ceux de l’inconnu, son regard se fit bien moins chaleureux. Le surveillant dégagea son bras d’un mouvement brusque avant de saisir l’autre par le col, rapprochant sensiblement leurs visages, histoire que l’ivrogne ne rate aucun de ses mots.

« Et si tu allais dessaouler ailleurs ? Je ne me répéterai pas deux fois. »

Se disant, il repoussa l’homme avant de tendre un billet au barman. Quand bien même l’autre abandonna la partie pour s’éloigner, ses oreilles captèrent des termes de moins en moins élogieux à son encontre. Au milieu du tumulte du pub, l’incident passa inaperçu. Dans un sourire crispé, Joris aida son collègue à quitter les lieux, non sans l’avoir gentiment secoué pour le réveiller. Le temps que ce dernier émerge, ils se trouvaient dehors et le brun appelait l’unique compagnie de taxis de tout le village. Ses mésaventures avec Zachariah lui avaient donné envie de se renseigner à ce sujet et il avait bientôt enregistré le numéro dans son téléphone portable. Heureusement pour lui, un taxi ne tarda pas à se présenter devant l’établissement. Avec une grimace, Joris régla la course d’avance puisqu’il connaissait l’adresse exacte où déposer le passage bien imbibé. Les phares du véhicule captivèrent un instant son regard avant de complètement disparaître au coin d’une rue et il soupira longuement. Cette soirée lui avait donné envie de rentrer à pied, autant pour s’aérer l’esprit que pour chasser les odeurs imprégnant sa veste. Alors qu’il allait se mettre en route, une voix familière l’interpella :

« Oh si ce n’est pas la Sainte Nitouche ! »

Sur l’instant, il ne comprit pas d’où cette voix résonnait de manière familière à ses oreilles. Mais lorsqu’il tourna la tête pour poser les yeux sur le visage de l’homme, Joris le reconnut immédiatement. L’ivrogne insistait. Et il était accompagné cette fois.

« Alors on s’est fait largué hein ? Tu vas venir t’amuser avec nous maintenant ?

« Même dans le noir ça marcherait pas. »

« Espèce de… ! »

La seconde qui précéda le coup, Joris vit très clairement la colère déformer les traits de son interlocuteur. Ce dernier tenta une droite que le surveillant esquiva avant de lui rendre le coup. Celui-ci atteignit sa cible, faisant rouler l’autre dans la poussière. La satisfaction fut de courte durée : un autre de ses assaillants passa dans son dos et passant ses bras en dessous de ceux du brun, le bloqua de toute possibilité d’esquive ou de contre-attaque. Le brun avait beau être grand, dans cette position, impossible pour lui de se dégager. L’homme qu’il espérait avoir envoyé au tapis se redressait déjà, un sourire mauvais étirant ses lèvres.

« T’aurais pas dû faire ça mec… »

D’un doigt, il souleva le haut de Joris et entreprit de le relever, doucement. L’air frais sur son torse fit frissonner le surveillant qui serra les dents. Avec dégoût, il perçut l’érection de l’autre homme dans son dos.

« On va t’apprendre qui est au-dessus… »

La main libre de l’homme se rapprochait dangereusement de son entrejambe. Ce fut assez pour Joris. Son pied trouva de lui-même le chemin jusqu’à celle de son agresseur, qui eut le souffle coupé sous l’impact. Son visage devint rouge et le surveillant crut qu’il allait s’étouffer sur place. Cependant, il ne s’attarda pas sur ce détail et envoya valdinguer l’homme d’un second coup de pied. Il entendit très nettement un hoquet de surprise tout contre son oreille et la prise autour de ses bras se resserra.

« Enfoiré ! »

Un éclat lumineux dans la nuit. Le sourire du barman, presque camouflé par sa barbe lui revint en mémoire. Sauf que ce n’était pas un collier de dents dirigé vers lui que tenait son troisième agresseur entre ses doigts aux jointures blanchies. Joris le regretta presque. C’était définitivement une soirée de merde…
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Joris Timble & Callum Vicentini1441mots
BETTER TO NEVER TALK TO STRANGERS AT NIGHT
Dès qu'il quittait le sol de l'église, qu'il se trouvait à courir seul afin de rentrer chez lui dans les haut plateaux de la ville, au abords de la forêt ses démons rappliquaient comme des chiens délaissés impatients de voir leur maître après une bien trop longue journée sans lui.. Mais à l'inverse des chiens que Callum se serait fait une joie de rejoindre, les démons lui donnait envie de fuir le plus loin possible sauf qu'il lui était impossible de les fuir vraiment. Ils se nourrissaient déjà de son âme, accrochés à lui comme des sangsues tenant à la force de leur centaines de crocs...Il ne pouvait pas  chasser ou oublier ses souvenirs et quand bien l'aurait-il pu.. rien ne garantissait que Callum en aurait pris la décision...C'était sa punition, son fardeau, s'en débarrasser n'avait dans le fond aucun sens... mais il n'en pouvait déjà plus... Le visage de Juliann le tourmentait beaucoup trop, son dernier sourire, son dernier regard avant que la balle ne fiche parfaitement entre ses grand yeux sombre... Le cri de sa mère résonnait inlassablement dans les oreilles de l'ex mafieux ne lui laissant , lui aussi aucun repos...S'ajoutait à ça, l'odeur du brasier dévorant son immeuble, sa maison.. son foyer où gisait les corps sans vie de sa famille, de sa meute.. de son tout petit..Callum ne tenait pas le rythme de ses cauchemars, de ses pensées.. il devenait fou et ne pouvait pas laisser faire ça .. Vivre il devait vivre le plus longtemps possible et pas se suicider en route par lâcheté … Alors plutôt que de simplement rentrer dans sa grande maison vide, plutôt que de passer sa soirée seul dans le noir à pleurer comme l'être en pièce qu'il était désormais, plutôt que de se laisser tourmenter sans trop rien faire...l'ex mafieux prenait une bonne douche , enfilait soit une tenue de sport et partait courir jusque pas d'heure pour se vider un maximum la tête soit comme ce soir là, il enfilait un de ses nombreux pantalons de cuir, ses lourdes boots aux pièces métalliques, un débardeur noir dévoilant ses muscles, son immense tatouage et son blouson de cuir afin d'aller passer la soirée à boire au pub dans le but de ne plus pouvoir penser à quoi que ce soit si ce n'était rentrer dormir d'un sommeil silencieux .

Il commandait une bouteille de whiskey et se mettait dans un des coins les plus sombres de la salle, reculé et parfaitement oublié.. Les premières fois certains avaient tenter leur chances pour l'approcher, l'apprivoiser, en faire l'un des leurs, mais Callum ne se laissait pas faire aussi facilement. Les gens, ça n'avait jamais été son point fort et ne le serait certainement jamais d'ailleurs.. A cause de son gabarit plus que hors normes, même par ici, dans cette ville peuplée d'homme, ils avaient bien vite lâché l'affaire, sans ne serait-ce qu'en apprendre une once sur lui et tout comme le coin sombre, on l'évitait et ça lui allait fort bien...Ce soir là, le colosse avait terminé la moitié de bouteille qu'il lui restait de son précédent passage, plus vite que prévu et n'étant clairement pas saoul, avait bien du se résoudre à bouger le cul de sa chaise pour aller commander au bar et repérer une silhouette imprimée dans sa mémoire car plaisante... Un corps bien battit , fin et élégant. Une allure sobre bien qu’acéré et un regard d'acier assassin... Il ne mit pas longtemps à se remettre le prénom du type « Joris ».

Mais l'ex Mafieux n'était pas la pour faire la causette d'autant plus que le beau brun semblait accompagné..enfin ça c'était vite dit car l'autre semblait déjà ivre mort sur le comptoir. Tout en attendant son tour d'être servis le saint-marinais fut témoin d'une scène qui ne put que le faire sourire et tendre l'oreille.. « une véritable lame ». Il échangea un regard entendu avec le barman qui lui tendit une autre bouteille et s’éclipsa aussi discrètement qu'il était apparu au bar pour s'enfiler quelques autres verres.. La soirée était toute tracée, du moins c'était l'idée , le plan de base... jusqu'à ce que Joris sorte son compagnon du bar et qu'il fut suivit par des joyeux lurons un peu trop bourré et … beaucoup moins joyeux qu'ils n'auraient du. Leur comportement ressemblait à celui de chiens en chaleur et si ils avaient été moins nombreux, Callum serait resté à sa place à boire ses verres tranquillement mais la petite petite petite voix de sa conscience hurlait dans son crâne « TU ne vas quand même pas laisser faire ça ?! TU LE CONNAIS ! »... Callum n'écoutait pas souvent cette petite voix à vrai dire, sans doute aurait-il du le faire plus, elle était bonne cette petite voix, nettement plus bonne que lui. S'enfilant un verre cul sec il soupira.. Non... il n'allait pas laisser faire ça .. d'autant que son humeur venait de changer. Agacé et ennuyé... il voulait se défouler un peu et quoi de mieux qu'une bagarre offerte sur un plateau d'argent ?  Il ramena la bouteille au barman en lui disant de la garder au chaud pour lui et sorti du bar en jetant son blouson par dessus son épaule, il inspecta la rue de gauche à droite avant de voir le groupe aux abords de la ruelle perpendiculaire. Joris semblait plutôt bien s'en sortir au final  mais Callum repéra deux ivrognes de plus qui approchaient et … une arme blanche briller ? … Il se rapprocha à vive allure lâchant son blouson au sol il tira l'homme, avec un effet de surprise décisif, qui tenait Joris et se glissa dans le dos du surveillant pour ne pas qu'il chute lui aussi, le baignant ainsi de son parfum si caractéristique à l'odeur de cèdre et de cannelle avant de le tirer d'un coup sec en arrière pour l'éloigner du couteau et allonger en un coup de pied tout aussi sec une jambe suffisamment longue et puissante pour atteindre le poignet de l'assaillant et le faire lâcher l'arme sous la douleur et la surprise.

_Je suis pas anglais mais il me semble bien avoir entendu ce Monsieur vous dire clairement « Non » toute à l'heure.

Avant même que l'homme au couteau n'amorça une descente pour le récupérer Callum ,pour qui  la baston n'avait plus vraiment de secret, parcouru les quelques pas qui les séparait pour lui mettre un coup sans la moindre once de retenue en plein dans l'estomac le faisant vomir et s'écrouler au sol, plié de douleur.

_Derrière Joris.

Les deux autres collègues de l'ivrogne insatisfait avait tôt fait de les rejoindre, prêt à en découdre même si la vue des deux géants , d'aussi prêt leur faisait regretter leur choix.

_MAIS QU'EST CE QUE T''ES TOI?! T'ES QUI ?!

Callum haussa les épaules et fit craquer sa nuque en se tournant vers l'insatisfait qui avait ramassé le couteau et le brandissait à son tour.

_Mais posez moi ce cure dent enfin ! C'est trop dangereux pour vous vous allez vous faire mal !

Le colosse ne se préoccupait pas de Joris , chacun avait assez à faire avec ses propres adversaires et se disant qu'il ne ferait pas plus attention à lui , Callum se laissa aller à ses instinct les plus naturel, il laissa la mémoire de ses muscles faire le travail pour lui, évitant la plus part des coups, sacrifiant certaine de ses zone, comme son dos quand le troisième lui donna un coup de planche qui le fit tout de même souffrir et grogner en conséquence alors qu'il tentait de maîtriser celui au couteau qui paraissait le plus dangereux car bien capable de les planter pour de vrai, ce qu'il fit presque en tailladant le flan de l'ex mafieux qui sentit le sang mouillé son haut..

_Merda ! IRA DE PUTA !

De rage, l'ex mafieux fondit sur lui comme un animal dangereux , lui attrapa le poignet en lui faisant un croche pied et lui tordit le bras au point de le lui déboîter dans un craquement sonore.

_Je t'avais bien dis que tu te ferais mal avec ça

Le lâchant presque directement, il se releva pour soulever son t-shirt et regarder l'entaille, rien de bien grave mais il n'aimait pas pour autant se faire poignarder.. Il reprenait un peu son souffle en regardant Joris se débrouillé de son coté..Quand un autre coup de planche le fit s'adosser à un mur en se tenant la tête.. On était loin très loin de sa soirée idéal... reprenant un peu ses esprits, le colosse s'avança à nouveau dans la mêlée avec la ferme intention d'y mettre fin rapidement.

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Tel un fugace éclair lumineux, la lame capta la pâle lueur de la lune pour la refléter en une fraction de secondes. L’éclat lui rappela le sourire du barman, entraperçu quelques dizaines de minutes plus tôt. Qu’était-il venu faire dans ce village perdu ? Sur le moment, l’idée de venir poursuivre son enquête jusqu’à Saint Adams lui avait paru bonne. Retrouver son père, espérer mettre les choses au clair avec lui, comprendre ce qui lui avait valu ce vide pendant toutes ces années. A présent, son idée semblait avoir perdu de son intérêt. Peut-être bien que ce détective privé lui mentait depuis le début en fin de comptes, jouant sur la crédulité excessive d’un être désespéré comme lui. N’était-ce pas le désespoir qui l’animait en définitive ? Pour quelle autre motivation se serait-il volontairement installé dans un village peuplé d’hommes sinon ? Joris avait beau retourner le problème dans tous les sens, il se trouvait stupide. La lame qui s’agitait devant lui ne tarderait pas à frapper. Mourir poignardé dans un tel endroit le déprimait plus que la perspective de la mort elle-même. Après tout, il pensait l’avoir déjà appréhendée par le passé. Comme cette fois-là où Zachariah l’avait sorti de ce bâtiment en proie aux flammes. Les pensées éparses et floues qui l’avaient assailli à ce moment allaient-elles de nouveau ressurgir pour s’imposer à lui ? Est-ce que les souvenirs de sa vie allaient défiler devant ses yeux comme on tend à le prétendre pour rassurer les plus anxieux ? En son for intérieur, le surveillant espérait que les choses iraient vite. Seulement, à en juger par le degré d’ébriété de ses agresseurs, le type en question risquait de devoir s’y prendre à plusieurs fois, ce qui n’était pas vraiment pour lui plaire.

Soudain, il sentit qu’on le tirait en arrière. Pensant qu’il s’agissait-là d’une manœuvre de l’homme qui lui bloquait les bras, son premier réflexe fut de vouloir résister en cherchant à aller de l’avant, quitte à s’empaler lui-même sur la lame qu’on lui présentait. A choisir, Joris préférait la mort à l’humiliation. S’il finissait par terre, ce serait terminé. Il eut beau résister, en vain. Une force surhumaine l’entraînait en arrière et il pesta entre ses dents serrées. Toutefois, l’odeur qui l’enveloppa sema le doute dans son esprit. Il l’avait déjà sentie quelque part mais où ? Du coin de l’œil, le surveillant vit son agresseur être projeté au sol. Si ce n’était pas ce dernier qui le tirait en arrière jusqu’à présent alors qui ? Son déséquilibre fut brusquement stoppé par un bras puissant et alors même qu’il devait relever la tête pour découvrir le visage de son potentiel sauveur, Joris sut à qui il avait affaire. Certes, il n’était pas dans le village depuis très longtemps mais jusqu’alors il avait croisé peu de personnes le dépassant d’au moins deux têtes. Interdit, le surveillant reconnut Marcus. Une foule de questions se bouscula dans sa tête : qu’est-ce que le prêtre faisait ici ? Comment avait-il su ? Pourquoi l’aidait-il ? Sur ce dernier point, il avait déjà un élément de réponse. Un prêtre aidait toujours son prochain, non ? Joris n’eut que le temps d’ouvrir la bouche avant de se voir tirer un peu plus en arrière tandis que son sauveur présumé s’interposait entre lui et la lame mortelle. Enfin, pour un prêtre il n’y allait pas de main-forte tout de même…

« Derrière Joris. »

Les mots firent naître une décharge électrique dans son corps, pareille à l’adrénaline. Le surveillant pivota sur lui-même, dos à Marcus pour faire face aux deux nouveaux venus. Toute la meute avait décidé de rappliquer ou quoi ? Malheureusement pour eux, les proies semblaient plus que coriaces et prêtes à en découdre. L’allusion au cure-dent lui arracha un sourire mauvais, lequel fit presque hésiter ses adversaires. Sans se préoccuper du prêtre, Joris inspira longuement avant que le premier des deux hommes ne se jette sur lui. Par chance, ces derniers ne semblaient pas armés, contrairement à ceux auxquels faisait face Marcus. Le grand brun para facilement avant de décocher une droite pour envoyer l’autre au sol. S’il n’avait bu qu’une bière pour sa part, cela ne paraissait pas être le cas pour ses adversaires, rendant ces derniers moins dangereux que prévus. A l’exception de celui qui tenait toujours le couteau. Le juron le fit sursauter et Joris tourna malgré lui la tête en direction du prêtre, ce qui lui valut un coup de poing dans la figure. Le surveillant riposta aussitôt d’un coup derrière la nuque. Seul restait l’homme qui l’avait immobilisé plus tôt. De toute la bande, c’était très certainement le plus grand et le plus costaud de tous. Ce dernier lui fit face, menaçant et Joris se remit en position, prêt à encaisser le premier assaut. Les secondes se suspendirent quelques instants, chacun des deux adversaires testant l’autre, comme pour mieux deviner quel serait le prochain angle d’attaque.

Mais contre toute attente, une lueur de crainte naquit dans le regard de son adversaire, lequel recula. D’un pas, puis deux avant de finalement faire demi-tour pour quitter les lieux, abandonnant ses compagnons d’infortune à terre, dont certains gisaient sur le bitume, inconscients. D’abord stupéfait de ce revirement de situation, Joris ne tarda pas à s’enorgueillir d’avoir ainsi fait fuir son adversaire. C’était sans réaliser l’approche déterminée de Marcus dans son dos. Ce dernier dégageait une aura tellement assassine en allant à leur rencontre, que le dernier de leur assaillant encore en état de se battre avait préféré abandonner la partie. Ce fut lorsqu’il sentit la présence imposante de Marcus dans son dos, que le surveillant comprit ce qui avait fait fuir son agresseur. Si sa fierté en prit un coup certain sur le moment, il l’oublia instantanément quand il vit la tache de sang s’élargir à vue d’œil sur le haut du prêtre. Son regard chercha instinctivement le couteau qui traînait un peu plus loin et la teinte écarlate qui en ornait l’extrémité confirma ses craintes. La satisfaction et le soulagement mêlés d’être parvenus à mettre leurs agresseurs en déroute cédèrent la place à l’inquiétude. Certes, le prêtre tenait encore debout mais à ce stade, il ignorait tout du degré de sévérité de la blessure.

« Vous êtes blessé… »

Lui-même portait des traces de leur bagarre passée et Joris n’en prit conscience que bien plus tard, quand il sentit quelque chose de chaud couler de son nez. Pour l’heure, un nez cassé était le cadet de ses soucis.

« Je vais appeler une ambulance, ne bougez pas. »

Et les flics tant qu’à faire. Que le genre d’énergumènes gisant au sol autour d’eux ne restent pas en liberté. Avant même d’écouter la réponse de son interlocuteur, Joris plongeait une main dans l’une des poches arrières de son jeans pour y dénicher le précieux petit appareil. Dire que s’il se surprenait à consulter l’historique de ses appels passés au cours de cette soirée qui promettait d’être mémorable, il pourrait voir avoir contacté une compagnie de taxis et le SAMU en un laps de temps très court. Peut-être que cela le ferait sourire une fois la tension retombée.
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Joris Timble & Callum Vicentini785mots
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Callum souffrait et comme tout être humain qui a mal, il était plus qu'énervé; une fois débarrasser de ses propres adversaires il comptait bien en découdre avec ceux de Joris et mettre un terme à la baston une fois pour toute. Il se lança comme un véritable boulet de canon, raz de marrée de puissance et de colère vers le dernier ivrogne encore debout qui eu un meilleur instinct de survie que Callum n'aurait osé lui prêter. Il détalla à une vitesse folle, s'éloignant dans la nuit noire alors que l'ex mafieux ralentissait le pas et soufflait pour laisser s'échapper la pression de son corps, juste derrière Joris..

_Fiuuu... il y'a trop de testostérones dans cette ville, si vous voulez mon avis.. beaucoup trop.

Il sourit et posa son regard sur Joris dont il ne compris l'inquiétude qu'en l'écoutant parler..Il se toucha le ventre et appuya un peu sur la plaie, elle ne faisait pas si mal, presque moins que le coup de planche sur le crane et son dos. Il aurait de sacré hématomes à n'en pas douté . Il souleva son haut à nouveau et observa un court instant la plaie ruisselante.

_Ce n'est qu'une grosse égratignure, je la sens à peine... Pas besoin d'appeler une ambulance enfin laissez moi voir pour vous..

D'une main bien plus douce que les coups qu'il avait porté aux ivrognes, autant dans le geste que dans la texture, il attrapa le menton du brun à la peau pâle pour le faire doucement redresser la tête et le regarder dans les yeux, avec ce regard rassurant et érudit qu'on les médecins envers leur patients.

_Ne bougez pas. Ça ne fera pas mal.

Un peu tout de même mais rien d'insurmontable, quand il fut certain que Joris ne broncherait pas il lâcha son menton après une légère caresse du pouce et vint examiner son nez avec expertise et légèreté, palpant la racine, glissant les doigts sur les os pour vérifier qu'aucun n'était dévié ou cassé, cherchant la moindre irrégularité sous ses doigts..Le nez de Joris n'avait pas gonflé comme une patate et il ne trouvait rien d’anomale hormis le sang. Il pressa un peu plus pour être sur que tout soit en place et lui offrit un sourire en coin.

_Plutôt solide votre nez. Ce n'est pas cassé mais vous allez saigner un petit moment c'était un mauvais coup que vous vous êtes pris. Gardez la tête penchée en avant, il faut que ça sorte. Il l'inspecta vite fait du regard, son crane surtout et ses lèvres.. Pas la peine pour l'ambulance.

Il appuya à nouveau sur sa plaie pour stopper le saignement et mieux y voir ensuite, il regarda longuement Joris.. puis un grognement de douleur lui parvint de derrière et il se détourna du bel homme ensanglanté pour voir celui de qui il avait déboité le bras tenter de se relever sans se faire trop mal.

_Vous.. êtes fou..;des monstres.

_On ne gagne pas à tous les coups. Ça vous apprendra à vous en prendre à un homme seul et avec une arme en plus ..

Callum pouvait aisément lui remettre son bras mais il n'en avait pas envie. Il soupira et se pencha pour ramasser son blouson de cuir et se couvrir avec, cachant son tatouage ,certaine cicatrices comme celle qui le barrait le torse et qui dépassée de son débardeur puis le froid s'insinuait dans ses veines, il n'était pas habitué à ce genre de climat , l’adrénaline s'estompant n'aidait pas non plus.  Il se doutait que Joris voulait appeler la police mais comment lui dire que lui ne voulait pas avoir à faire à eux.. encore une fois ? ...Il les avait déjà vu lorsque le jeune couple s'était fait agressé sous ses yeux ..et là il était à nouveau témoin d'une agression .. il n'avait pas la gueule de l'emploi et si il accumulait encore les coïncidences, les esprits les plus perspicaces se poseraient des questions. Mais ne pas vouloir appeler la police pour ça n'était pas « normal »..Il soupira en se passant la main libre sur le visage...surtout qu'il n'y était pas vraiment allé de main morte...Il commençait à avoir mal au crane, l'alcool et les coups ça ne faisait pas tout a fait un bon mariage..

_N'appelez pas la... police... on le fera.. plus..

Callum haussa un sourcils et regarda l'homme tenant toujours son bras.

_C'est vrai quoi. .. hein; on est quitte. Vous nous avez plus amoché....

Pour sûr c'était vrai..ils faisaient pâle figure contrairement à Joris et Cal qui tenait debout bien que tâchés de sang.. Il regarda son compagnon d'infortune le laissant décider.

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Le commentaire de son sauveur se voulait léger, comme le ton de sa voix. En d’autres circonstances, Joris aurait pu en sourire, peut-être même en rire. Mais la vue de la blessure par arme blanche sur le ventre de Marcus dissuada tout sentiment d’hilarité d’émerger chez le surveillant. Dommage pour lui car il aurait pu y voir une opportunité d’interroger davantage le prêtre pour connaître les raisons de sa venue dans une telle ville. Personne ne venait ici par hasard. Et prétendre s’être trompé au dernier croisement routier ne fonctionnait pas plus auprès des habitants. Mentalement, Joris se fit la réflexion qu’il fréquentait un peu trop le milieu hospitalier depuis son arrivée à Saint Adams. Ce fut ce qui lui traversa l’esprit au moment où l’extrémité de ses doigts touchait l’un des coins arrondis de son téléphone portable. Ceux-ci allaient pour se saisir du petit appareil quand la voix de Marcus retentit de nouveau. « Rien qu’une grosse égratignure » ? Et puis quoi encore ? Le brun avait jeté un regard en biais pour s’en assurer par lui-même et en effet, la plaie n’était pas belle à voir. Peu importe que son sauveur soit une véritable armoire à glace arborant des cicatrices plus impressionnantes les unes que les autres. Comme tout être humain lambda, il allait devoir être recousu. Et cela par des personnes compétentes qui en faisaient leur vocation. Non, ce ne furent pas les propos de Marcus qui l’arrêtèrent dans son entreprise. Sans qu’il s’y attende, Joris sentit une légère pression sur son menton et il se vit relever la tête malgré lui. Pris de court, le surveillant rencontra les yeux de son sauveur. Ce regard… Il l’avait déjà vu chez d’autres personnes, notamment le personnel soignant de l’hôpital.

« Ça ira, je n’ai pas besoin de- »

A cet instant, le grand brun réalisa que son attitude n’était pas si différente de celle du prêtre, alors même qu’il lui reprochait mentalement de ne pas accepter de se faire ausculter. Joris soupira. Dans cette situation, il n’avait plus qu’à montrer l’exemple en se laissant faire. N’était-ce pas également ce qu’on attendait de lui au sein du pensionnat ? Surveiller et réprimander si nécessaire mais surtout respecter les règles en place pour inciter les élèves à en faire autant. Mal à l’aide de se voir dévisager de la sorte, le surveillant détourna les yeux, acquiesçant d’un hochement de tête à peine perceptible lorsque Marcus lui intima de ne pas bouger. Son nez n’était pas douloureux, il doutait qu’il soit cassé mais puisque son interlocuteur insistait… Quand bien même il se répétait inlassablement que ce contact n’avait rien d’ambigu, ce fut différent sans qu’il ne sache réellement comment l’expliquer. Ce fut la pression plus appuyée sur la fin qui lui arracha une grimace. Joris reporta de nouveau son attention sur le prêtre, le foudroyant du regard.

« Evidemment qu’il n’est pas cassé sinon je l’aurai senti. »

Toutefois, il nota le conseil de son interlocuteur. Pour sa part, il aurait plutôt fait l’inverse, à savoir, maintenir la tête en arrière pour arrêter le saignement au lieu de l’encourager en gardant la tête penchée en avant. Cependant, Marcus avait l’air de savoir ce qu’il faisait, aussi le surveillant l’écouta sans rechigner. Une voix plaintive vint interrompre leur échange. Tous deux se retournèrent en direction de l’homme au couteau qui tentait de se relever à l’aide d’un seul bras. A en juger par l’angle étrange que formait le second, Joris comprit immédiatement l’origine du sinistre craquement qu’il avait entendu plus tôt dans la mêlée. Appeler une ambulance lui paraissait soudain plus que nécessaire, compte tenu des dégâts infligés à leurs adversaires autant que les leurs. Ignorant les refus répétés du prêtre à ce sujet, le surveillant tira prestement son téléphone portable hors de la poche arrière de son jeans pour composer les deux chiffres composant le numéro dédié au service d’urgence médicale. Son geste suscita une vive inquiétude chez l’homme à terre qui les interpella à nouveau, faisant arquer un sourcil à Joris. Supplier serait plus exact. L’autre était en train de supplier de ne pas appeler la police ? Parce qu’ils étaient « quittes » ? Il était sérieux là ? Harcèlement sexuel, tentative de viol aggravée avec violences physiques et il faudrait qu’ils en restent là ? Conscient que l’homme ignorait la raison première de son appel, le surveillant le toisa pendant de longues secondes, savourant la crainte chez son agresseur. Devait-il lui dire qu’il comptait appeler une ambulance dans l’immédiat ?

Son regard passa alors de l’homme à terre à Marcus qui le dévisagea en retour, lui faisant ainsi comprendre que la décision lui appartenait. Après tout, il avait été la première personne agressée dans l’histoire, quoi de plus normal qu’il décide ou non de porter plainte. Se savoir en position de force était plus qu’agréable. Voir ces voyous arrêtés encore plus. Cependant, il leur faudrait à tous les deux remplir une déclaration sur l’honneur puis dresser le compte rendu de cette soirée pour le moins mouvementée. A tous les coups, ils en auraient pour de très longues heures, voire une bonne partie de la nuit pour ce qu’il en restait à justifier qu’ils étaient bien les victimes dans l’histoire car cela risquait d’être difficile à croire en voyant l’état de leurs prétendus agresseurs. Sans parler du check-up médical qui s’en suivrait, au moins pour Marcus même si ce dernier refusait d’admettre la gravité de sa blessure. En clair, c’était chiant. S’il se retrouvait mêlé à une histoire sordide de bagarre à quelques mètres seulement du pub le plus connu du village, Joris craignait des retombées. Les nouvelles allaient vite, trop vite. Les élèves ne s’en priveraient pas et cela risquait même de remonter jusqu’aux oreilles de la direction du pensionnat. Non pas qu’il tienne tant que cela à son travail mais il avait encore des choses à régler à Saint Adams. Il ne pouvait pas se permettre de perdre son travail maintenant. Il aurait tout le loisir de déposer sa démission dans les mois à venir. Dans un énième soupir, Joris ferma les yeux et effaça les deux chiffres avant de ranger son téléphone portable.

« J’ose espérer que ça vous servira de leçon. Quant à vous, je vous raccompagne jusqu’au presbytère, c’est à deux pas d’ici. Peut-être que Zachariah arrivera à vous faire entendre raison. » lâcha-t-il à l’intention du prêtre, sous entendant par-là que ce dernier ferait mieux de se rendre à l’hôpital pour y être soigné.
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Callum haussa les épaules à la remarque de Joris sur son nez, ce qui le fit grimacer , le coup de planche l'avait bien amoché, il espérait juste qu'elle n'avait pas de clous qui ai pu le blesser dans son dos, il transpirait alors il se trouvait bien incapable de savoir l'état de son dos sans pouvoir y jeter un regard, ce qu'il ferait assurément une fois chez lui, après une douche bien méritée dont il rêvait déjà. Il était bien placé pour savoir que non on ne sentait pas toujours les fractures, et ce même sur des os plus gros.. lui pouvait traîner facilement quinze jour avec quelque chose de cassé avant de se décider à aller aux urgences faire vérifier ..que ce soit les côtes ou son sacrum, il n'avait pas sentis une douleur assez vive pour s'en inquiéter alors que c'était pourtant cassé..La sensibilité de Callum laissait parfois à désirer, mais il ne sentait pas exceptionnel à ce niveau, beaucoup d'autres se trouvaient dans son cas alors par acquis de conscience, par réflexe de médecin il préférait vérifier . Surtout quand ce nez appartenait à un homme aussi beau que Joris, autant être certain qu'il ne garderait pas de séquelles visibles à cause de soins insuffisants. Un nez c'était tout de même en plein milieu d'un visage. On ne remarquait que ça parfois.

Par la suite il se surpris à bénir l'ivrogne au couteau pour ainsi le sauver de la situation déplaisante dans laquelle il se trouvait à l'insu de tous ceux présents dans la ruelle.. ça l'arrangeait beaucoup de ne pas avoir à faire à la police ou les ambulanciers. Il pressait toujours sa plaie dont le saignement s'était déjà un peu calmer, après une mûre réflexion, peut être aurait-il besoin de plus qu'un pansement et du désinfectant.. mais quoi qu'il lui fallut pour ça , il était tout à fait capable de s'en occuper seul. Il tenait debout et avait tout ce qu'il fallait chez lui. Ses vieilles habitudes de mafieux et de médecins, le poussait toujours à avoir de quoi s'occuper de la plus part des « petits » bobos à la maison , un stock de compresses et de gazes conséquents, des antibiotiques, des antalgiques, de quoi recoudre, extirper, maintenir en place... et tout un tas de choses. Il n'avait pas peur de se recoudre seul, il excellait même dans ce domaine et la plaie était si bien placée en soit, qu'il l'atteindrait sans le moindre effort , en somme s'en occuper était un vrai jeu d'enfant et ce malgré l'alcool qui coulait dans ses veines en cette soirée agitée. Se résignant afin de ne pas paraître étrange (enfin plus qu'il ne pouvait déjà l'être ) aux yeux de Joris, il le laissa seul décisionnaire de la suite . Après tout celui qui s'était fait agresser en premier lieux c'était le beau brun et non lui, et Dieu seul savait comment il se sentait vis à vis de ça, à quel hauteur était porté son préjudice moral. L'agression avait paru à Callum , d'ordre sexuel avant toute chose et ce n'était pas rien. Que l'on soit gay ou pas. A cette simple pensée, l'humeur du titan de chaire redevint assassine.. il ne supportait pas les agressions sexuelles, pire que des meurtres pour lui parce qu'on subissait tout le reste de sa vie, la douleur de ces plaies qui ne se refermaient jamais et bien qu'il ne connaissait pas Joris outre mesure, il ne pouvait pas pardonner de telles choses.. il toisa l'ivrogne au bras déboîté avec une haine palpable .. l'homme en frémit sur le coup et eu un certain mouvement de recul avant de reporter son attention sur Joris qu'il eu le culot de supplier encore..L'italien ,lui, serrait les dents, rendant sa mâchoire encore plus saillante qu'elle ne pouvait l'être et il se détourna d'eux pour regarder la route et faire le vide dans son crane...Il se concentra sur la douleur de sa tête, de son dos et de sa plaie au ventre toujours sous ses doigts...Il sursauta quand Joris lui parla et le regarda sans comprendre un court instant avant de rire un peu.

_Pas la peine de déranger Père Zachariah... Je ne vis pas au presbytère de toute façon.

Il semblait faire un aveux sans pour autant en comprendre la cause et se tourna à nouveau vers Joris, le regard plongeant automatiquement dans le siens. Il était convaincant et pour cause, c'était bel et bien la vérité.

_ Je vais vous raccompagner au cas où, je rentrerais chez moi une fois que vous serez bien en sécurité . Vous n'avez mal nulle part d'autre ? Comment vous vous sentez ?

L'inquiétude transparaissait un peu dans sa voix, il inclina même un peu la tête sans le lâcher des yeux et fouilla un dans l'une de ses poches pour en sortir un paquet de mouchoir dont il tendit le contenu à son compagnon d'infortune, ignorant l'ivrogne qui avait eu la décence de se faire tout petit après les dires de Joris .

_Pour essuyer le sang, vous faites presque peur à voir.  Bon c'est par où ?

Sa main n'avait toujours pas quitter son abdomen . L'air frai lui faisait du bien et lui rendait les idées plus clair.. Il regarda son ventre sans soulever le haut et se dit qu'il était bon pour au moins dix points de sutures.

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Sa décision était prise : il raccompagnerait Marcus jusqu’au presbytère, même si des deux, le prêtre était très certainement celui qui risquait le moins de se faire agresser sur le chemin du retour. Et pour cause ! La carrure de l’homme de foi pouvait en dissuader plus d’un de tenter sa chance, quel que soit le motif de l’agression. Cependant, tout colosse qu’il était, Marcus était blessé et le surveillant refusait de le laisser rentrer seul chez lui dans cet état. Peut-être que le prêtre était encore en mesure de se défendre, peut-être même que la blessure était superficielle comme il le laissait entendre mais Joris était catégorique. Tout comme Zachariah avait refusé de le laisser retourner au pensionnat le lendemain de sa fièvre fulgurante alors que celle-ci était visiblement tombée, le grand brun ne laisserait pas son sauveur rentrer seul cette nuit. Et cela, sans arrière-pensée aucune. Toutefois, il ne s’attendait pas à ce que ses directives soient prises avec autant de légèreté de la part de Marcus et le rire de ce dernier le fit s’arrêter. Le surveillant se retourna vers lui avant d’écarquiller les yeux. Avait-il bien entendu ? Le prêtre n’habitait pas au presbytère ? Joris fut traversé par un mélange d’interrogation, d’indignation et de soulagement mêlés. Certes, le fait qu’ils n’aient pas à déranger Zachariah à cette heure tardive jouait en leur faveur. A tous les deux. Et le grand brun n’allait pas s’en plaindre, bien au contraire. Seulement, une question subsistait…

« Pourquoi m’avoir donné le numéro du presbytère pour vous joindre si vous ne vous y trouvez pas ? »

Les deux collègues communiquaient entre eux. A tous les coups, Marcus comptait sur Zachariah pour lui transmettre le message de la part du surveillant si jamais ce dernier venait effectivement à essayer de le joindre mais Joris trouvait la démarche étrange. Les mœurs de l’Eglise étaient-elles si vintages pour que ses représentants n’aient pas le droit de posséder un téléphone portable ? Le grand brun décida de garder cette question pour plus tard. Peut-être pourrait-il taquiner Zachariah à ce sujet. En revanche, rien dans le regard de son interlocuteur ne laissait entrevoir le moindre indice quant à la raison de ce comportement.

« N’essayez pas de changer de sujet. Vous êtes en bien plus mauvais état que moi. Si vous refusez que j’appelle une ambulance, laissez-moi au moins vous raccompagner. » Marquant une courte pause pour réfléchir, il reprit bientôt : « Où habitez-vous dans ce cas ? Si c’est trop loin, j’appellerai un taxi pour nous y conduire. Dans votre état, vous ne devriez pas marcher… »

Ce n’était pas dans ses habitudes d’insister autant. Mais Marcus était venu l’aider alors qu’il ne lui avait rien demandé, s’attirant par là une mauvaise blessure faite à l’arme blanche. Le surveillant pouvait difficilement ignorer cela. Bien entendu, si le prêtre refusait catégoriquement d’être raccompagné, certainement qu’il lâcherait l’affaire. Joris n’allait pas lui forcer la main, il n’en avait ni l’envie, ni la carrure pour contraindre son interlocuteur à quoique ce soit. A la vue du paquet de mouchoirs qu’on lui tendait de bon cœur, le grand brun soupira malgré lui.

« Vous pouvez parler… » maugréa-t-il en acceptant tout de même le paquet d’où il extirpa un unique mouchoir avant de le rendre à son propriétaire d’origine. « Vous devriez mieux savoir que moi où se trouve votre maison non ? »

Par chance, le surveillant avait opté pour un haut noir ce soir-là. Plus simple à porter en soirée, notamment si quelqu’un d’ivre mort venait à renverser son verre sur lui par mégarde. S’il avait su comment sa soirée tournerait, Joris aurait presque préféré que ce scénario se réalise plutôt que d’avoir à se battre contre une bande de voyous en chaleur. Il pouvait toujours se consoler en sachant que le sang se verrait moins sur son haut, même si cela ne serait pas plus facile à laver pour autant. Voyant que Marcus ne semblait pas prêt à se laisser raccompagner chez lui, le grand brun tenta le tout pour le tout.

« J’occupe un logement de fonction au sein du pensionnat. C’est à l’autre bout de la ville. Vous n’allez pas marcher jusque là-bas dans cet état. Décidez-vous : soit j’appelle un taxi, soit nous allons chez vous. »
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Callum était loin de s'attendre à la répartie du surveillant quant à son adresse et fut interdit de la question sur le numéro de téléphone. Avait-il mal compris l'autre jour ? Visiblement oui...Il ne pensait pas que Joris voulait le joindre lui spécifiquement, il avait compris cela au sens large du terme, l'église, eux, Zachariah et lui pas spécialement lui. Il leva donc un sourcils ce qui aggrava son mal de crane et le fit se toucher pour constater une bosse sur le coté gauche de celui ci.. Fort bien il lui faudrait de la glace en plus de ça...Il haussa les épaules et leva la main en guise de mea culpa. Il ne s'attendait pas non plus à tant d'inquiétude de le part de Joris, il le pensait, visiblement à tord, plus froid. Mais à vrai dire , son point de vue de médecin et ex crapule devait être faussé quand à l'état apparent de sa personne.. c' est qu'il saignait tout de même pas mal , même si a priori, le saignement se tarissait pour son plus grand soulagement. Il était pas mal imbibé d'alcool et il faisait très sombre alors il craignait de mal voir sa plaie .. ce qui en soit n'aurait rien eu de très étonnant .. il ne pouvait pour l'heure que se fier à sa douleur ; qui n'était pas une constante fiable. Malheureusement.. il écoutait Joris .. il cherchait une échappatoire, à lui renvoyer la balle mais son adversaire s'avérait en meilleure forme que lui et ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. Un adversaire de choix ! Pour détendre l'atmosphère et gagner un peu de temps l'italien lui proposa  un mouchoir en faisant un brin d'humour qui se retourna avec une aisance déconcertante contre lui... oui il devait faire peur à se tenir le bide la main ensanglantée. Par chance pour lui ce soir là, son haut était noir .

_Ah... je suis pas assez en forme pour vous échapper hein ? Vous avez clairement le dessus sur moi ce soir. Il rit un peu et soupira en secouant la tête avant de regarder longuement le ciel. Tout comme vous j'habite à l'autre bout de la ville.. mais dans les hauteurs. C'est tout aussi loin alors … allez y appeler un taxi, je rends les armes.

Il lui tendit cela dit un autre mouchoir pour qu'il s'essuya un peu mieux  car il y avait fort à penser qu'un chauffeur de taxi ne conduirait pas des gars imbibés d'alcool et couvert de sang quelque part . Callum pensait même que ça leur été interdit.. enfin il ne savait pas trop, il n'avait jamais pris de taxi et encore moins depuis qu'il était prêtre ici, il faisait tout à pied. Gardant ainsi une activité physique saine parce que son mode de vie lui ne l'était pas du tout.. il dormait à même le sol dans des sacs de couchages, mangeait des nouilles instantanée ou de la nourriture en livraison et n'avait même pas réparer le chauffage de sa maison..Lui qui aimait pourtant cuisiner . Laissant Joris composer le numéro du taxi, il sorti un bonbon à la menthe de sa poche pour le sucer tranquillement en ignorant royalement les ivrognes qui se faisaient la malle en silence, tâchant de se faire oublier au cas où Joris et Callum changeraient d'avis sur leur compte.. Lui ne changerait pas d'avis parce que ça l'arrangeait mais il ne connaissait pas assez Joris pour deviner ses motivations...

Il regarda l'homme, détailla sa silhouette, fine élancée, terriblement élégante mais avant que son regard ne puisse être trop pesant il s'en détourna pour regarder la lune en énumérant ses possibles blessures. Par chance il ne s'était pris qu'un coup en plein visage qu'il avait partiellement réussi à éviter, il n'aurait donc pas de traces trop visibles de sa bagarre.. Un prêtre marqué récemment par la violence, ça le faisait clairement pas, quand même bien y avait -il cédé dans le but d'aider son prochain... Encore une fois Callum constata qu'il n'y avait vraiment pas été de main morte, qu'il y avait presque pris plaisir et que ce genre de pic d'adrénaline lui manquait beaucoup trop ...Il n'était pas un homme d'église... il avait beau essayé de toute ses forces, ça ne serait jamais son pain... Il soupira dans son coin et se passa la main sur le visage. « mais quelle putain de soirée.. » Restant silencieux , il finit par trouver le taxi long à arriver et le silence.. presque pesant... à cause de la question de Joris resté sans réponse sans doute. Alors il prit la parole, se décidant enfin à répondre au lieu de faire son sauvage énigmatique.

_Pour vous répondre... j'avais cru comprendre que vous vouliez joindre l'église.. en général, je vous ai donc fournis le numéro le plus utile, celui que l'on donne par défaut même si effectivement vous y joindrez plus facilement Père Zachariah que moi même mais .. je peux vous donner mon numéro de portable, si c'est à moi que vous voulez avoir à faire pour quoi que ce soit  ou notre petite affaire en court avec les garnements de l'autre fois.

Le taxi arriva avant la réponse de Joris et Callum lui ouvrit la porte pour le laisser monter avant de le rejoindre et de faire avancer le siège passager afin de ne pas trop être à l'étroit. Il donna son adresse au chauffeur, qui n'eut pas l'air de se soucier de leur état finalement. Callum sentit sa plaie se rouvrir et serra les dents en retenant un juron. Le chemin en voiture à cette heure tardive de la soirée ne fut pas long et le géant ne se fit pas prier pour sortir de la voiture mais au lieu de simplement y laisser Joris il le regarda longuement. Étrangement il ne savait pas quoi dire ou penser. Est ce que l'avoir raccompagner chez lui suffirait à Joris ou s'inquiéterait-il encore de ses soins ?   Tout en y pensant il sorti son porte feuille pour régler sa course au taxi . Hors de question de laisser le surveillant payer pour lui dans tout les cas.

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Avoir le dessus sur un homme blessé par arme blanche ? L’idée ne lui avait jamais traversée l’esprit et même si cela était véritablement le cas, Joris n’en tirait aucune gloire. Il se sentait plutôt mal à l’aise que le prêtre ait dû passer par là en lui venant en aide. Par chance, ce dernier jugea bon de se fier à son jugement pour le moment, constat qui tira un discret soupir de soulagement au grand brun. Sans perdre plus de temps qu’ils n’en avaient déjà perdu, le surveillant composa rapidement les mêmes numéros que ceux auxquels il avait eu recours plus tôt dans la soirée, lorsqu’il avait fait raccompagner son collègue ivre mort. En parlant de ce dernier, il espérait sincèrement que l’homme avait été capable d’ouvrir la porte de son logement au lieu de s’endormir sur le palier. Heureusement, les températures étaient bien remontées depuis le début de l’année. Quand bien même son collègue piquerait un somme devant sa porte, il ne risquait pas de mourir de froid. Joris savait mieux que quiconque que sa bienveillance à l’égard d’autrui avait ses limites. Il ne pouvait pas prendre le type par la main pour le guider jusqu’à son lit… La même voix automatique aux légères intonations féminines l’invita poliment à patienter le temps de joindre un interlocuteur quelconque au bout de la ligne. Ce laps de temps permit amplement à Joris de garder un œil sur le colosse. Il ne connaissait pas suffisamment ce dernier pour ne pas envisager qu’il puisse lui fausser compagnie avant même que le taxi n’arrive à leur hauteur. Au lieu de quoi, le grand brun fut surpris de se voir tendre un autre mouchoir et il bloqua machinalement son téléphone portable entre sa tête et son épaule pour mieux se saisir du petit rectangle d’un blanc immaculé.

A cette heure avancée de la nuit, il n’eut pas à attendre longtemps avant que la communication ne reprenne et qu’une voix humaine ne résonne à l’autre bout du fil. Le surveillant se contenta d’indiquer leur position actuelle, réservant le soin à Marcus d’indiquer leur destination au moment de monter dans le véhicule. L’échange fut bref et succinct puis Joris raccrocha aussitôt pour ranger son téléphone portable dans l’une des poches arrière de son jeans. Plusieurs dizaines de minutes allaient ainsi s’écouler avant que les phares du taxi n’apparaissent au coin de la rue. Plusieurs dizaines de minutes d’un silence gênant, qu’il faudrait au choix meubler maladroitement ou au contraire, laisser ainsi pour leur permettre à chacun de se plonger dans les pensées qui seraient les leurs. Peut-être était-ce le bon moment pour remercier le prêtre de lui être venu en aide après tout ? Jusque-là, Joris n’avait fait que caresser l’idée dans un recoin de sa tête, trop emporté par l’adrénaline de l’instant et leurs adversaires à neutraliser. A présent, la tension était retombée et un frisson le parcourut. L’air s’était rafraîchi, à moins que la douce chaleur traîtresse de l’alcool était en train de le quitter progressivement ? Il n’en savait rien et ne voulait pas tergiverser dessus. Le surveillant cherchait ses mots. Le fait d’être redevable à quelqu’un, prêtre ou non, n’était pas pour lui plaire. Pire, il avait l’impression d’être un peu trop redevable aux prêtres de ce village… Alors qu’il ouvrait la bouche pour se lancer, Marcus le devança et le grand brun lui jeta un regard intrigué.

Avant qu’il n’ait le temps de lui répondre, un léger vrombissement de moteur accompagné de vives lueurs jumelles se fit entendre. Le taxi était là. Plus rapidement qu’il ne l’aurait imaginé mais Joris n’allait pas s’en plaindre pour autant. Le surveillant prit place à l’intérieur du véhicule, laissant Marcus le rejoindre peu de temps après. Son regard se perdit dans la nuit que laissait entrevoir la vitre de la fenêtre du siège passager arrière et il entendit vaguement l’adresse que le prêtre s’empressait de communiquer à leur chauffeur. Etrangement, ce dernier ne se préoccupa pas de leur état outre mesure, ce qui leur évita d’avoir à se justifier. Une ville uniquement peuplée d’hommes devait avoir son lot quotidien de bagarres de rue, si bien que les habitants finissaient pas s’y habituer malgré eux. A moins que l’homme n’ait pas remarqué leurs blessures réciproques dans l’obscurité de la nuit. Curieusement, Joris en doutait un peu mais il ne fit pas de commentaire pour autant. Les rues étaient complètement dégagées, si bien qu’ils progressaient à vive allure, ne marquant que de brèves pauses le temps d’un feu rouge. S’il voulait se lancer, c’était le moment où jamais. Une fois arrivés devant la maison de Marcus, il n’aurait plus l’occasion de s’excuser ou de dissiper le malentendu concernant le numéro de téléphone.

« Je pensais que vous vous sentiriez plus concerné par cette histoire que Zach- le père Zachariah. N’allez pas croire que j’insiste pour avoir votre numéro personnel. Il aurait très bien pu vous transmettre le message que je lui aurai laissé en joignant le presbytère. Enfin, peu importe. »

En dépit de l’espace restreint du taxi, le grand brun ne ressentait aucun malaise. Peut-être parce que l’endroit était tout aussi intime qu’impersonnel en fin de comptes. Combien de personnes s’étaient assises à sa place avant lui ? Combien de couples s’étaient embrassés sur la banquette arrière ? Combien d’ivrognes avaient déballé toute leur vie à un conducteur indifférent ? Et combien encore le feraient jusqu’au lever du soleil ? L’habitacle du taxi ne ressemblait en rien à l’intérieur d’un confessionnal. Inutile donc de se sentir embarrassé. Du moins essayait-il de s’en convaincre.

« Je ne vous ai pas encore remercié de m’avoir aidé. J’ai eu de la chance que vous passiez dans le coin. Ce n’est pas courant un prêtre qui fréquente les bars. »

Sur le moment, aucune allusion ou soupçon n’accompagna ses propos. Joris les avaient machinalement enchaînés pour ne pas s’attarder sur son aveu de faiblesse. Un simple constat en somme. Aussi discrètement qu’il s’était présenté à eux, le taxi s’immobilisa alors. Le grand brun en déduisit logiquement qu’ils avaient atteint leur destination : déduction qui se confirma lorsque Marcus ouvrit la portière du véhicule pour en sortir. Avec sa carrure, peut-être le colosse se sentait-il à l’étroit ? Cette idée tira un sourire fatigué au surveillant. Leurs regards se croisèrent alors. Un silence étrange s’installa entre eux. D’habitude si bavard, le prêtre ne disait plus rien, se contentant de le fixer. Peut-être avait-il ses raisons pour ne pas l’inviter chez lui. Joris pouvait le comprendre. Lui-même ne recevait pas dans son logement de fonction. Alors pourquoi diable Marcus le fixait-il de la sorte au lieu de simplement le saluer comme le grand brun s’y attendait à tout moment ? Le regard acier se posa de nouveau sur la blessure au ventre de son interlocuteur. Pourrait-il s’occuper de lui correctement dans son état ? Certes, il semblait s’y connaître mieux que lui pour avoir ausculté son nez sans préavis cependant… Zachariah lui resterait.

« Je ne le demanderai qu’une fois : voulez-vous que je reste ou bien… ? »

Oh qu’il était loin du ton autoritaire de Zachariah quand il s’agissait de veiller sur quelqu’un quitte à aller contre la volonté de la personne concernée. Mais c’était tout ce qu’il pouvait faire pour le moment. Proposer son aide, toute relative, sans aller jusqu’à s’imposer auprès de Marcus. Le choix lui appartenait.
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Callum légèrement perdu dans ses pensées embrumées n'entendit que de loin Joris lui parler dans la voiture du taxi. Il pressait sa plaie pour éviter de perdre trop de sang, il en avait déjà bien assez perdu à son goût et il ne voulait pas laisser de traces sur les sièges du Taxi qui semblait tout de même avoir bien vécu . Avec un peu de chance, la bagarre de ce soir là, resterait en huit clos et personne d'autre n'en saurais rien.. son attitude resterait un mystère et aucune questions, hypothèses ou tergiversations ne seraient nécessaire. Il offrit cependant un sourire à Joris pour montrer qu'il l'avait entendu sans lâcher la route des yeux pour autant. Il n'aimait pas être à l'arrière tout comme il n'aimait pas ne pas conduire.. Il répondit sur un ton similaire à celui du brun à la peau pâle.

_N'allait pas croire que je veux expressément, vous donner mon numéro personnel. Mais ça ne me dérange pas de le faire, vous avez raison quelque part, cette affaire me concerne bien plus moi que Père Zachariah il serait plus logique que je m'en occupe de A à Z vu que je suis déjà impliqué jusqu'au cou.  

Il regarda ses doigts rougis mais serra un peu les dents encore . Ça commençait à piquer et ça n'avait rien d'agréable quand bien même il eut été habitué à la chose. Combien de fois l'avait-on déjà entaillé de la sorte ? Combien de fois l'avait-on poignardé, parfois même jusque la garde ? Il ne s'en souvenait même pas.. aussitôt guéri, les blessures partaient aux oubliettes, il n'avait pas le temps ni le loisir de se lamenter. Puis à quoi bon de toute façon ? Il n'en était pas mort, certaine plaie ne laissait pas de cicatrices, autant ne pas s'y attarder...Une seule cicatrice, une seule sur tout son corps, valait la peine que l'on s'y attarde. Celle de son avant bras, celle faite par Kris son fils, promesse de se retrouver . Inconsciemment il la toucha en repensant au couple qu'il avait aidé avec la blessures à l'acide et se sentit soudain très perdu et nostalgique.. avant d'être happé par la réalité et la voix de Joris .. le sauvant à nouveau d'un tourment dont il n'avait pourtant pas conscience.

 _Nous ne sommes que des hommes vous savez. On essaye simplement de faire au mieux. Mais de rien. Il sentit que Joris voyait ça comme une dette et s'empressa de le rassurer l'air de rien.  Vous m'avez grandement aider l'autre jour, disons que nous sommes quitte comme ça. Même si vous ne me deviez absolument rien pour aide, je l'ai fait de bon cœur sans attendre quoi que ce soit de vous.

Il ne se fit pas prier pour descendre de la voiture en grognant un peu dans le mouvement dès qu'elle fut arrêter et se perdit dans ses pensées.. Comment un homme normal, qui n'avait rien à cacher pouvait réagir dans ce genre de situation.. ? Il regardait Joris comme si l'homme lui donnerait une réponse mais Joris n'était pas de ce genre là, et il l'avait bien compris.. payant la course au taxi il pesa le pour et le contre de la question du surveillant et il sentit deux filer de sang , glisser le long de son dos.. ce n'était pas de la transpiration il en était certain..« fais chier.. » Un rapide calcule de sa souplesse, de sa douleur aux épaules et de son état d’alcoolémie lui imposa la marche à suivre. Si il ne voulait pas attraper la moindre maladie à la con, il avait encore besoin de Joris.  Marquant un peu plus sa réflexion avant de prendre la paroles ..

_Si vous voulez bien entrer un moment... je crois que je vais avoir besoin de votre aide.

Le chauffeur de Taxi se faisait une toute autre scène dans la tête et souriait amusé, Callum le voyait et leva les yeux au ciel avant de fermer la porte et de contourner le monstre de métal pour ouvrir celle de Joris et passer son portail afin de lui ouvrir la marche dans le jardin jusque chez lui. Il faisait froid à l'intérieur et un certain écho régnait dans la maison, puisqu'elle était tout simplement vide . Il alluma la lumière de l'escalier uniquement masquant le reste des lieux dans la nuit et invita le beau brun à le suivre jusque dans sa salle de bain à l'étage . Il n'y avait pas grand chose, un meuble lavabo double vasque, un miroir dessus, une baignoire et le wc avec une pile de serviettes et un petit nécessaire de toilette, il ouvrit le meuble pour en sortir de quoi se soigner (un kit plus que complet de premier secours) en grondant un peu.. Tout lui lançait .. son dos, ses épaules, son crane et son bide... Il jeta sa veste au sol, dévoilant à la lumière son tatouage énorme qui ne tarda pas à apparaître en entier, de même que son piercing au téton, quand il retira non sans douleur et soupires son débardeur. Un dos puissamment musclé, tatoué entièrement et couvert de relief de cicatrices, bien que les plus impressionnante furent sur son torse. Il saignait par deux petits trou parfaitement rond sur  l'un de ses omoplates, ça avait déjà gonflé et ça semblait relativement profond. Il essaya de voir dans le reflet du miroir mais abandonna bien vite la manœuvre.

_Je suis blessé dans le dos je crois.. ça vous dérangerez de regarder et de le désinfecter pour moi ? Je pense qu'il y avait des clous sur la planche qui a servis à me fracasser les épaules..

ça lui en coûtait de demander de l'aide pour ce genre de chose, mais moins que de mourir d'une infection et du Tétanos...Il offrit son dos à Joris, laissant ses muscles rouler sous ses mouvements, semblant ainsi donner vie à l'aigle qui habitait l'arrière de son corps. Il en profita pour mieux regarder la plaie de son ventre, attrapant une serviette qu'il humidifia afin de nettoyer la zone . Pas dix mais plutôt quinze point de suture.

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Le silence qui suivit ses paroles permit au grand brun de reporter son attention sur un point invisible par-delà la vitre de sa fenêtre. Non pas que le remerciement lui ait coûté mais Joris ne se sentait pas très à l’aise avec l’idée de devoir quelque chose à un habitant du village. Cela signifiait pour lui se lier plus que nécessaire envers autrui et il souhaitait l’éviter. N’attendant pas spécialement de réponse à ses remarques, la voix de Marcus s’élevant dans l’habitacle du taxi le surprit. Le surveillant l’écouta sans tourner la tête, souriant malgré lui. L’un comme l’autre donnait l’impression de vouloir se montrer poli envers son interlocuteur, bien trop poli pour que ça n’en devienne pas soupçonneux sans que cela soit intentionnel de leur part. Comme s’ils avaient besoin de justifier la moindre de leur parole ou la moindre de leur décision. Le grand brun ne trouve pas utile de rajouter quelque chose aux dires du prêtre et la fin de leur trajet se déroula en silence, à peine troublé par le doux bruit du moteur. Avant même qu’il ne le réalise, le taxi s’arrêta soudain, marquant la fin de la course. Curieux, Joris essaya de discerner les alentours, d’abord depuis sa propre fenêtre puis vers la droite lorsque la portière s’ouvrit devant Marcus. L’air frais s’engouffra dans l’habitacle, entraînant avec lui des odeurs qui n’étaient pas celles du centre-ville. A ce stade, difficile pour le grand brun de les situer. L’obscurité régnant à l’extérieur n’arrangeait rien. Mais en voyant le prêtre hésitait juste avant de sortir son portefeuille pour payer la course, Joris comprit qu’il allait devoir ajouter quelque chose. Et non se laisser sagement reconduire comme une princesse.

Au fond, le surveillant ignorait ce qu’il devait espérer comme réponse. Certes, il se serait senti un peu mal d’abandonner ainsi Marcus dans un tel état sans pouvoir s’assurer que ce dernier était véritablement hors de danger. Cependant, il était conscient d’une chose : il n’avait ni la patience, ni l’empathie de Zachariah envers ses semblables. Aussi, si le prêtre estimait pouvoir s’occuper seul de lui-même, Joris n’allait certainement pas insister dans l’unique but de le contredire. A sa grande surprise, ce dernier accepta sa proposition et le premier sentiment à traverser le grand brun fut le regret. Avait-il bien fait de proposer son aide tout compte fait ? Il ignorait où il se trouvait et pour combien de temps. Ravalant un soupir, le surveillant s’empressa de sortir de la voiture, arquant un sourcil en se voyant ouvrir la portière. Il était assez grand pour le faire lui-même non ? Son regard dut parler pour lui et il suivit Marcus jusqu’à chez lui, non sans jeter des coups d’œil aux alentours. Une fois à l’intérieur, les doutes l’assaillirent de plus belle. Il eut comme la désagréable impression que la maison était en réalité inhabitée. Peut-être s’était-il mépris au sujet du prêtre ? Que ces cicatrices illustraient le personnage tel qu’il était véritablement ? Un tueur ? Un psychopathe ? Le grand brun s’efforça d’éloigner ce genre de pensées et préféra se concentrer sur la légère buée qui émanait de devant sa bouche.

« Vous au moins, vous faites dans le confort monacale… » ironisa-t-il en découvrant la salle de bain.

A l’image du reste de la maison, cette pièce rassemblait le strict minimum de mobilier et d’affaires nécessaire à la vie de tous les jours. Son regard parcourut la salle d’eau pour rapidement se reporter sur la masse en mouvement qu’était Marcus. Ses yeux s’écarquillèrent en découvrant l’immense tatouage qui ornait le dos de ce dernier. Le surveillant ne sut pas bien ce qui l’impressionnait le plus dans cette vision. Etait-ce le tatouage en lui-même ou les nombreuses cicatrices qui le recouvraient ? Difficile de ne pas y voir les vestiges d’un passé sulfureux et criminel. Sauf que le moment était mal choisi pour évoquer le sujet. De plus, cela ne le regardait absolument pas. Perdu dans sa contemplation, Joris faillit ne pas entendre son interlocuteur reprendre la parole pour lui demander son aide. Le grand brun cligna des yeux, ne bougeant pas pendant quelques secondes, histoire de s’assurer qu’il avait bien compris ce que l’autre attendait de lui et chercha du regard la petite trousse de soins qu’il avait cru apercevoir au moment de pénétrer dans la salle de bain. Il ne fut pas long avant de la trouver et fouilla rapidement devant pour en sortir du désinfectant.

« Qu’en est-il de votre blessure au ventre ? Je veux bien m’occuper de votre dos mais mes compétences en médecine sont plus limitées que vous l’imaginez… »

Tout en parlant, il versait un peu de produit sur un bout de coton avant d’appliquer le tout sur les marques circulaires ensanglantées qui ornaient l’omoplate de Marcus. Dans la bataille, il n’avait pas le souvenir d’avoir vu la planche s’abattre sur le corps massif du prêtre. Les blessures de ce dernier laissaient effectivement entrevoir la présence de clous sur celle-ci et Joris espérait qu’aucune maladie ne serait transmise à cause de ces extrémités métalliques.

« Pensez-vous pouvoir recoudre ça ? Je vous avais dit qu’il valait mieux appeler une ambulance… »
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La remarque sur le confort monacale, le fit un peu sourire et lui rappela que les grandes maisons vides n'étaient pas le top pour accueuillir un invité.. mais si Joris le prenait comme ça, ce n'était pas plus mal..Mieux que d'avouer que Callum ne se sentait pas la force de se meubler, de penser à ce genre de chose, de vivre normalement, "bien"..Que c'était encore là une de ses stupides punitions inconscientes..

Callum aurait mieux fait de réfléchir un peu plus avant d'exposer son corps marqué à ce point mais si il voyait encore les cicatrices qui ornaient son visage parce que les gens le lui rappelaient presque constamment, toutes les autres quasiment invisibles pour autrui, passaient bien souvent à la trappe. Il s'était fait à elles comme on se fait à un grain de beauté ou un tatouage, occultant leur existence jusqu'à ce qu'on les remarque à nouveau, comme Joris ce soir là, pour qui le regard parla. L'ex mafieux le sentit contemplatif mais pas forcément dans le bon sens, plutôt intrigué en fait. Mais rebondir sur ça, se justifier, n'était pas une bonne idée, un innocent n'avait pas besoin de le faire et Marcus était innocent, un prêtre innocent qui avait manqué de chance dans la vie pas comme Callum, ex mafieux, médecin de la mort à la botte de la grande mafia de Rome, trop souvent envoyé sur le terrain d'où ses terribles marques dont certaines ne laissaient aucunement place au doute quant à leur origines : les cicatrices en étoiles, coup par balle. Celle qui ne laissait pas non plus place au doute c'était celle qui lui barrait méchamment le torse , balafre d'un sabre qui lui avait bien fait mal. Mais pas vraiment le temps de s'occuper de ça, Joris pouvait bien s'imaginer ce qu'il voulait pour l'heure, Callum avait besoin de soins, d'autant plus qu'avec tout l'alcool qu'il avait bu, son sang c'était bien fluidifié et ce n'était pas une bonne chose quand on avait un trou dans le bide aussi « superficiel » fut-il. Le géant offrit donc son dos à son homologue en le tirant de ses rêveries certainement spéculatives et entrepris de nettoyer son ventre pour y voir plus clair.. son estimation de plus tôt parti en fumée, la plaie n'était pas « si » profonde dans les faits, mais plutôt longue..Il soupira et serra les dents en appuyant dessus.

_Honnêtement, je m'attendais pas à ça..mais je gère.

Il allait rajouter un « ne vous en faites pas » mais cela lui paru soudainement bien présomptueux et pathétique..de plus dans le fond Joris n'avait pas l'air d'avoir besoin d'être rassuré plus que ça, en faire trop ne servait à rien , même si la formulation était venue naturellement.  Il regarda le brun à la peau pâle par le biais du miroir et lui offrit un sourire sûr de lui et plutôt légers compte tenu des circonstances. Il fouilla dans sa trousse de secours et en sorti des set de sutures avec des fils montés, si d'apparence ils semblaient tous identiques, Callum en chassa quelques un pour en choisir un en particulier. Celui avec une aiguille dite triangulaire pour mieux percer les tissus de sa peau, avec un fils non résorbable et non tressé pour limité les traumatismes et les infections par capillarité et inflammations inutiles tout en tenant assez bien pour qu'il ne soit pas trop limité dans ses mouvements. Ce genre de chose, en tant que chirurgien n'avait plus aucun secret pour lui, qu'il soit éméché ou non. En agitant un peu le petit sachet stérile il répondit à Joris avant de siffler un peu de douleur..les clous l'avaient bien percé dans un endroit trop mobile.

_C'est tout à fait dans mes cordes, je vais même faire ça très bien.

Il laissa Joris terminer avec son dos et se lava les mains .  Avant de se retourner pour poser les fesses contre le meuble a double vasque et d'offrir une pleine vue sur son torse tout aussi marqué que son dos et énormément musclé et tout de même habillé d'un piercing sur le téton gauche . Il tendit sa jambe, voilà qu'elle lui lançait aussi.. Il portait encore en lui des plaques de métal suite à sa dernière fracture, il faudrait qu'il pense à voir un médecin pour savoir quand il pourrait les retirer. Il regarda Joris dans les yeux .

_J'ai combien de trous dans le dos au fait ? J'irais peut être voir un médecin pour me faire prescrire des antibiotiques.. Il y en a un dans le coin ?

Il observa la plaie, la sécha une nouvelle fois puis ouvrit le set de suture pour commencer en mordant une serviette, ça n'allait pas faire du bien. Il gronda au premier passage de l'aiguille et souffla avant d’enchaîner ses points d'une main habile, qui ne tremblait pas et qui semblait parfaitement savoir ce qu'elle faisait. Et pour cause, Callum avait suturé un très très grand nombre de fois, que ce soit des organes, ou la peau , des tendons.. il n'en était pas du tout à son coup d'essai. Il lâcha la serviette pour parler à Joris.

_Est-ce que vous pouvez tamponner un peu la plaie , je n'y vois plus très bien avec le sang qui est revenu, s'il vous plaît.

Ça ne saignait plus comme plus tôt mais assez pour qu'il ne voit pas assez bien les bord et bon il préférait avoir de belles cicatrices même si dans le fond il allait certainement l'occulter son existence avec une facilité déconcertante.. Il termina son travail ensuite et soupira d'aise en relâchant sa tête en arrière en fermant les yeux... On se sentait mieux recousu ! Ça lui tirait un peu mais c'était mieux que de saigner .

_Merci beaucoup de votre aide. Il sourit. Je vous en dois encore une visiblement .

Il s'écarta du lavabo pour l'inviter à se débarbouiller, surtout les mains. Les avoir pleine de sang ne devait pas être agréable et son visage aussi avait besoin d'un peu d'eau car les mouchoirs n'avaient pas fait de miracle.

_Vous n'avez pas trop mal au nez ou ailleurs ? J'ai de la pommade pour les coups si ça vous tente.. Quitte à jouer au docteur, autant le faire à fond.

Il gardait inconsciemment l'ambiance légère, même si la soirée n'avait pas été des plus sympathiques.. certes, se battre lui avait fait du bien, il s'était à nouveau , pendant un court instant, sentit lui même, sentit vivant ..mais la réalité le rattraperait dès qu'il fermerait les yeux sur son lit de couvertures..Aussi puissant qu'il pouvait être, il avait bel et bien tout perdu. Il sortit de quoi faire un pansement digne de ce nom pour son ventre  et son omoplate, ce n'était pas tout de désinfecter et recoudre, il fallait protéger un peu.

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Dans le fond, entendre Marcus affirmer qu’il pourrait s’occuper seul de sa blessure au ventre le rassura. Le surveillant ne s’imaginait pas devoir recoudre la plaie lui-même. Savoir que le blessé serait pris en charge par de vrais professionnels à l’hôpital l’aurait davantage rassuré mais Joris se voyait mal le contraindre à se déplacer de nouveau à présent qu’ils se trouvaient chez le prêtre. Prenant son mal en patience, le grand brun s’occupa de deux marques ensanglantées laissées par les clous de la planche qui avait servi à blesser Marcus. C’était bien là tout ce dont il pouvait se charger à l’heure actuelle. Dans cette position, impossible pour lui de discerner les faits et gestes du prêtre. Est-ce que ce dernier s’en sortait aussi bien qu’il l’avait affirmé plus tôt ? N’était-il pas en train d’aggraver sa propre blessure au risque d’entraîner la mort ? Joris se mordit la lèvre pour chasser ce genre de pensées. Il avait accepté de ne pas appeler d’ambulance, pire, de laisser Marcus rentrer chez lui dans cet état. Il n’avait d’autre choix que celui de s’en remettre à ce dernier pour le moment. Et s’il avait pu voir faire le prêtre, le surveillant se serait rendu compte à quel point les gestes de Marcus étaient précis. Quand il en eut fini avec le dos du blessé, Joris fut surpris de le voir se retourner vers lui. Le spectacle de ce torse tatoué et marqué de cicatrices passées fut tout aussi surprenant que le dos du prêtre.

« Deux. Cela n’a pas l’air infecté mais oui, il serait préférable que vous alliez voir un médecin. Je crois me souvenir qu’il y en a à quelques rues de l’église. »

A son grand étonnement, Marcus n’avait pas commencé à recoudre la plaie, ce qui fit froncer les sourcils au grand brun. A quoi jouait-il ? Il avait assez attendu comme cela ! Mais avant qu’il n’ait le temps de protester, le prêtre dut lire dans ses pensées puisqu’il ne tarda pas à s’exécuter, non sans laisser entrevoir sa douleur. Les gestes se révélèrent précis. Pas une seule fois, Joris crut discerner l’hésitation dans les mouvements de l’aiguille tandis qu’elle rassemblait les chairs entre elles à l’aide d’un simple fil. Ce doigté aurait pu le rendre admiratif. Cependant, la situation actuelle l’empêchait de se réjouir complètement. Et la demande de Marcus n’arrangea rien à l’affaire. Si tamponner des plaies superficielles était une chose, toucher à cette grimace sanguinolente sur le ventre du prêtre en était une autre. Le grand brun inspira longuement puis après avoir pesé le pour et le contre, attrapa un bout de coton propre afin de l’imbiber de produit pour désinfecter la plaie en question. Pour cela, il dut s’accroupir en pliant prestement les genoux. Sans prêter attention plus que nécessaire à cette position, Joris s’empressa de presser légèrement le coton imbibé contre la blessure à plusieurs reprises, nettoyant au passage le peu de sang qui s’y trouvait toujours. Sa tâche accomplie, le surveillant se redressa et prit machinalement la direction du lavabo pour s’y laver les mains.

« … Vous étiez médecin n’est-ce pas ? »

Les mots lui avaient échappé, alors même qu’il tournait toujours le dos à son interlocuteur. Le constat s’était imposé de lui-même dans l’esprit du surveillant à mesure que ce dernier avait contemplé les doigts de Marcus se mouvoir, faisant habillement glisser l’aiguille d’un point à l’autre, comme si cela semblait la chose la plus naturelle au monde. L’ironie de la situation lui sauta alors aux yeux : un ancien médecin qui prétendait vouloir jouer au docteur… Joris se retourna en direction du prêtre.

« Vous avez recousue cette blessure d’une main experte. En fin de comptes, vous n’aviez pas besoin de mon aide. »

Si cela était dit comme un reproche ? Pas le moins du monde. Marcus s’était réellement mis en danger dans le but de le tirer d’une situation épineuse. Il était donc normal aux yeux du surveillant de lui apporter son aide dans la mesure de son possible et d’autant plus, si le blessé en faisait la demande, comme cela avait été le cas. Médecin ou non, Marcus avait jugé avoir besoin de sa présence et le grand brun le lui avait volontiers accordé. Cela serait sans conséquence aucune pour eux deux.

« C’est inutile, j’ai de la pommade chez moi. Et maintenant que j’ai la certitude que vous êtes sauvé, je ne vais pas m’imposer plus longtemps. »

Se disant, Joris le contourna pour quitter la salle de bain, retrouvant le silence à peine troublé par l’étrange écho que prenaient leurs voix à chacune de leur prise de parole. A l’image de l’église, cette maison était vide. Encore plus quand on savait qu’aucun fidèle n’y mettait les pieds, contrairement à la première. Soit son propriétaire se révélait être un sacré feignant pour ne pas entreprendre de s’y installer convenablement, soit il venait tout juste d’emménager. Peut-être que comme lui, Marcus n’avait pas l’intention de demeurer longtemps à Saint Adams. Est-ce que son logement de fonction renvoyait la même impression ? Celle d’un hôte sur le départ à peine arrivé ? D’un autre côté, ce n’était pas comme s’il prévoyait de recevoir de nombreux invités… Arrivé en haut des escaliers, le grand brun jeta un regard par-dessus son épaule en direction du prêtre :

« Considérez que nous sommes quittes mon père. »
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Joris Timble & Callum Vicentini531mots
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En d'autre circonstance, avec un meilleur état d'esprit aussi, Callum aurait réagit à voir ainsi si bel homme à genoux devant lui mais pas même ses joues ne se mirent à rougir.. seul son regard marqua un temps d'arrêt pour admirer Joris un très très bref instant avant de reprendre la suture l'esprit vide de toute pensées superflues. Ils n'étaient pas là pour faire quoi que ce soit se rapprochant de près ou de loin à des cochoncetés,  mais pour donner des soins assez urgent mine rien et dans ce genre de moment Callum n'était pas simplement un homme, mais un médecin avant tout. Une bête de chaire et de sang, dénué de sentiments et d'émotion accomplissant froidement sa tâche pour que ce soit au mieux et au plus efficace. Les sentiments et les émotions n'avaient pas leur places dans ce genre de situations. Il termina plus facilement grâce à son infirmier du soir et lui laissa la place pour se savonner , c'est que du sang, il y en avait presque partout à présent.. Pour répondre à Joris il pouffa légèrement de rire et prépara son pansement pour son ventre.

_Recoudre une plaie est à la portée de presque tout le monde, il suffit d'avoir appris et d'avoir le cœur bien accrocher. Ce n'est pas si sorcier que ça.

Il ne pouvait pas avouer être médecin car Marcus ne l'était pas et Marcus avait passé sa vie dans les ordres bien que personne n'irait vérifié ce genre d'information d'après lui, surtout aussi loin de son pays d'origine.. Il mit en place le pansement qui lui promettait une superbe épilation pour le lendemain ..

_J'avais besoin de vous, je ne pouvais pas atteindre mon dos, et puis sans votre aide pour tamponner la plaie j'y serais encore et ça en serait assurément pas si propre. Merci beaucoup pour cette précieuse aide.

Il était assurément sincére et suivit Joris jusque dans le palier des escaliers où il laissa à nouveau son regard doré glisser sur lui mais simplement pour le regarder un peu plus longtemps sans être invasif, il lui offrit un sourire.

_ Faites attention en rentrant chez vous et n'oubliez pas de mettre la pommade voir même un peu de glace ça vous fera du bien.

Autant éviter une nouvelle agression pour cette nuit, ils avaient eu leur compte tous les deux même si il s'en sortait bien mieux que prévue, sur ce coup là ils avaient fait une bonne paire . La dernière phrase du surveillant le fit encore plus sourire et il acquiesça.

_Entendu, c'est généreux de votre part. J'espère qu'on se croisera dans de meilleures circonstance .

A nouveau les compteurs étaient remis à zéro, officiellement. Il accompagna Joris jusque ça porte et le salua , soudain exténué. Plus aucune once d'adrénaline ne le parcourait , il n'avait plus à porter son masque de Marcus alors une fois la porte close il soupira contre et monta se coucher après s'être débarbouiller vite fait.. Contre toute attente il dormis bien cette nuit là..loin de ses cauchemars .Le réveille fut des plus douloureux par contre.

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