T'es mignon quand tu rougis [Ft Eliott Williams]

Bientôt la rentrée. Avec son flot de nouveautés. Plus ou moins attrayantes. Avec la probabilité de nouvelles têtes. Il ne restait que quelques semaines avant que le débarquement ne s’opère, amenant à nouveau avec lui le quotidien plus ou moins attrayant des études.
Les couleurs étaient plutôt déserts. Seuls étaient présents les étudiants qui ne pouvaient pas rentrer chez eux pour X raisons. Murphy en faisait partie. Il était parti le mois de juillet et avait pris la décision de rentrer pour le dernier mois, histoire de travailler, toujours l’optique de se payer sa guitare. Il était toujours aussi motivé, de plus maintenant il avait un ami avec qui partager cette passion. Sasha l’inspirait énormément, il tenait à progresser pour arriver à son niveau et pouvoir jouer avec lui, peut-être même faire partie de leur projet de groupe, et pas seulement en faire la promotion.

Il avait donc repris son poste à la bibliothèque à peine était il rentré. Il avait demandé à prendre un service complet pour rajouter des heures à sa fiche de paie. Il n’avait pas vraiment autre chose à faire de toute manière. Ses amis étaient partis, pour ses colocataires il n’était pas sûr de les croiser. Bien qu’il logeait à l’académie, il ne les avait pas croisés depuis son retour. Il en déduisait donc qu’ils étaient occupés. Et au fond il ne tenait pas vraiment à être en compagnie de quelqu’un. La nouvelle concernant son frère ne le quittait pas. Et il n’avait toujours pas trouvé le courage de lui rendre visite.

Il avait appris par Daniel l’emplacement de son lieu de travail. Un poids qui le soulageait un peu, est qu’il semblait aller bien quand il l’avait croisé. Voire même amoureux. C’est ce qui avait fait douter le rouquin. Son aîné ne se souvenait plus de lui à cause d’une amnésie, et Murphy avait douté sur le fait de revenir pour débarquer dans sa vie. Glenn semblait avoir refait sa vie sans que cela ne l’affecte de ne plus le voir, lui ou leur soeur, qu’il avait aussi oublié. Ce qu’il comprenait, comment avoir le manque de quelque chose qu’on ne connaît pas. Au début cela avait été très compliqué, mais le jeune s’était fait une raison. C’était ainsi, il n’y pouvait rien. Maintenant il voulait simplement s’assurer qu’il allait bien. Et c’est pour cela qu’il n’en avait pas parlé à ses parents lorsqu’il était rentré pour les vacances.

Aujourd’hui était son jour de repos et il se posait justement la question à se rendre ou non à la boulangerie. Allongé sur son lit, il avait tenté d’écrire, d’écouter de la musique, de regarder un film. Rien à faire, il avait l’esprit bien trop encombré. Il n’avait pas plus envie que ça d’aller flâner en ville, il ne tenait pas à tomber sur quelqu’un et devoir expliquer son air maussade. Car bien qu’il soit un éternel gamin souriant, il avait ses jours sans. Il part alors en quête de son téléphone, quoi de mieux pour tuer le temps que de traîner sur les réseaux sociaux, pire...Youtube. Et dans le meilleur des cas il s’endormirait.
Cependant pas moyen de mettre la main sur ce fichu cellulaire. Sans surprise son coin de chambre était s’en dessus dessous, heureusement qu’il était seul à loger dans la chambre. Il perd de plus en plus patience et finit par faire un tris dans ses affaires en poussant des jurons peu délicats. Il fourre tout dans le panier de linge sale puis tombe, non pas sur son portable, mais sur sa tenue de sport. Aussitôt il change ses envies changent. Il se change, emporte une bouteille d’eau puis sort. Direction l’extérieur.

Une heure plus tard il en sort tout transpirant et haletant mais complètement détendu. N’ayant pas accès au matériel de boxe, il était allé courir tranquillement. Non pas sur la piste de courses, tourner en rond ce n’était pas trop son truc, mais plutôt dans les jardins.
Alors qu’il boit à grande gorgée à sa bouteille, il aperçoit du coin de l’oeil une tête rousse. Moins carotte que la sienne mais ça il s’en fichait. Un sourire en coin se plaque sur son visage et son intérêt est piqué.
Tout en discrétion il s’approche de sa proie et bondit sur Eliott au dernier moment, passant un bras autour de ses épaules.

- Hey Toto ! Je ne savais pas que tu restais sur place durant les vacances. Si j’avais su je serais venu te voir plus souvent.

Sa bonne humeur était revenue, et Eliott allait en être le seul bénéficiaire.

Eliott Williams, étudiant en musique, pas plus de 20 ans et un casque vissé sur la tête. Voilà ce que retenait Murphy de son camarade, entre autre choses.

La raison de cette relation conflictuelle est assez floue...Une histoire complètement immature sans doute, mais Murphy l’avait prit dans son viseur et depuis dès qu’il le croisait il ne pouvait s’empêcher de vouloir aller l’embêter. Le plus âgé n’avait pas de fond méchant à son égard, avec personne d’ailleurs. Il se défend quand on vient le faire chier sans raison, mais n’ira pas de lui même emmerder quelqu’un par pure méchanceté. Murphy avait horreur de ce genre de comportement.

Avec Eliott ça s’était fait sans vraiment qu’il n’y réfléchisse. Un jour en cours de musique ils s’étaient pris la tête sur la signification d’un morceau, s’en suivit un échange houleux à propos de compositeurs, de morceaux et autre sujet de la sphère musicale. Le professeur était intervenu assez rapidement, remerciant les deux jeunes de leur implication dans sa matière mais il ne voulait pas de crêpage de chignon dans sa classe.
Durant cet échange, Murphy avait remarqué un détail dans le regard du rouquin qui l’avait interpellé. Il y avait pensé le reste de la journée, et avait surveillé les alentours dans l’espoir de le recroiser pour venir lui parler plus calmement. Mais ça ne s’était pas vraiment passé comme prévu.

A leur prochaine rencontre il avait voulu le taquiner. A nouveau en cours de musique, les élèves arrivaient et attendait l’enseignant. Il avait repéré Eliott, seul dans un coin. Il s’était approché de lui dans l’optique de le saluer mais les notes de son casque lui étaient parvenues et il avait prit l’initiative de se coller à son oreille pour écouter. Chose qu’Eliott avait plutôt mal prit. Leur dispute avait été plus violente cette fois.
A nouveau Murphy avait eu sa curiosité piquée. Le voir à chaque fois seul, dans sa bulle. Il n’aimait pas ça et tentait des approches mais son camarade avait sans doute mis Murphy dans une catégorie qui lui dictait de s’en tenir éloigné.
L’irlandais avait donc continué pour percer sa carapace, sans se douter que cela pourrait avoir l’effet inverse chez Eli. Un jour la pression était montée trop fort et les coups étaient partis. Murphy avait été un peu choqué, et vexé. Bien entendu il s’était douté que c’était de sa faute mais il ne voulait pas baisser les bras. Ce gamin l’intriguait. Sans comprendre pourquoi il aimait voir ses réaction si vives, donc il le titillait et le provoquait.

- Moi je trouve que ça te va bien.

Il se passe une main dans ses cheveux pour les tirer en arrière. Une soudaine idée lui traverse l’esprit, il se doute un peu qu’Eliott lui, ne risque pas d’apprécier.

- Il fait chaud je trouve...

Il agite sa bouteille de façon nonchalante, l’air de rien. La seconde d’après il esquisse un sourire et lui en lance quelques gouttes.

Amusé et honteux, voilà comment se sentait Murphy. Comme soupçonné, Eliott n’avait pas apprécié de recevoir du liquide sur lui. Cependant la moue qu’il affiche, son regard perçant, attire beaucoup le musicien.

- Et bien ça tombe bien s’il fait chaud, ca rafraîchit.

Il affiche un joyeux sourire, tout content. Au fond il s’en voulait un peu car il voulait surtout le décoincer mais le voir si contrarié l’embêtait. Il le regarde s’abreuver. Il fixe sa gorge qui bouge en rythme avec ses gorgées. Il inspire et se force à revenir sur terre, son esprit commençant à lui jouer des tours. Car oui, Murphy n’était pas insensible au charme masculin. Cependant il se doutait qu’Eliott ne soit pas réceptif, car il se montrait relou, tout simplement.

- Je ne m’amuse pas, enfin pas comme tu penses. Faudrait que tu te détendes, il ne faut pas le prendre mal.

Murphy continue de l’observer avec attention. Il s’était souvent demandé pourquoi il continuait de l’embêter alors que le plus jeune n’était pas en accord avec son humour. Il avait mis du temps à trouver, il n’était pas une flèche partout et les relations humaines c’est assez...compliqué. Surtout quand il s’agit d’une pauvre introspection.
Une nuit, alors qu’il fixait son plafond. La pièce bercée par les respirations de ses colocataires. Il pensait à lui, essayant de comprendre pourquoi ça ne collait pas entre eux. La grosse réponse qui clignote en rouge était tout simplement qu’il était venu faire son relou après leur première dispute. Mais c’était la seule façon qu’il avait trouvé pour le faire réagir.

Il avait bien observé le rouquin, notamment un jour où il était sorti prendre des photos. Il ne s’était pas manifesté pour une fois et l’avait simplement regardé faire. Il avait perçu sa solitude et son coeur s’était serré. De nature enjouée, il n’aimait pas voir des personnes malheureuse. Malheureusement comme leur première approche avait été limite agressive, il se doutait qu’Eliott ne voudrait pas qu’il s’approche de lui, ou alors allait se méfier. Donc la seule solution qu’il avait trouvé pour être en sa compagnie était de le faire réagir en le titillant. Il n’était cependant pas fière de cette méthode.

- Et puis si tu voulais vraiment te défaire de ma compagnie tu ne resterai pas. Donc au fond tu aimes bien que je t’embête. Donc tu te contredis toi même.

Il sourit et joue avec sa bouteille. Il ne se défaisait pas de son idée de bataille d’eau.

- Allez il n’y a personne. Enlèves ton casque et armes toi de ton eau.

Il dévisse la sienne et l’approche de la tête de son camarade.

Malgré la réticence de son camarade, Murphy ne se décourageait pas. Il tenait particulièrement à lui tirer un sourire. Il était persuadé qu’il devait être mignon lorsqu’il souriait. Déjà de base le jeune était plutôt à son goût. Son caractère bien trempé faisait partie de son charme, Murphy le trouvait bien plus intéressant que quelqu’un qui lui dirait amen à tout.

Il ne le quitte pas des yeux, son expression était si fermée qu’il ne pouvait pas le laisser là sans tenter quelque chose. Alors certes il se doutait que ça pourrait rendre les choses encore plus compliquées. Mais qui ne tente rien, n’a rien. Inconsciemment l’irlandais voulait rattraper ses torts et essayer d’arranger les choses. Profiter qu’ils ne soient que tous les deux pour être eux même. Même si en temps normal Murphy ne joue pas, mais il pouvait comprendre que le monde autour pouvait freiner certaine à se laisser aller.

- Tu devrais, ce sont les vacances après tout. Il n’y a presque plus personne et les chiants ne sont plus là. Qu’est ce que tu aimes faire durant les vacances ? En dehors d’écouter de la musique. Tu joues d’un instrument, si oui on pourrait jouer ensemble.

Mais avant qu’il n’ait le droit à une réponse, voilà qu’il se retrouve bien plus proche d’Eliott qu’il n’aurait pensé. Il est nez à nez avec lui, désarmé et son col lui lacère la nuque. Eli l’avait attrapé et le regardait droit dans les yeux. Il se voulait menaçant dans l’espoirs de lui faire comprendre qu’il arrivait aux limites de sa patience. Il sent son souffle nerveux s’écraser contre son visage et cela lui procurait quelques frissons. L’instant d’après il le droit à une véritable douche froide, Eli vide la bouteille, qu’il lui a soustraite, sur le sommet de la tête. Ce qui amuse Murphy est de se rendre compte qu’il doit se pencher un peu plus pour être à hauteur du photographe. Mais à cette hauteur il peut mieux voir la couleur de ses yeux. Chose qui l’a toujours fasciné, voir les subtilité de couleur d’iris d’une personne à une autre. D’autant plus chez quelqu’un qui l’intéresse plus que d’ordinaire.

Une fois le petit discours fini, il pose doucement ses mains sur celle d’Eli et il lui fait lâcher prise, pouvant ainsi se redresser. Il lui tient toujours les mains et ne s’écarte pas.

- Tu es un animal sauvage qu’on ne peut pas approcher de façon conventionnelle. Ma bonne humeur t’aurait agacé au bout de 5 minutes. Je t’observe tu sais...Tu restes toujours à l’écart du bruit et de l’agitation. Si je voulais attirer ton attention, il fallait que je passe par un autre chemin.

Sa voix est plus calme et son sourire a légèrement disparu, il est soudain plus sérieux. Toujours trempé, l’eau dégouline le long de son visage et son cou, quelques gouttes disparaissent dans le col de son t-shirt. Ses cheveux se sont assombris au contact de l’eau et il récupère une main pour les tirer à nouveau en arrière et se dégager le front.

Il tente une approche plus douce et se penche vers lui pour que sa tête soit juste à côté de la sienne. Sa bouche à proximité de son oreille, il souffle.

- Au moins tu penses à moi…

Il n’était absolument sûre de rien, ça se trouve pas du tout mais il ne s’en sentirait pas blessé. Ou juste un peu. Mais il voulait voir comment réagir Eliott, creuser pour savoir ce qui se refermait à l’intérieur. Il se doutait qu’il ne le croirait pas s’il lui disait qu’il voulait devenir ami.

- T’es mignon quand tu rougis

Ce sont les seuls mots qui sont sortis de sa bouche suite au monologue fiévreux d’Eliott. Il l’avait presque enguirlandé, lui expliquant ce qu’il avait en tête et ce qu’il souhaitait qu’il  fasse.
Il savait pertinemment que ces quelques mots n'arrangeraient en rien les choses, au contraire, il était presque sûr que cela lui ferait péter un cable. Cependant Murphy avait à peine écouter ce qu’il lui avait sorti, ou du moins sa concentration était occupée autre part.

Ce n’était pas la première fois qu’il exaspérait quelqu’un, il n’y a qu’à demander à ses frères et soeurs. Cependant on ne pouvait jamais lui en vouloir trop longtemps. Hors là il comprenait plus ou moins qu’Eliott était loin de tirer un trait sur le fait qu’il venait exprès l’emmerder pour avoir son attention. D’ailleurs il se doutait qu’il lui en voudrait de se jouer de lui ainsi. Mais Murphy ne faisait pas cela pour une raison aussi claire et précise, il y avait plus, cependant le rouquin ne savait pas quoi, du moins clairement.
C’est en le voyant rougir que ça lui fait tilte, d’où cette réponse complètement incongrue. Mais qui pourrait avoir le mérite de clouer le bec au plus jeune.

- Quelles choses illogiques ?

Ce passage l’avait piqué plus que les autres, alors qu’il devrait simplement s’excuser et le laisser tranquille. Murphy était quelqu’un de persévérant...voire buté. Il ne réfléchissait pas beaucoup non plus, la situation entière le confirme, mais cette fois il savait qu’il devait en faire l’effort. Notamment se rendre compte qu’il fallait donner un peu d’espace à Eliott s’il ne voulait pas qu’il lui pète au visage, métaphoriquement parlant. Mais apparemment ça peut arriver sur le plan littéral.

Murphy libère donc doucement les mains du rouquin et recule pour lui faire de l’air. Il l’observe encore un instant puis le contourne pour aller s’asseoir à côté de l’endroit d’où Eliott était posé un instant plus tôt.
Un passage de sa tirade lui revient et il joue avec sa bouteille tout en cogitant un instant. Il était bien plus calme qu’à son habitude. Il devait s’adapter à lui s’il ne voulait pas le faire fuir, chose qui était plus que probable.

- En fonction du morceau tu pianotes avec tes doigts. Quand tu regardes ton téléphone tu te mords la lèvre la plupart du temps, je me suis toujours demandé ce qui te rendait autant anxieux. Et…” il désigne sa main du menton “...ta bague, tu la fais souvent tourner avec ton pouce. Alors si, je t’observe. "

Il lève le nez vers lui et plante son regard émeraude dans le sien.

- Je ne me voyais pas t’approcher de façon conventionnelle. Je suis bien trop bruyant pour toi. Je ne suis pas très futé non plus, c’est ce que j’ai trouvé sur le tas, je ne dis pas que c’est la meilleure idée du siècle mais tu as réagis, c’est tout ce que je voulais. Te voir faire en dehors de ta bulle.

Réflexion faite, Murphy commençait vraiment à se dire qu’il le trouvait mignon. Au début ce qu’il l’avait attiré c’était son caractère. Sa façon de réagir, ce qu’il avait vu dans son regard. Il avait eu envie d’en savoir plus, de comprendre pourquoi il réagissait ainsi. Même si il ne fallait pas sortir de Saint Cyr pour se rendre compte qu’il le gonflait tout simplement. Curieux comme il était il voulait creuser un peu plus.

- Est ce qu’il y a un jour précis pour faire un compliment ?

Surtout que c’était la première fois qu’il rougissait en sa présence. C’est qu’il avait dû toucher une corde sensible ou l’avait ébranlé avec quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas. Murphy était perdu dans ses réflexions et a du mal à mettre le doigts dessus. Il voulait le voir rougir à nouveau. Le voir perturbé par ce qu’on pouvait lui dire, visiblement il n’était pas habitué. Pourtant c’était la vérité, mais l’irlandais se doutait qu’il ne le croirait pas avec ce qu’ils avaient pu vivre ces derniers temps.

- Donc tu aimerais que je te souris.

Il se lève et se rapproche rapidement de lui. Son intérêt était piqué, il avait peut être trouvé une faille par laquelle s’insinuer pour enfin comprendre cet être complexe qu’est Eliott.

- Comme tu le dis, je suis souriant avec tout le monde, sauf toi. Et si je fonctionne à l’envers, vu que je suis idiot.  Demande toi pourquoi, seulement toi ?

Il était surpris de s’entendre aussi énigmatique, décidément, ce Eliott faisait ressortir des côtés de sa personnalités bien enfouis. Son visage n’est qu’à quelques centimètres du sien, il peut à nouveau sentir son souffle, voir ses pupilles, et la veine de son cou.

- Que je te fais autant quoi ? Dis moi Eliott, je suis curieux. J’écoute tes reproches mais qu’est ce qu’il y a un peu plus profond ?

Il ne lui donne pas vraiment de réponse, posant lui même autant de questions. Murphy réfléchit à peine à ce qu’il fait, les réactions du plus jeune l’ont ébranlées et il suit simplement son instant.
Le voilà qu’il prend doucement le menton d’Eliott entre son pouce et son index. L’envie est là, il sait qu’il se prendra un aller-retour si il ose mais qui ne tente rien n’a rien.

- Peut être que c’est avec les autres que je ne suis pas moi même.

La présence du jeune outsider rendait Murphy bien plus sérieux que d’ordinaire, il était calme et n’avait pas son attention dispersée à droite et à gauche. Il était seulement concentré sur lui et rien que lui. Plus les secondes passaient, plus Eliott parlait, plus il se rendait compte de certaines choses. L’admettre était encore autre chose.
Il inspire, ne sachant quoi dire de plus au rouquin qui attendait visiblement des explications. Les premières qui viennent à l’esprit de Murphy ne seront pas bien reçues, il s’en doutait. Lui même aurait des doutes si quelqu’un en face de lui aurait un discours qui n’irait pas avec le comportement adopté.

Ses doigts lâchent doucement son menton et son pouce glisse le long de sa mâchoire. Murphy retient son souffle, il s’attend à n’importe quel moment à ce que le jeune le repousse. Mais il maintenant qu’il était si près il ne pouvait plus se retenir, il mourait d’envie de le toucher. Là, de prendre son visage dans ses mains et de lui dire tout ce qui lui passe par la tête. Mais tout était si brouillon qu’Eliott le regarderait bouche bée avant de s’enfuir en courant. Ou non...il lui mettrait une droite. Murphy ne voulait pas perdre ce qu’il pouvait effleurer du bout des doigts, du moins pas tout de suite. C’est ce qu’il avait cherché depuis toutes ces semaines, un rapprochement, quel qu’il soit. Il voulait l’attention d’Eliott, peu importe comment. Il avait piqué son intérêt depuis le début et après ça il allait l’enquiquiner juste pour être avec lui. Pathétique ? Peut être.

- Je ne sais pas pourquoi toi Eliott, ça ne s’explique pas. Si j’agis ainsi avec toi c’est parce que je n’ai pas besoin de faire semblant, d’être toujours souriant. Quand je fais le con, soit on me suit, soit on me dit que je suis immature. Tu es le seul qui a réagit de cette manière, tu étais en colère contre moi. Ca m’a surpris, et j’ai surement continué pour comprendre pourquoi. Alors ouais...je suis peut être maso, mais ça m’a permis d’être proche de toi.

Il ne peut pas cacher le léger rouge qui colore ses joues. Il avait beau être grande gueule, il n’était pas dénué de sensibilité.

- Alors frappes moi si tu veux mais... je ne fais pas ça avec les autres.

La seconde d’après sa main glisse pour que sa paume repose contre la joue d’Eliott, ses doigts maintiennent légèrement sa nuque. Il efface l’espace qui restait entre eux et l’embrasse.
Il laisse échapper un léger soupire, le contact de ses lèvres lui fait plus d’effet qu’il n’aurait pensé. Il ne sait pas combien de temps ça va durer alors il profite de ce moment hors du temps. Ne voulant pas voir le dégoût ou autre émotion déplaisante dans le regard d’Eli, il ferme les yeux. Son corps est tout proche du bien, il peut le sentir l’effleurer, ce qui lui donne envie de le serrer davantage contre. Il avait envie de voir à quel point son corps pouvait se mouler contre le sien.
Il ne pouvait plus faire semblant maintenant, le désire était présent.

Plus rapidement qu’il n’aurait voulu, Murphy sent sur lui les mains de son homologue. Il retient un son de frustration et se laisse faire. Sa tête tombe un peu, il regarde le sol, pas prêt à faire face au visage déconfit d’Eli. Il voulait garder un maximum de temps le souvenir de ses lèvres avant qu’il ne s’énerve.
Il attend, mais rien ne vient. Il lève alors le nez et il découvre, comme attendu, surpris et perdu. Cependant il ne voit pas de colère ni de mécontentement, ce qui le prend un peu de court. Pour une fois il se retrouve comme un con à ne pas savoir quoi dire. Pourtant il se doutait qu’il voudrait des explications sur son geste fort révélateur.
Son premier réflexe serait de s’excuser, c’est le minimum à faire dans ce genre de situation où on embrasse quelqu’un par surprise, sans vraiment son consentement, cependant Murphy reste muet. Il avait eu envie de le faire et ne le regrettait pas, et il en avait encore envie.  C’était en accord avec le reste de son comportement envers lui, il ne fonctionnait décidément pas dans le bon sens dès qu’il s’agissait d’Eliott.

Il va pour venir prendre sa main, tentant de l’amadouer, voir s’il serait d’accord pour recommencer. Eli prit les devants, en pendant aussitôt à un canular. Bien qu’il ne pouvait en être étonné, Murphy en fut blessé. Il resta silencieux, n’étant pas en position de dire quoique se soit, le laissant juste avaler ce qu’il venait de se passer. Son coeur se serre davantage en le voyant s’asseoir par terre dans une position de replis. Il aurait tant voulu l’emmener loin et lui montrer par n’importe quel moyen qu’il était sincère, mais il devait approche Eli avec délicatesse. Au lieu de commencer à zéro, que le baiser ne le fasse descendre à -1 ou -2, il commençait avec une base de -10 avec toutes ses conneries, et le baiser n’arrangeait visiblement pas son cas.

- Ce n’est pas une plaisanterie, c’était sincère. Je peux comprendre que tu ai du mal à le croire. Je ne me moque pas de toi, je ne l’ai jamais fais d’ailleurs.

Il vient s’asseoir calmement à côté de lui. Il aimerait le prendre dans ses bras mais ne tente pas le diable. Il le regarde en silence et ne tient pas longtemps. Il lui retire doucement son bonnet et lui caresse doucement les cheveux. Il découvre alors leur contact et ronronne intérieurement qu’ils soient si doux, il avait une curieuse envie de mettre son nez dedans et de ne plus bouger.
Avant qu’Eliott ne fasse un bond et ne s’éloigne encore plus, il arrête et regarde le bonnet qu’il tenait dans les mains.

- Tout ce que j’ai pu faire envers toi c’était pour attirer ton attention. Ce n’est pas la meilleure des manières j’en conviens mais en voyant ta réaction je n’ai pas pu changer de méthode. J’ai été con, oui. Car je t’ai mis dans une situation désagréable et je t’ai fais pensé que je te voulais du mal. J’en suis sincèrement désolé.

Il se demandait si après ça il n’aurait plus du tout aucune chance, ce qui était fort probable. Alors autant dire ce qu’il ressentait vraiment, même si c’était encore flou pour lui. Il continue de fixer le bonnet, comme si ce vêtement était ce qui retenait Eliott près de lui.

- Je voulais être avec toi, je ne sais pas pourquoi. Je sais juste que quand je te titillais, tu me regardais. Je crois que ça m’a fait quelque chose. Je t’ai embrassé parce que j’en avais envie, et j’en ai toujours envie, non pas parce que je voulais m’amuser avec toi. Cependant je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir. Je te laisserai tranquille. Pour de bon.

En se levant ce matin, l’irlandais ne s’attendait pas à vivre autant de choses en si peu de temps, et que son ascenseur émotionnel ferait autant d’aller retour. Bien entendu il avait espéré croiser Eliott un jour ou l’autre avant la rentrée, histoire de profiter du contexte différent. Qu’il y ait bien moins de monde pour tenter de se montrer différent avec Eli, voir si il pouvait prendre un autre chemin, apprendre à le connaître sans cette pression autour d’eux que provoque la foule. Peut être dans l’espoir de pouvoir changer de tactique. Celle-ci commençait à lui peser car il voyait bien qu’Eliott commençait à en avoir marre. Cependant il n’avait pas pu se mettre à l’oeuvre, il ne l’avait pas vu jusqu’à aujourd’hui. Et ça avait eu l’effet inverse, son subconscient mettait sur son chemin plein de signes qui lui rappelait le rouquin, alors impossible de ne pas penser à lui.
Il ne pensait pas une seule seconde que les choses prendraient une telle tournure.

Bien des fois il s’était demandé ce qu’il ressentait réellement, parce que pas question de se pointer devant lui sans un minimum d’explications, car il s’attendait soit à se faire envoyer bouler ou insulter, ou dans le meilleur des cas, se voir offrir l’opportunité de s’expliquer. Ce qui était le cas aujourd’hui, avec en prime, un baiser. Que demander de plus ? Et bien plus justement, ce petit geste avait remuer quelque chose bien enfoui chez le littéraire. Il voulait en découvrir davantage, et le seul moyen était de devenir plus proche d’Eli. Est ce qu’il le laisserait faire ? Là était une autre histoire, car après ce baiser, celui-ci pouvait s’imaginer tout un tas de choses, et peut être vouloir établir les choses clairement. Ce que Murphy était incapable de faire à l’heure actuelle. Il savait juste qu’il voulait l’avoir près de lui.

Ce n’était pas sa première relation, si par hasard cela en devient une, mais là la façon dont ils avaient appris à se connaître, changer la donne. Rien n’était fait de façon conventionnelle, merci Murphy. Du coup il n’avait pas vraiment de repères pour se dire si oui ou non il ressentait telle ou telle chose. Il s’était mis tout seul dans la merde. Mais cette pensées s’efface bien vite lorsqu’il aperçoit le sourire d’Eliott. C’était bien la première fois qu’il le voyait faire, un léger frisson le remue et il se détend. Avec l’envie de l’embrasser à nouveau qui monte à nouveau d’un cran.

Il revient cependant sur terre et se repasse en mémoire rapidement ce que venait de lui dire le plus jeune. Ce n’était pas le moment de perdre ses moyens. Eliott avait besoin d’une certaine stabilité de sa part, et de changement.

- Je ne sais pas pourquoi j’ai agis ainsi et pas normalement. Si ce n’est les explications que je viens de te donner, j’ai agis par pur instinct. Et j’en suis à nouveau désolé si à moment donné j’ai été trop loin et t’ai blessé sans le vouloir.

Son compliment lui fait chaud au coeur, voilà un Eliott qu’il ne connaissait pas. Encore plus mignon une fois apaisé. Malgré son calme, Murphy rougit encore un peu, comment ne pas réagir ainsi quand votre crush vous trouve à son goût. Il se racle un goût la gorge mais est vite arrêté dans son geste par les mains d’Eli sur son visage. Il était loin de s’attendre à ce geste de sa part. Il le regarde alors avec des yeux légèrement écarquillés. Et sur le moment il se retrouve muet comme une carpe.
Lorsqu’il retrouve usage de la parole il murmure : “ On dit souvent que les opposés s’attirent...mais aussi qui se ressemble s’assemble. C’est assez paradoxal. Même avec le nez dans les bouquins, je n’ai jamais trouvé de réponse à ce paradoxe. “

Quand il était nerveux, il racontait n’importe quoi. Eli avait réussi à le déstabiliser et le voilà perdu dans la contemplation de son visage, détaillant chacun de ses traits.

- Je ferai de mon mieux…

Puis, doucement, il vient poser ses mains sur les siennes et les décolle doucement de son visage. Ses doigts se referment sur les siens délicatement. Son regard ne se détache pas du sien. Il respire le plus lentement possible pour essayer de se contrôler, ses lèvres étaient très proches et tentantes.
Dans un mouvement rapidement il l’attire contre lui, passant ses bras autour de son buste. Il enfouit son visage dans son cou et le serre contre lui.

- Tu veux bien sortir avec moi ?