Promis je ne ronfle pas

« Chambre 01 au rez de chausser de la résidence »
C'est ce qu'il y avait de noté sur la feuille qu'on venait de lui remettre, à peine passer la grille du pensionnat. Avec ce papier, on lui donna aussi quelque vague indication sur la direction à prendre pour que le blondinet puisse gagner sa chambre.

Impatient de voir sa nouvelle chambre, il courut dans les couloirs. Il se fit vite rappeler à l'ordre par un surveillant qui l'aperçut au loin : «On ne court pas les couloirs ! ». Il se stoppa aussitôt et s'excusa le regard ardent. Ses excuses terminées, il reprit sa course, mais cette fois en marchant rapidement.

- Droite puis gauche puis... Tout droit… Non, droite tout droit puis…

Damian ne faisait que tourner en rond depuis maintenant plusieurs minutes. Il n'avait aucun sens de l'orientation et l'excitation n'arrangeait rien. Lui, qui voulait s'installer dans sa nouvelle chambre avant de visiter, se retrouva malgré lui à visiter le pensionna. Il finit même, par revenir sur ses pas et croiser le surveillant une nouvelle fois. Cette fois, voyant le jeune homme en difficulté, le surveillant lui proposa son aide. Damian lui expliqua la situation et l'homme l'accompagna jusqu'à l'entrée de la résidence. Il lui donna une dernière indication et il partit sous les remerciements du blond. Sa nouvelle chambre se trouvait à quelques mètres devant lui.

Son excitation était à son paroxysme. C'était la première fois qu'il dormait loin de chez lui. C'était aussi la première fois, qu'il partagerait sa chambre. Pour lui qui était fils unique, c'était une grande expérience. Pour cette chambre, il dut marchander longtemps avec son père. Son paternel voyait en la colocation, une insulte à sa richesse. Damian voyait un moyen de se sociabiliser.

Après avoir prit une grande inspiration pour se calmer, il avança d'un pied tremblant vers sa chambre. La respiration n'avait pas suffit, le stress transformait son corps en coton. Quand son pied toucha le sol, il s'écroula. Il resta quelques secondes au sol dans un râle de douleurs avant de se mettre à rire. Il se releva d'un bond et rajusta sa veste. Son regard fixait la porte que le surveillant lui avait montré. Il fit le vide dans son esprit pour ne plus penser à la situation et pour ne plus stresser. Une fois son esprit allégé, il se précipita vers la porte.

Devant la porte, le stress reconquit son esprit. Il leva sa main toute tremblante et la posa sur la poignée. Avant de pousser celle-ci, il regarda autour de lui.

- La valise…

Il jeta son regard sur le lieu de sa chute. Il se rendit compte qu’il avait oublié de ramasser sa valise en se ruant sur la porte. Il regarda honteux autour de lui si personne ne le vit et il marcha rapidement pour récupérer sa valise. Une fois son bagage récupéré, oubliant l’avertissement du surveillant, il courut vers la porte de sa nouvelle chambre. Arrivé devant la porte, son corps se stoppa, mais sa valise dans son élan emporta les jambes du blondinet qui tomba une nouvelle fois.

- Aie… La… Valise…

Quand il se rappela qu'il était devant la porte de sa nouvelle chambre, il se releva brutalement. Sans réfléchir, le regard rempli d'excitation et les cheveux en pagaille, il toqua à la porte. Après avoir attendu quelques secondes, il ouvrit timidement la porte. À peine entré, il remarqua le regard de deux personnes braqué sur lui. Damian venait de les interrompre alors qu'ils rangeaient la chambre. Son visage s'empourpra, il ferma la porte derrière lui et s'approcha tout tremblant de ses nouveaux colocataires.

- Sa… Salut. Moi c'est Damian... Damian Frost. Enchanté de vous rencontrez.

Sans même avoir de le temps de bien observer sa nouvelle chambre, le rouquin attrapa la main de Damian pour le faire rentrer complètement dans la chambre. Toujours la valise de Damian en main, le roux lui présenta son nouveau lit. Sans même avoir le temps de répondre ou de se poser sur son nouveau lit, il fut présenté à son second colocataire.
Son deuxième colocataire du nom de Daniel, n'avait pas l'air aussi hyper actif que le rouquin, mais tout aussi sympathique. Un large sourire vint se dessiner sur le visage du Canadien, il ne pouvait pas rêver mieux comme colocataires. Il venait de les rencontrer, mais il savait déjà que le courant allait bien passer entre eux trois.

- Moi… Moi non plus je ne connais pas trop le coin, je viens tout juste d’arriver. Je suis en filière d’arts.

Sa voix était encore timide et hésitante, mais on pouvait noter des efforts de sa part pour se faire entendre. Il avait compris qu’avec des personnalités comme eux dans sa chambre, il va falloir qu’il s’impose un peu plus pour se faire entendre. Il ne s’en faisait pas trop pour sa timidité, il avait le pressentiment qu’il allait être à l’aise rapidement avec ses nouveaux colocataires.  

« Teins-toi en blond ? »

Approchant de son lit, Damian se stoppa pour regarder le rouquin. Il se mit à rire quand il l'imagina affublé de longs cheveux blonds. Le rire toujours aux coins des lèvres, il s'asseyait prudemment pour la première fois sur son nouveau lit. Il fut légèrement déçu, son nouveau lit n'était pas aussi moelleux que celui de chez lui.
Sans plus s'attarder sur ça, il se releva et tendit timidement sa main pour reprendre sa valise. Il sourit au roux pour le remercier et il repartit s'asseoir sur son lit, valise à la main. Son regard fuyait pour espionner les coins de ses deux colocataires. D'un côté, il y avait le coin du rouquin, en désordre et débordant de peluche. De l'autre côté, le coin de Daniel était bien rangé avec des photos pleins le mur. Le regard sur ce grand mur vide et se grattant la tête, Damian se demandait comment lui, allait décorer son coin. Des photos aussi ? Ou des dessins… Ah oui non les dessins ce n'est pas son fort. Des posters ? Oui, mais de quoi ? De film ?
La question de Daniel le sortit de ses pensées.

- Non, je pense rester ici pour voir comment c’est… Et aussi, je connais rien dehors.

Le sourire aux lèvres, il se leva et souleva difficilement sa valise pour la mettre sur son lit. Dans un instant infantile, il sauta sur son lit sans se soucier des regards présents dans la pièce. Il se redressa pour croiser le regard de ses deux colocataires. Instantanément, ses joues s’empourprèrent et il cacha son regard sur sa valise. 

Il plaça la valise bien en face de lui. Ses douces mains se baladèrent sur la valise en suivant la fermeture à la recherche du cadenas. Il le trouva au bout de quelques secondes. Le blondinet frottait ses petits doigts sur les numéros du cadenas pour essayer de l'ouvrir, sans succès. Plus il essayait des combinaisons de nombre, plus il se rendait compte qu'il ne se souvenait plus du code.
Ses mains s'écartèrent de la valise et virent fouiller ses poches à la recherche du papier qu'il se rappelait avoir écrit avant de partir, avec le code dessus. Pour essayer de cacher sa panique, les mains toujours fouillant chaque partie de son corps, il regarda ses colocataires avec un sourire crispé.

- Et… Et sinon... Vous... Vous venez d’où ? Pourquoi avoir choisi St-Adams  ? 

- C’est peut être ça que tu cherches ?

Le blondinet décrocha le regard de sa valise et leva les yeux. Les cheveux obstruant sa vue, il ne put bien apercevoir ce que le Rouquin lui tendait. Il releva la tête et plaqua de sa petite main, ses cheveux en arrière. Un énorme sourire se dessina sur son visage quand il vit, dans la main du rouquin, le papier qu'il pensait avoir perdu. N'ayant pas l'habitude d'être plaqué en arrière, ses cheveux cherchaient à reprendre, sans succès leurs places habituelles. La crinière en bataille, avec quelques mèches fragiles en l'air qui retombait doucement sur son visage, le blondinet prit le papier au rouquin qui vint s'asseoir à côté de lui.

Les yeux remplis de gratitude et de soulagement, Damian remerciait grandement le roux.
« 0123 » Comment, a-t-il bien pu oublier un code aussi simple ?! Sans plus se soucier de son oubli, il ouvrit doucement sa valise. Il connaissait le contenu de sa valise, mais il laissait le suspense l'envahir.
Une fois qu'il eut fini d'ouvrir sa valise énormément grande en comparaison de son petit gabarit, observant ses vêtements, il réfléchissait à quel vêtement sortir en premier.
Alors qu'il finissait d'établir son plan pour sortir ses vêtements et ne pas être débordé, il fut interloqué.

Son hyperactif de colocataire avait un job. Il était partagé entre l'admiration et l'incompréhension. « Ça doit être trop amusant d'avoir un job » pensa-t-il. Pour lui travailler n'était qu'un loisir de plus, un loisir fantasmé par son esprit.

Le blondinet sorti de ses pensées pour apercevoir son lit débordant de vêtement. Pendant qu'il s'était réfugié dans ses pensées, son corps avait machinalement sorti tous les vêtements de sa valise sans faire attention au plan établit quelques instants auparavant.
Se blâmant, il tourna ses yeux du côté où se trouvait son colocataire sur son lit. Il aperçut, que les vêtements commençaient à l'envahir. Il commençait à marmonner des excuses quand il leva les yeux et vit un de ses caleçons, poser sur les genoux du rouquin.
Sans faire attention, quand il avait l'esprit occupé, il avait posé un de ses sous-vêtements sur les genoux de son colocataire.

Instantanément, sa peau pâle prit un teinte rouge tomate. Il se précipita et posa ses mains tremblantes sur le caleçon qui se trouvait sur les genoux de son colocataire. Il voulut croiser le regard du roux pour s'excuser, mais son colocataire avait le regard baissé sur ses genoux. Damian suivit la direction de son regard, qui regardait les mains du blondinet. Il se rendit compte que ses deux mains qui tenaient son caleçon, étaient posées sur les parties intimes du rouquin. Ses joues déjà rouge, était sur le point d'exploser. Il retira rapidement ses mains qu'il plaça derrière son dos. Écarlate et tout tremblant, il bégayait des excuses.

- Je… Déso… C’était pas… Désolé… C’était vraiment pas…

Gêné, il essaya de se cacher en rampant sur les vêtements pour se mettre au milieu de son lit. Il prit les mots de Daniel comme échappatoire. Il releva le buste et regarda ses deux colocataires en parlant plus fort qu’à son habitude. 

- Oui… ça sera super cool qu’on sort tous les trois, à calço… À l’unisson ! ... À l’unisson !

Il ferma les yeux, laissant ce magnifique lapsus lui remplacer chaque litre de son sang par de la gêne. Doucement, il ouvrit ses paupières alourdie par la honte et il passa sa main dans ses cheveux avant de se rendre compte que le caleçon était encore dans sa main. Dans un petit grognement aigu, ses yeux s’écarquillèrent et il le planqua sous son oreiller. Toujours pourpre, il suivait du regard ses colocataires, prêtant une oreille attentive à ce qu’ils disaient. 

Damian fut quelque peu troublé, Daniel parlait de sa sexualité avec une certaine aisance qui perturbait le jeune Canadien. Dans son entourage ce sujet a toujours été tabou. Ses parents n'ont jamais pris le temps de lui expliquer. Les seules choses qu’il connaît sur la sexualité, c’est les films et le théâtre qui lui ont appris. Ce qui explique pourquoi il cherche toujours son orientation, ses fantasmes vacillants entre les femmes et les hommes.

« Et toi Damian ? »

Les yeux de Daniel braqué sur lui et son sourire, fit rougir le blondinet qui une main dans les cheveux, braqua son regard pensif, sur sa grande valise.

- Mes notes étaient en chute libre et mon père a décidé de reprendre mes études en main. Il avait entendu parler de St-Adams et de sa renommée. Après un vif débat, j'ai accepté d'y aller… Et je ne regrette pas du tout !

Le blondinet regardait ses deux colocataires, le sourire aux lèvres.

- Non ça ne me dérange pas du tout ! Surtout, avec des hommes aussi cool que vous…

Damian toujours écarlate, s’allongea sur son lit couvert de vêtements. Il ferma les yeux quelques secondes avant de se remettre assis brusquement. Son regard cherchait celui de ses colocataires.

- Vous dormez tôt ou tard vous ? Personnellement, j’ai quelques problèmes d’insomnie… Mais je ne vous dérangerais pas, promis !   

Le visage déjà pourpre de Damian, s'embrasait sous les commentaires et les rires de ses deux blagueurs de colocataires. Le blondinet était très gêné, mais d'un autre côté, il était soulagé que le rouquin ne le prenne pas mal et qu'il s'amuse de la situation. Il découvrit dans le même temps que Murphy est quelqu'un de très tactile. Ça ne le dérangeait pas justement, il le trouvait très attachant. Il voyait en lui un futur ami formidable.
Caché sous ses joues rouges et sous son embarras, se cachait un énorme sourire. Il était extrêmement heureux que ses deux colocataires rigolent et plaisantent avec lui. Sa timidité, qui avait tendance à éloigner les gens, eut l’effet inverse à cet instant.
Malgré ce qu’il laissait paraître, Damian était très amusé, il trouvait ses nouveaux colocs très drôle. Le roux et Daniel étaient d’un naturel très sympathique. Paradoxalement, tout ça le libéra de la timidité et la crainte qu’il avait à l’encontre de ses colocataires et de son nouvel habitat. La joie de vivre du rouquin et du blond à lunette, lui fit se sentir à l’aise. Il se voyait déjà partager de formidables moments avec eux.
Un sourire vint même se dessiner doucement sur son visage pendant que ses nouveaux amis répondaient à sa question. 

Le Canadien était rassuré, ses insomnies ne dérangeront pas ses amis. En apprenant qu’il arrivait à ses colocataires de veiller tard, Damian espérait avoir trouvé des amis qui l’accompagneront un temps, pendant ses insomnies. 
Un détail attira son attention, Daniel faisait des tirages photo. Le blondinet jeta son regard attentif sur les photos présentes sur le mur de Daniel. Il comprit que les photos avaient été prises par le blondinet à lunette. Instantanément, son regard se rempli d'admiration et il fixa son colocataire.

Les yeux toujours jetés sur son colocataire, Damian écoutait attentivement la proposition de sortie qu'il proposait. Le Canadien salivait d’avance en imaginant l’énorme pain au chocolat que son ami à lunette était en train de décrire. 
À peine Daniel eut fini sa proposition, que Damian se précipita sur le bord de son lit. Il se mit à genoux le dos bien droit et les yeux étincelants pointé sur le blond. 

- Oh ! Ça donne faim ! Ça serait tellement génial qu’on en mange un tous ensembles ! En plus, j’adore les pains au chocolat et j’aime beaucoup la pla…

Dans l’excitation, Damian ne fit pas attention à sa tête qui penchait vers le vide au fur et à mesure qu’il exprimait sa joie. Sa tête finie par lui faire perdre l’équilibre. Ses yeux s’écarquillèrent et dans un réflexe de panique, il essaya sans succès de s’accrocher à son lit. Il tomba du lit en se recroquevillant au dernier moment pour ne pas tomber la tête la première.

- Aïe… Plage… J’aime beaucoup… La plage…

Le blondinet s’était retrouvé par terre, les deux jambes au-dessus de sa tête. Il ouvrit les yeux et se rendit compte de la position dans laquelle il s’était mis. Le jeune homme laissa échapper quelques rires avant de remarquer la vue imprenable qu’il avait sur les photos de Daniel. 
Tout en essayant difficilement de se redresser, il s’adressa à son colocataire d’une voix curieuse et le regard étincelant d’admiration.

- Daniel, les photos sur ton mur, c’est toi qui les a prises ? Elles sont magnifiques ! Tu as énormément de talent, c'est incroyable !