Niché par-delà les montagnes qui décrivent la beauté de l’Angleterre, se terre un magnifique village nommé Saint-Adams par ses fondateurs du même nom, il y a de cela plusieurs siècles. L’endroit est le fleuron de la bourgeoisie et de la royauté du monde entier, surtout reconnu grâce à son pensionnat pour jeunes hommes, fondé il y a de cela quarante-et-un an par la richissime famille Adams. Il s’agit de l’établissement d’éducation le plus reconnu pour engendrer l’élite la mieux établie au monde. Les jeunes adultes des meilleures familles y apprennent tant gestion de leur patrimoine, que la bienséance ainsi que toute forme de savoirs. Particularité du village, la population est exclusivement masculine. Qui serez-vous ?... Un étudiant brillant et sérieux ou un membre de la jeunesse dorée profitant de l'argent de papa ? Un professeur bien sympathique ou au contraire sadique ? Ou peut-être, un simple villageois vivant de folles aventures ? Le choix est vaste, et il ne tient qu'à vous de franchir les grilles de ce pensionnat..more~
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Evénements
Ego vero sic intellego, Patres conscripti, nos hoc tempore in provinciis decernendis perpetuae pacis habere oportere rationem. Nam quis hoc non sentit omnia alia esse nobis vacua ab omni periculo atque etiam suspicione belli ? Duplexque isdem diebus acciderat malum, quod et Theophilum insontem atrox interceperat casus, et Serenianus dignus exsecratione cunctorum, innoxius, modo non reclamante publico vigore, discessit.
FORUM SCHOOL CITY RPG YAOI NC-18
everything is falling apart
Les rumeurs du Vilage : Infos ou intox ?
Il était un petit navire, qui n'avait ja-ja-jamais navigué ohé ohésavez-vous plantez-les choux, ... vive les courgettes et les dromadaires1+1=2tous pour huns, huns pour attila
Il n’avait jamais voyagé seul. Enfin, il avait déjà pris l’avion, le train ou d’autres transports sans la compagnie de proches, mais il n’avait jamais prévu de vacances en solo ! Certainement parce qu’il n’aimait pas la solitude et qu’il était intimement convaincu qu’on faisait de très belles expériences avec d’autres personnes. Mais ce coup-ci, il ne s’agissait pas d’un voyage habituel, purement touristique. Elijah avait un objectif derrière tout ça, suffisamment important pour passer par dessus son appréhension de se rendre dans un autre pays seul. Il y allait pour se ressourcer, se recentrer sur lui-même, passer une nouvelle étape vers la guérison. Se prendre en main en soi. Le blond avait quand même hâte de trouver l’inspiration dans son périple. Il misait sur cette petite escapade pour élargir son champ de vision mais aussi avoir de nouvelles idées pour sa boutique. Il avait donc naturellement choisi une destination fleurie, à proximité, pour environ une semaine de séjour sans trop faire chauffer sa carte bleue. Elijah était content de son choix. Après tout, c’était la première fois qu’il se rendait à Paris.
On entendait de tout et de rien sur la capitale française. Apparemment, les parisiens étaient exécrables et la ville très sale. Soit ! Mais c’était faire l’impasse sur la créativité artistique de ses rues ainsi que la gastronomie française très réputée. Lui aussi voulait manger en morceau de fromage tout en sirotant un bon verre de vin rouge en terrasse ! Chaque pays avait ses qualités et ses défauts. Elijah n’avait jamais vraiment idéalisé la France, alors il prendrait Paris comme Paris se présenterait à lui, sans jugements.
Arrivé la veille au soir en train, Elijah s’était pris une petite chambre Air Bnb dans le dixième arrondissement de Paris, non loin du centre Pompidou. Il avait établi son planning pour la semaine, assez chargé, mais la tête blonde s’était juré d’aviser au fur et à mesure du budget qu’il lui resterait. Il y avait tant de choses à faire et à voir à Paris ! Mais le ghanéen ne voulait pas tomber dans le voyage purement cliché du touriste lambda. Il comptait se perdre dans les rues, rencontrer des habitants, chercher des coins intimistes mais jolis. Bref, il ferait connaissance avec le vrai Paris ! Pour sa première journée dans la capitale, il allait voir la grande Dame de fer… mais se dirigerait très rapidement vers les jardins aux alentours. La flore restait sa grande passion et les jardins à la française étaient sublimes et romantiques.
Le lendemain matin, armé de son sac bien bouclé et de son pass pour prendre le métro autant de fois qu’il en avait besoin, Elijah quitta son logement et prit la route pour la tour Eiffel. Il aimait entendre les gens parler dans une langue qu’il ne comprenait pas autour de lui, lui rappelant le dépaysement et le fait que personne ne le connaissait lui et ses problèmes. Il apprécia même le passage du métro en extérieur, permettant d’apercevoir la fameuse Tour Eiffel entre les bâtiments du vieux Paris. Son arrêt devant l’impressionnante tour fut toutefois assez court, le temps de quelques pas sur le champ de Mars, d’une photo de la vedette de fer. Pas question de se rendre jusqu’aux pieds de cette dernière. Le blond avait bien vu la foule nombreuse et les commerçants nomades un peu louches qui proposaient des goodies à moindre prix. Elijah voulait du calme, quelque chose qui correspondait davantage à ses besoins du moment.
Un tour des jardins s’imposait. Jardin des plantes, jardin des tuileries, Eli eut toutefois une préférence pour le jardin du Luxembourg qu’il trouvait plus axé sur les plantes que l’architecture. Il jeta son dévolu sur un banc, placé à l’ombre. Une chance car par ce soleil de plomb, les places du genre étaient prisées. Une jeune femme était installée à l’une des extrémités, un gros carnet à la main et une palette d’aquarelle placée à côté d’elle. Cette dernière devait être une artiste dans l’âme, au vu de sa concentration infaillible et des nombreuses tâches de peinture sur ses mains. Elijah zieuta du coin de l’œil la véritable œuvre qui prenait vie sur le papier épais, mâchouillant pour sa part un morceau de son sandwich qu’il avait déballé entre temps. Il n’osa pas l’interrompre. Déjà parce qu’il ne parlait pas français, d’autre part parce qu’un travail en cours ne devait pas être perturbé.
Il eut le temps de se relaxer, tout en terminant son déjeuner. La jeune inconnue, assise en tailleur, n’avait pas bougé de sa place. Le blond jeta de nouveaux coups d’œil vers l’aquarelle presque terminée. La brune releva un magnifique regard vert vers Elijah qui, un peu gêné d’être pris en flagrant délit, tourna la tête dans la direction opposée. Cela fit sourire la demoiselle qui tendit son carnet. Elijah ne saisit pas les mots qu’elle prononça sur le coup, mais à son joli sourire, il cru comprendre qu’elle l’autorisait à regarder son travail de plus près. Religieusement, il prit le carnet, souriant à son tour.
- Hm… Ah comment on dit déjà en français… "Merci ? Merci beaucoup ?"
Son accent trahissait clairement qu’il était étranger anglophone. La jeune femme ne fut pas plus perturbée que ça, lui expliquant qu’elle parlait un peu anglais. Au grand bonheur du blond qui s’empressa de complimenter les talents de cette dernière. Curieuse, elle l’interrogea sur les raisons de sa venue. Elijah put alors lui raconter son histoire, son combat contre la maladie, ses espoirs pour l’avenir, sa rage de vivre. Elle l’écouta plus qu’elle ne parla d’elle-même, ses yeux verts ne traduisant que l’empathie qu’elle ressentait pour lui. Ils restèrent à discuter sur ce banc deux bonnes heures, deux heures écoulées si rapidement que le ghanéen se montra surpris en regardant les aiguilles sur sa montre. L’artiste elle-même devait rentrer.
Tandis qu’ils se saluaient pour se dire au revoir, la jeune femme rangea rapidement ses affaires dans son sac de toile, attrapa son carnet, rédigea quelques mots puis arracha la page d’aquarelle qu’elle venait de réaliser. Elijah posa son regard sur le papier qu’il attrapa délicatement. Étaient écrit ces quelques mots en anglais :
Aime toi, aime plus fort, dis le pour toi et pour l’autre. - Emma -
Le temps qu’Elijah lise ces quelques mots, la prénommée Emma avait déjà tourné les talons. Le blondinet se redressa soudainement, l’appelant.
- Emma !! Emma !! Merci beaucoup ! Merci pour tout !!
La brune aux cheveux longs se tourna, lui adressa un sourire en lui faisant signe puis disparu. Eli suivit la démarche de la jeune femme du regard jusqu’à ce que cette dernière quitte son champ de vision. Puis il baissa la tête en silence, relisant ces quelques mots tellement lourds de sens pour lui. Elle avait raison, elle ne s’en rendait peut-être pas compte. Un sourire empli d’émotion étira le fin visage du ghanéen. Assurément, cette rencontre, aussi éphémère fusse t-elle, il n’était pas prêt à l’oublier. Il n’était pas prêt à oublier Emma, la jolie française aux yeux verts.
Le deuxième jour de son périple parisien s’annonçait chaud lui aussi. De ce qu’il avait cru voir à la télé française et comprendre, les températures de cette année étaient exceptionnelles. Le blondinet n’allait pas s’en plaindre. Ayant grandi en Afrique, il avait passé son enfance sous des soleils de plomb et de nombreux étés à travailler dans les champs de cacaoyers. Il s’était déshabitué à voir le mercure dépasser la barre des 30 degrés mais cela ne lui faisait pas de mal de renouer avec les morsures du soleil. Il pourrait ainsi renouveler son bronzage d’antan qui avait laissé place à sa nature de peau bien anglaise. Elijah se sentait bien.
S’étant promis un petit tour de la gastronomie française, Elijah avait jeté son dévolu sur un restaurant sans chichis mais à bonne réputation et demandé à réserver une table pour une personne en terrasse. De quoi profiter de la météo mais aussi se laisser aller à observer les allers et venus des passants dans les rues de la capitale. Très franchement, il ne trouvait pas les parisiens si moroses, simplement occupés, comme tout bon peuple qui devait s’affairer à se rendre au travail.
Assis à sa table, le blondinet avait passé en revue la carte des plats. Hm… il fallait avouer que les prix étaient assez élevés. Quitte à sortir les billets, il voulait le faire dans un restaurant un peu plus chic. Le ghanéen opta donc pour le menu du jour : simple, rapide, plus économique, moins plombant qu’une assiette pleine de fromage coulant et de pommes de terre, surtout par cette chaleur. Un bon rapport qualité-prix pour un steak tartare assaisonné à souhaits et des vraies frites françaises maison. Le blond n’avait jamais mangé de viande crue de sa vie, mais il avait sauté le pas, ayant entendu dire que c’était délicieux. Il réclama un verre de vin rouge à côté. Il n’y avait pas à dire, Elijah se régalait. Il essaierait de trouver la recette pour reproduire ce plat chez lui. Il avait hâte de passer à l’assiette de fromages puis de finir avec une crème catalane au citron.
Attendant son dessert, le ghanéen s’accouda à sa table, ne se lassant pas d’observer les rues. Il y avait ce charme parisien incontestable qui le séduisait. Il avait du mal à se dire qu’une telle ville avait connue des attentats meurtriers tant l’atmosphère lui paraissait paisible. Relaxé, il ferma brièvement ses yeux avant d’entendre le déclic caractéristique d’un appareil photo. Elijah rouvrit les yeux, cherchant du regard l’origine du bruit : la table juste en face de lui. Le photographe était un homme qui avait l’air d’être dans ses âges et, en voyant la direction donnée à l’objectif, le fleuriste n’eut aucun mal à comprendre que c’était lui qui venait d’être photographié. Hein ?
Le photographe croisa son regard et lui fit signe avant de se rapprocher de lui, lui demandant s’il était français. Elijah s’empressa de lui dire qu’il parlait anglais. L’homme reprit alors, avec un accent germanique.
- Je ne voulais pas vous déranger. Je suis photographe et j’aime prendre des portraits très naturels de personnes dans la rue. Si cela vous gêne, je peux l’effacer.
Le blondinet, quelque peu surpris lui fit signe que ça ne le dérangeait pas. Il autorisa l’homme à s’assoir en face de lui. Ce dernier lui présenta une carte professionnelle sur laquelle était indiquée son nom, son site internet et différents moyens de le contacter. Elijah attrapa la dite carte, lisant les informations, toujours cet air interrogateur au visage. Pourquoi avait-il décidé de le photographier, lui ? Sentant la gêne du ghanéen, le photographe lui adressa un sourire.
- Peut-être n’avez-vous pas l’habitude d’être devant l’objectif ? Vous dégagiez une aura qui m’a plu. On vous a déjà dit que vous aviez un air de Léonardo DiCaprio ? Dans ses jeunes années.
- Euh je… non, on ne m’avait jamais dit ça. Cet acteur est bel homme, jamais je ne penserais être comparé à lui…
- Pourtant je trouve que c’est assez flagrant. Vous permettez que je replace un peu vos cheveux ?
Elijah se laissa faire, prenant quelques couleurs tandis que le photographe chassa sans ambiguïté sa frange qui cachait son front. Il l’ébouriffa un peu et en chassa la plupart sur le côté droit. Après quelques instants d’observation, l’homme sembla satisfait, acquiesçant pour lui-même.
- Aaah là je trouve que c’est particulièrement vrai ! Ça vous va bien ! Je peux vous demander votre autorisation pour quelques photos en plus ? Ne faites pas attention à moi, je vais retourner à ma table et prendre quelques clichés sans vous prévenir, je ne veux pas que vous posiez spécialement pour moi. Le naturel m’intéresse davantage. Je vous montrerais le résultat.
- Si vous voulez…
Toujours perturbé, Elijah regarda l’inconnu retourner à sa place tandis que le serveur arriva avec son dessert. Tendu, ne sachant pas trop quoi faire de ses mains, il adressa un regard à son voisin de table qui lui fit signe de ne pas faire attention à lui. Bien… Ce fut après quelques minutes et les premières bouchées de crème que le blondinet parvint à oublier le photographe, consultant parfois son téléphone ou savourant son verre de vin. Si on lui avait dit qu’il servirait de modèle à un artiste un jour… Ce fait était plutôt flatteur en soi…
L’allemand revint vers lui lorsque l’addition lui fut apportée. Le photographe arbora un grand sourire en lui donnant un aperçu des différents clichés qu’il avait obtenu sur l'écran de son appareil photo. Des photos en noir et blanc, des portraits plus ou moins larges avec le décor souvent flou, l’artiste s’intéressant davantage aux expressions qu’au contexte dans lequel se trouvaient ses modèles. Elijah fut vraiment très surpris du résultat.
- Vous êtes vraiment talentueux ! Je ne m’étais jamais vu ainsi en photo auparavant ! Vous me rendez très beau haha !
- Non Monsieur, je ne travaille pas le superflu et je ne modifie rien. Mes photos sont souvent brutes quand je les mets en ligne. Comme je vous l’ai dit, je suis captivé par le naturel. Cette beauté dont vous parlez, c’est la vôtre, celle que vous avez tous les jours. Merci en tout cas d’avoir accepté de poser pour moi ! Puis-je avoir votre prénom ?
- E…Elijah…
Les mots du photographe touchèrent le cœur du fleuriste de plein fouet. Était-il vraiment ainsi en vérité ? Lui qui se regardait toujours dans le miroir avec un œil extrêmement critique, se concentrant sur ses défauts, il était le premier surpris de se qualifier de beau. L’allemand lui adressa encore quelques mots avant de lui signaler qu’il pourra récupérer les photos par mail puis de lui faire signe en s’en allant à la recherche de nouveaux portraits. Le blond le remercia et le suivi du regard avant de prendre son porte-feuille, troublé. Un sourire vint toutefois illuminer son visage. Peut-être était-ce un nouveau signe après tout. Le signe qu’il devait vraiment apprendre à s’aimer. Puis qu’il devrait garder ce style de coiffure ?
Depuis qu’il se faisait suivre psychologiquement et qu’il s’efforçait de reprendre du poil de la bête, Elijah avait mis en place de nouvelles habitudes saines pour l’aider dans sa guérison. Tout d’abord, se cuisiner des plats équilibrés. Il avait tout à y gagner. Retrouver de l’énergie, prendre du plaisir à cuisiner, avoir une meilleure peau et une chevelure plus brillante. Ensuite, dormir à des heures régulières, suffisamment. Il n’y aurait pas songé, mais après quelques recherches, un sommeil réparateur rimait avec bonne santé et bon moral. Sans parler du fait que ça lui permettait de stabiliser son poids. En parlant de poids, il s’était inscrit à la salle de sport au village et avait un coach depuis peu. Le genre de type baraqué qui donnait une foule de conseils et d’énergie positive pour dépasser ses limites. En complément de la musculation, il y avait également le footing qu’il essayait de mettre en place, même si ce n’était pas son activité favorite. Au moins deux fois par semaine, suffisamment longtemps pour travailler le cardio. Valerian lui avait mis les points sur les i. Ce n’était pas parce qu’il partait en vacances qu’il devait mettre sa tenue de sport au placard. Le grand brun lui avait fait les gros yeux. Elijah avait compris le message. Alors aujourd’hui ne faisait pas exception, il allait courir.
L’avantage du décor parisien était qu’il dépaysait suffisamment le petit fleuriste pour lui donner la force de se lever tôt. Avec les températures exceptionnelles, il n’était pas question de faire son footing en plein après-midi. Il aimait la chaleur, mais Elijah n’était pas suffisamment fou pour s’infliger lui-même une insolation pendant ses vacances. Alors il s’était levé au petit matin pour avaler son petit-déjeuner et aller courir une heure plus tard, à la fraîche.
Par contre, il lui fallait un objectif. Le blondinet détestait courir pour courir. Il finissait toujours par se décourager et agoniser en pensant au chemin du retour qui l’attendait. Il n’était pas joggeur depuis très longtemps, alors le ghanéen avait encore du chemin à parcourir avant de faire de longues distances sans peiner et se concentrer son souffle. Aussi, avant de quitter son logement, il s’était renseigné sur les œuvres d’un artiste urbain, pochoiriste : C215. Ce dernier avait réalisé de nombreux portraits dans les rues de la capitale, accessibles à tous. Son traitement de la couleur captivait Elijah. Il voulait voir ça. Le blondinet avait réussi à trouver un forum regroupant divers itinéraires menant à ces œuvres urbaines. Aujourd’hui donc, il allait faire un ou deux itinéraires en courant. Sa récompense sera de pouvoir prendre une peinture en photo à chacune de ses étapes, en plus de découvrir des rues qu’il n’aurait jamais parcouru autrement.
Voilà déjà une bonne trentaine de minutes qu’Elijah alternait courses et pauses marchées. Il avait réussi à capturer plusieurs peintures : de très beaux souvenirs pour le fleuriste qui aimerait bien avoir un tel portrait dans un coin de sa boutique. Par contre, il n’avait pas prévu assez d’eau sur lui et sa bouteille était déjà vide. Avec la température qui montait doucement mais sûrement, Eli savait qu’il ne pourrait pas tenir la cadence sur le chemin du retour sans boire. Mourant de soif, il lui fallait s’arrêter à un magasin pour acheter une nouvelle bouteille. Sauf que le quartier dans lequel il se trouvait actuellement était plutôt résidentiel. La prochaine boutique devait se trouver à bonne distance. Bien…
Marchant tout en consultant le GPS sur son téléphone, son attention fut attirée par une dame âgée habitant au rez-de-chaussée d’un immeuble à quatre étages. Cette dernière était dehors en train d’arroser ses fleurs. Et quelles belles fleurs ! Souriant, le blond se permit de se rapprocher et d’observer ces beautés, sous le regard curieux de la mamie coquette. Il la salua, prononçant un « bonjour » à l’accent purement british. La petite dame se mit à sourire à son tour, comprenant qu’elle n’avait pas à faire à un français. Elle lui adressa quelques mots, mais Elijah n’en saisit aucunement le sens. Il prit alors son téléphone et utilisa google traduction pour affirmer à la jardinière :
- Je suis fleuriste. Vous avez de très belles fleurs !
Le visage ridé de la dame s’illumina qui s’empressa de répondre de plus belle par une très longue tirade dans la langue de Molière, absolument passionnée parce qu’elle disait. Elijah ne comprenait pas un mot, mais le sourire de cette femme était tellement communicatif qu’il ne put s’empêcher de lui rendre chacun d’entre eux, attendri. Il prit toutefois le temps de la faire parler à travers le téléphone pour apprendre que le jardinage était sa grande passion et qu’elle avait appris tout cela grâce à son père. Adorable. Absolument adorable cette mamie !
Après quelques petites banalités échangées, le fleuriste lui demanda où se trouvait la supérette la plus proche, ayant besoin d’acheter de l’eau. Cette dernière s’arrêta, posant son arrosoir et essuyant ses doigts tordus sur son tablier avant de lui faire signe de la suivre chez elle. Un peu surpris, Elijah s’exécuta, découvrant un intérieur typiquement français, dans un style provençal avec de nombreux meubles anciens en bois massif. Les murs étaient recouverts de papier peint à motifs fleuris et de photos de ses enfants et petits-enfants. Il y avait de nombreuses fleurs à l’intérieur, quelques canaris dans une cage, sifflotant mélodieusement, dérangeant le gros chat avachi sur une chaise en paille tressée. Ce dernier avait le dos dégarni, sûrement à force de nombreuses caresses de la part de sa propriétaire. Le matou le regarda d’un œil à moitié endormi. Elijah s’arrêta à l’entrée du salon, ne sachant pas trop où se poser tandis que la mamie revint avec un grand verre dans la main.
Assurément, le verre ne contenait pas que de l’eau. La couleur le fit penser à une sorte de sirop. Souriant à son hôte, il la remercia. Lui qui avait soif ça tombait bien ! Le blond avala la boisson en quelques grosses goulées, son regard s’illuminant de délice. Ce goût lui était familier… mais c’était la première fois qu’il buvait un sirop aussi bon ! Face à son air interrogatif, la petite dame se mit à rire avant de lui désigner un pot avec des violettes. C’était un sirop qu’elle prenait soin de confectionner elle-même avec des fleurs de son jardin. Admiratif, le ghanéen se confondit en compliments. Délicieux ! Voilà une recette à prendre en note parce que selon celle-ci, c’était très simple à fabriquer.
Après cette découverte, la mamie disparue de nouveau avant de revenir avec une bouteille de sirop entière qu’elle tendit à Elijah.
- Tu boiras ça quand tu seras rentré ! Tu penseras à la petite vieille aux violettes.
Elijah lâcha un rire et accepta avec beaucoup de plaisir le cadeau inattendu avant de la serrer dans ses bras en guise de remerciement. La jardinière lui tapota le dos, venant lui ébouriffer affectueusement les cheveux avant de lui faire signe qu’elle ne voulait rien en retour. Elle lui remplit sa bouteille d’eau puis le ghanéen n’abusa pas davantage de son hospitalité. La remerciant chaleureusement, il lui fit de grands signes avant de reprendre sa route. Adorable petit bout de femme… Elle lui faisait penser à sa grand-mère de cœur au Ghana. Il fallait qu’il prenne des nouvelles !
Ses deux bouteilles dans les bras, le blond se fit la réflexion qu’il ne pouvait plus continuer son footing au risque de casser la précieuse bouteille de sirop. Mais rien ne l’empêchait de marcher. Dans tous les cas, il se sentait particulièrement bien à présent ! L’hospitalité de cette dame ayant illuminé sa journée.
D’ailleurs… Elijah savait quoi ramener à Brayden désormais, ce dernier ne buvant pas d’alcool. Certainement qu’il apprécierait le parfum si particulier et savoureux de ce sirop entièrement made in France !
La veille, Elijah avait fait la rencontre de cette petit dame aux violettes. Un moment qui, il en était certain, deviendrait un doux souvenir emprunt de tendresse. Cette connaissance éphémère décida le jeune homme à aller fouiner chez plusieurs bouquinistes pour trouver un livre en particulier : une petite encyclopédie de botanique et d’horticulture en français. Certes, il ne connaissait pas cette langue, mais le blondin était très curieux de voir comment les français nommaient les fleurs et les autres plantes dans la langue de Molière. N’ayant pas un énorme budget pour un ouvrage dont il ne comprendrait même pas les 5%, Eli s’était plutôt tourné vers les boutiques d’occasion. Et il avait eu raison. Il avait eu un large panel de livres différents, plus ou moins épais. Le fleuriste opta pour l’un d’entre eux qui lui sembla complet mais pas trop long à parcourir. Quelques euros tout au plus Ce genre de bouquins n’intéressaient pas la majorité. Une excellente affaire qui lui donna le sourire tandis qu’il prit la route pour l’Opéra Garnier. Mais il ne comptait pas assister à une spectacle aujourd’hui. Sa matinée, il la consacrerait à une visite qui le stimulait davantage !
Il avait beaucoup entendu parlé du musée du parfum Fragonard. Il ne fut pas déçu. Tout au long de la visite, il put ainsi apprendre l’histoire du parfum au fil des siècles ainsi que connaître toutes les étapes donnant vie à ces fragrances si prisées aujourd’hui. Il assista à une conférence traduite en anglais, enchaina avec une visite olfactive puis se rendit même à un petit atelier lui permettant de créer sa propre eau de Cologne. Elijah était concentré durant cette dernière. Cette eau de Cologne, unique, personnelle, il la confectionnait dans l’intention de l’offrir à Brayden. Le fleuriste se basait sur ce qu’il connaissait de son ancien amant pour sélectionner les senteurs, suivant les conseils des animateurs pour rendre le tout harmonieux. Le tout donna une odeur sucrée, un peu vanillée, simple mais agréable. Enfin, il acheva sa visite avec un petit tour en boutique pour acheter des souvenirs pour lui, pour sa boutique, mais également pour ses proches. Le blondin voulait ramener une petite note française à ceux qui lui tenait à cœur.
Après cette matinée consacrée au parfum, Elijah acheta un sandwich en boulangerie - diable que le pain français était excellent ! - Le ghanéen avait tellement l’estomac dans les talons qu’il avala sa pitance en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Une grande rasade d’eau là dessus et le fleuriste enchaîna. Il y avait un autre musée qu’il coulait visiter. Pas le Louvre ou le centre Pompidou, mais le musée des arts forains dans les pavillons de Bercy.
Elijah n’était pas un fan absolu des fêtes foraines, même s’il appréciait toujours s’y rendre. Cependant, le blond devait avouer que les quelques clichés qu’il avait pu observer en ligne lui avait donné envie. De la couleur, un côté enfantin et féerique, une ambiance festive et acidulée. Ce fut ce qu’il retrouva sur place, tentant vainement de prendre des clichés de sa visite mais il fallait rester honnête. En photo, les visuels ne rendaient pas aussi bien que dans la réalité. Eli rangea rapidement son téléphone pour profiter pleinement de sa visite et se faire des images mentales de ses découvertes. L’avantage des lieux : l’on pouvait rejoindre d’autres pavillons. Le théâtre du merveilleux, les salons vénitiens… Là encore Elijah en prit plein la vue, les yeux pétillants d’admiration tout au long de sa visite. Ce fut dans le théâtre de Verdure qu’il put faire une pause, entouré de magnifiques jardins tout droit sortis de décors de films fantastiques.
Installé dans l’herbe, Elijah continuait de se détendre, profitant de cet instant pour sortir son achat du matin. Il commença à feuilleter son livre, page par page, lorsqu’il vit une mèche rousse, puis deux, puis toute une crinière lui bloquer la vue. Le fleuriste cligna des yeux, faisant face au visage angélique d’une petite fille qui avait tout d’une poupée de porcelaine. Cette dernière semblait espiègle, extravertie, un brin de malice dans le regard. Elle lui parlait de sa voix d’ange, pointant du doigt les quelques fleurs illustrées sur les pages vieillies.
- Ah euh… « Bonjour ! Comment allez-vous ?»
La petite fille ricana et s’assit à côté de lui, commençant à lire quelques noms de fleurs. Elijah s’empressa de répéter après elle, avec son accent anglais, d’un air interrogatif. Le dit accent avait le don de faire mourir de rire la rouquine. Clairement, elle se fichait de lui, mais il n’y avait pas une once de méchanceté dans ses éclats de voix. Eli se mit à sourire, regardant autour d’eux pour repérer une fleur juste à côté. Un coquelicot ondulait souplement au gré du vent. Il ne tarda pas à le trouver dans son livre, s’efforçant de lire en français :
- Cow…Cowquelicowte ?
La demoiselle se tordait de rire à s’en tenir le ventre, sa voix cristalline et communicative le faisant rire à son tour. Il répéta l’opération plusieurs fois, jusqu’à ce que la maman juste à côté se décide à les interrompre.
- Camille, laisse ce monsieur tranquille allons… Excusez la Monsieur ! Sorry ! Sorry !
Elijah salua la mère, lui montrant que ce n’était rien de bien grave. Lui même était amusé de la situation. La maman lui adressa un sourire et prit la main de sa fille pour l’éloigner d’Elijah. La rouquine adressa un regard au fleuriste, étirant ensuite un grand sourire auquel il manquait une ou deux dents.
- Au revoir Coquelicotte !
Comprenant qu’il s’agissait de lui, le ghanéen lui fit coucou à son tour, se replongeant dans son livre. Il repensa un peu au grand sourire de Camille. Aaah les enfants… ils avaient le don d’illuminer la journée eux aussi.
Cinquième journée parisienne. Elijah avait du mal à croire que son séjour touchait bientôt à sa fin. Le lendemain serait sa dernière journée de 24h en France avant de devoir préparer ses valises pour rentrer à la maison. Dans un sens, il avait hâte de pouvoir faire son grand retour, d’apporter le reste de changements nécessaires à sa vie. Mais il devait avouer qu’il profiterait bien encore un peu de son voyage dans la capitale. Enfin, toutes bonnes choses avaient une fin. C’était bien pour cela qu’il fallait profiter au maximum de l’instant présent pour accumuler les beaux souvenirs.
Il avait un peu moins chargé son programme, sentant la fatigue commencer à rendre ses levers un peu plus rudes. Sans parler de la météo particulièrement chaude du jour. Ce coup-ci, Elijah sortirait plutôt en fin de journée. Quoi de mieux que de se balader au bord de la Seine lorsque le soleil commençait à être à son déclin ? Il y avait un petit geste symbolique que le fleuriste voulait effectuer aujourd’hui… et c’était sur le pont des arts que ça allait se passer.
Le pont des arts était connu pour tous ces cadenas que les couples venaient accrocher, scellant ainsi leur amour à jamais. Du moins, c’était ce que voulait la tradition. Inscrire les initiales, sceller le cadenas, jeter la clé dans l’eau, se jurer une fidélité sans faille et un amour infini. Si Elijah était venu ici avec Brayden, il lui aurait certainement demandé de faire pareil. Mais ça, c’était avant d’apprendre que le lieu avait déjà été débarrassé de tous ces cadenas qui menaçaient de faire s’écrouler le pont. Les cadenas quant à eux furent vendu lors d’une enchère. Triste fin pour ces symboles. Assurément, les couples ayant laissé une trace de leur passage ne se seraient jamais douté du résultat final.
Depuis que le pont avait été restauré, de nombreux cadenas avaient été accroché pour reprendre la tradition romantique du lieu. Les mains dans les poches de son pantalon, le blondinet observait tous ces objets de métal, se demandant combien de couples avaient rompu depuis…et combien étaient toujours d’actualité. Combien de temps avant que le pont ne soit de nouveau déchargé de tous ces sentiments scellés ? Pas longtemps sûrement. Ce fut bien pour cela qu’Elijah sortit un cadenas de sa poche à son tour. Sauf qu’à la différence de tous les autres, ce petit objet ne symbolisait pas un amour particulier ou son couple qu’il regrettait amèrement. Non, sur le surface dorée, le fleuriste avait écrit simplement deux mots :
Ancienne vie
Étrange ? Sûrement d’un point de vue extérieur, mais pour Elijah, cela faisait sens. Tout ce qui le hantait, tout ce qui lui pourrissait la vie depuis son adolescence, tout ce qui l’empêchait d’avancer était contenu dans ce cadenas. Ses erreurs passées, son amour pour Prince, sa maladie, son envie de mourir… Tout ce pan de sa vie qui le retenait en arrière resterait là, à Paris, dans l’impossibilité de le retrouver, avant de finir par disparaître il ne savait où. L’idée que toute sa négativité puisse avoir une certaine valeur le fit légèrement pouffer de rire. En espérant que cela n’entacherait pas le quotidien du futur propriétaire de la prochaine mise en enchère. Une fois l’objet de métal accroché sur le pont, Elijah recula d’un pas, jetant d’un coup sec la petite clé qui coula au fond de la Seine. Il était difficile de tourner le dos à une partie si importante de sa vie, mais dans le même temps, le fleuriste se sentit profondément soulagé. Ce geste venait de concrétiser sa nouvelle résolution : vivre.
Le soir s’installait doucement mais sûrement. Léger, Elijah laissa ses pas continuer à le guider le long de la seine jusqu’à ce que son attention soit retenue par quelques notes d’accordéon. Tournant la tête, il ne put s’empêcher de sourire en voyant un homme d’une cinquantaine d’années, installé sur un petit banc, donner le rythme à deux ou trois couples qui dansaient dans une jolie valse. Se rapprochant, le blond profita de la scène, admiratif de voir à quel point certains étaient doués pour se mouvoir en parfaite harmonie avec la mélodie. Lui en était incapable.
Cela n’empêcha pas une jeune femme de l’attraper par les mains, en voyant son enthousiasme, pour l’entraîner dans la ronde. Raide comme un bâton sous la surprise, il lui fallut quelques instants, le temps de se détendre et de comprendre les pas à effectuer. Cela fit rire l’inconnue qui lui montra un enchainement très simple. Appliqué, Elijah l’imita avant de profiter pleinement de la danse improvisée malgré son air un peu gauche. Quelques minutes de danse, puis la fin de la musique, des applaudissements, les remerciements du musicien. Le blondin déposa un billet dans le béret posé au sol avant de saluer sa cavalière qui lui faisait signe. Là dessus, il tourna les talons, à la recherche d’un restaurant pour finir sa journée sur une note gastronomique.
il y avait des évènements soudains parfois, d’une simplicité déconcertante, mais qui rendaient absolument heureux quand on prenait la peine de s’y arrêter. Cette valse parisienne sur les dalles de pierre longeant le fleuve en était la preuve. Là encore, dans ce genre de petits détails discrets, le ghanéen tirait une nouvelle leçon qu’il comptait appliquer une fois rentré :
Ne pas attendre un gros évènement occasionnel pour être heureux, mais se nourrir de tout ces petits moments positifs du quotidien qui prouvaient que la vie pouvait être vraiment belle.
Avant-dernier jour du périple parisien. Puisqu’il s’était accordé un peu de repos la veille et avait ralenti le rythme, ce coup-ci, Elijah se motiva à enchainer les petites activités qui lui avaient fait de l’œil jusque-là. Alors sa matinée, il l’avait passé à faire un tour sur la place du Tertre pour aller à la rencontre des nombreux artistes qui prenaient quotidiennement possession des lieux. Il s’était laissé entraîné par l’enthousiasme d’un portraitiste réaliste qui utilisait des teintes très colorées. Certes, Elijah n’était pas des plus à l’aise à l’idée de s’acheter son propre portrait, mais la patte de l’artiste était unique et lui plaisait beaucoup. En guise de joli souvenir, pourquoi pas !
Sur un stand à proximité, le blondinet avait flashé sur les tableaux d’une autre artiste peintre spécialisée dans les paysages et la flore. Autant dire que le ghanéen sortit directement son porte-monnaie et lui acheta plusieurs toiles sans même réfléchir. Il mettrait ces peintures en valeur dans sa boutique et ferait de la pub pour cette peintre talentueuse auprès de ses clients. Il fut heureux de se voir offrir un petit marque-page fait entièrement à la main en guise de remerciements pour ses achats. Fort heureusement, les formats des toiles n’étaient pas trop larges. Il put les glisser dans un grand sac en toile qu’il cala sur son épaule avant de continuer son périple.
En fin de matinée, il s’offrit une petite dégustation de vins français dans une boutique spécialisée avant de se rendre dans un restaurant gastronomique dans lequel il avait réservé une table. Lui qui s’était promis un repas étoilé dans la capitale de la gastronomie, voilà chose faite ! La note fut quelque peu salée mais les plats furent exquis et, contrairement à l’idée préconçue qu’il avait de ce genre de restaurants, il était reparti avec le ventre bien plein.
Le reste de sa journée, il comptait la passer dans les rues de Montmartre tout en veillant à ne pas abimer les précieuses toiles qu’il avait acheté quelques heures plus tôt. Elijah aurait bien fait un saut pour admirer Notre Dame de Paris si seulement la célèbre cathédrale n’avait pas été dévorée dans cet effroyable incendie. Une prochaine peut-être ? Du moins, il l’espérait.
Perdu dans les nombreuses boutiques de souvenirs, Elijah allait ça et là en quête de petits objets qu’il pourrait offrir à son retour pour ses clients ou tout simplement pour décorer son intérieur. Pas évident de faire un choix quand la plupart des commerçants proposaient la même chose. Goodies aux couleurs de la France, tour eiffel, boules à neige, magnets à coller sur son frigo, portes-clés, l’originalité n’était pas au rendez-vous à son plus grand désarroi. Il décida rapidement de s’arrêter dans les boutiques qui lui semblaient davantage artisanales. Puis, souvent, il y avait moins de monde dans ces dernières.
Ce fut lors de cette résolution qu’Elijah, le pas assuré direction un artisan qui travaillait le verre, entendit une voix plaintive perdue au milieu de la foule. La dite voix apeurée emplie de chagrin était celle d’un petit garçon complètement paniqué et en pleurs, vissé sur place, à appeler désespérément sa maman. Le blondinet fut choqué de voir le nombre de personnes qui passaient à côté du bout de chou sans même chercher à l’aider. Son cœur se serra dans sa poitrine. Ni une ni deux, il se dirigea vers lui. Tant pis s’il ne parlait pas français, le petit bonhomme avait besoin qu’on le rassure et qu’on retrouve sa mère. Il s’accroupit en face de lui, lui adressa un gentil sourire qui se voulait rassurant et lui fit un petit signe. Elijah se mit à parler anglais, à défaut d’autre chose, mais il espérait que son air sympathique aide l’enfant à comprendre ses intentions.
- Hey… ta maman ne doit pas être loin ! Je vais l’attendre avec toi ! Je m’appelle Eli !
Le petit brun le regardait avec ses yeux larmoyants, essayant de comprendre ce qu’il était en train de lui baragouiner. Le fleuriste se désigna en répétant plusieurs fois son prénom. Ce fut quand le garçon répéta après lui qu’il put finir les présentations. Le bonhomme s’appelait Antoine. Bien. Voilà une première étape ! Regardant autour d’eux, il aperçut la devanture d’une boulangerie juste en face d’eux. Souriant de nouveau, il la désigna.
- Tu as faim ? Tu aimes les pains au chocolat ? Chocolat… tu comprends ? Hm…
Quel enfant n’aimait pas le chocolat dans le fond ? Le faisant se décaler de la foule pour pouvoir garder un œil sur lui, Elijah se dirigea vers le commerçant et lui réclama la viennoiserie avant de se pencher vers Antoine qui reniflait encore mais avait arrêté de hurler sa tristesse. Il sortit également un mouchoir pour lui essuyer le nez, laissant le petit bout grignoter le pain au chocolat. À pleurer aussi fort, il devait être affamé. Le blond resta à ses côtés en surveillant la foule du regard. Une femme à la recherche de son enfant, ça devait vite se repérer non ? Le mieux était de ne pas bouger. Puis si le temps passait et que la mère ne donnait aucune nouvelle, il appellerait la police. En attendant, le pain au chocolat calma le petit et Elijah sortit les différentes toiles qu’il avait acheté pour l’occuper.
Ce fut au bout d’une dizaine de minutes que le blond entendit la voix d’une femme appeler un certain Antoine. Le petit garçon se releva automatiquement et se mit à courir pour se réfugier dans les bras de sa mère bouleversée. Soulagée, elle adressa un regard en direction de l’anglais qui leur fit un petit signe. Elle vint le remercier au moins une centaine de fois. Du moins, c’est ce qu’Elijah comprit de la situation, parce que le français, il n’en captait pas un seul mot. Antoine vint même lui faire un câlin pour le remercier, des moustaches de chocolat et de beurre autour de la bouche. Adorable ! Là-dessus, ils se quittèrent et Elijah observa la maman garder son fils dans ses bras continuellement. Sûrement qu’après un tel évènement, elle ne voulait plus le lâcher.
A croire que durant son périple, il avait vécu des rencontres qui l’avaient persuadé d’une chose : les enfants sont super mignons. Ça lui donnait presque envie d’en avoir un. En tout cas, il aurait des choses à raconter le lendemain… Raconter oui, parce que demain était un jour spécial. Le soir allait marquer son retour en Angleterre mais avant ça… il allait retrouver Prince le temps de quelques heures.
Son voyage parisien touchait à sa fin. Quoi de mieux que de finir en beauté ? Elijah devait avouer que le stress tentait de prendre possession de ses membres. Il n’avait pas revu Prince depuis plusieurs mois. Entre temps, ce dernier avait quitté l’Angleterre pour retourner au Ghana. Eli ne savait pas à quoi s’attendre, il ne savait pas comment cette rencontre allait se passer ni comment il allait s’expliquer auprès de son ami d’enfance. Dans tous les cas, il tenterait de le rassurer et de ne pas le laisser culpabiliser. Il connaissait assez Prince pour se douter que ce dernier aller rejeter la faute sur lui...
Le blondinet avait donné rendez-vous à Prince non loin du lieu de l’événement auquel ce dernier assistait. En effet, Prince avait sauté sur l’occasion lorsque l’un de ses amis lui avait demandé de s’occuper des cheveux des mannequins qui allaient monter sur scène lors d’un défilé. La possibilité de rencontrer Elijah l’avait fait accepter avant toute chose. Aujourd’hui, ils se retrouveraient sur le champ de mars. Le fleuriste s’y était rendu rapidement lors de sa première journée parisienne mais ce coup ci, il profiterait de la vue en bonne compagnie. Les cafés ne manquaient pas aux alentours alors ils auraient tout le loisir de se poser en terrasse par la suite.
L'attente était interminable. Les secondes passaient pour des minutes, les minutes pour des heures. Elijah se posait mille questions tandis qu'il laissait ses yeux dorés parcourir la charpente de fer de la Tour qui se dressait face à lui. Prince... qu'allaient-ils se dire après tout ça ? La dernière fois qu'il l'avait vu, c'était à l'aéroport, pleurant sa grand-mère qui n'avait pu garder son souffle plus longtemps. Et avant cela, il s'était confessé à lui. Beaucoup de choses s'étaient passées depuis, et si Elijah espérait que ses sentiments fussent partagés lorsque les mots "je t'aime" lui échappèrent, maintenant, il aspirait simplement à avoir cette relation privilégiée qu'il avait toujours eu avec Prince. Arriver au bout de sa démarche. Redonner à chacun la place qui lui revenait. Redonner la bonne place à Prince…
Finalement, la main de son ami vint se poser sur son épaule, sa voix rassurante murmura son prénom et ses bras qui lui avait tant manqué vinrent l'enlacer. Elijah sentit son cœur se serrer tandis qu'il se retrouva blottit contre le torse de son ami d'enfance. L'émotion le submergeait, pourtant, il s'était juré de ne pas pleurer. Il laissa quelques larmes rouler sur ses joues avant d'agripper Prince de plus belle. Il était si heureux de le revoir après son départ précipité. Il lui fallut quelques secondes pour ensuite affirmer que ces larmes étaient des larmes de joie contrairement à d’habitude.
- Je crois qu'on va avoir besoin de s'assoir pour se parler de tout ce qu'il s'est passé. Merci d'être venu Prince... tu as fait un si long voyage...
- Non, je devrais plutôt m’excuser ne pas avoir pu venir plus tôt.
Les deux hommes s’installèrent à la terrasse d’un café juste à proximité et choisirent les boissons qui les accompagneront durant cette conversation importante. Si Prince semblait masquer son inquiétude, Elijah pour sa part faisait tout pour lui montrer qu’il était sur une bonne voie. Son ami avait certainement dû s’inquiéter plus qu’il ne le fallait, comme tout meilleur ami l’aurait fait. Eli voulait inverser la tendance. Après quelques secondes de silence, Prince osa poser la fameuse question :
- Ça va ?
Le blondinet lui adressa un sourire, regardant ses mains sur la table. Il voulait jouer la carte de la franchise mais également ménager Prince. Il se devait d’y aller étape par étape.
- Ça va, ça va… beaucoup mieux même.
Un nouveau sourire puis il vint s’accouder à la table.
- Je suis venu ici en solo pour me ressourcer. J’avais besoin de me recentrer sur moi-même après tout ce qu’il s’est passé. Le voyage a été extraordinaire. J’ai fait de belles rencontres, même si je n’ai gardé aucun contact. J’ai également pensé à toi.
Elijah profita de ce moment pour offrir à Prince les quelques souvenirs qu’il avait acheté spécialement pour lui : le flacon de parfum, des gâteaux secs français, une jolie montre à gousset qu’il régla sur l’heure de leurs retrouvailles. Prince les accepta non sans une pointe d’émotion, respirant doucement l’odeur qui s’était imprimée malgré l’emballage du petit flacon de parfum.
- Cela me rappelle des souvenirs. Tu sais qu’à peine je suis rentré, ma sœur n’a pas arrêtée de me parler de toi, à se demander si je lui avais vraiment manqué ! Je tenais à te remercier d’avoir pris soin d’elle pendant mon absence. Je sais que l’Angleterre est un pays important pour toi, mais saches que personne au Ghana ne t’oublie. Moi en premier.
Le souvenir d’Adjoa fit sourire le jeune homme qui portait énormément d’affection pour cette petite sœur de cœur. Il avait pris soin d’elle oui, et le fait qu’elle se montre aussi reconnaissante malgré les années écoulées réchauffa le cœur du blond. Le Ghana lui manquait, c’était indéniable. Sa famille s’y trouvait, ses amis de toujours également, et Prince lui même y était retourné. La vie pouvait vraiment jouer des mauvais tours parfois... Mais son futur se trouvait désormais à St-Adams et rien ne l’empêchait de partir quelques semaines au Ghana pour des vacances, il devrait simplement économiser pour ça.
Là dessus, Prince vint glisser ses mains sur celles d’Elijah et les serra tendrement en plongeant son regard dans le sien.
- Désolé Eli…Je voulais y aller en douceur, ne pas aborder le sujet trop vite, mais…j’ai vraiment besoin de savoir. Je t’en prie, n’ai pas peur d’être franc avec moi. Même si tu penses que cela pourrait me blesser … Je suis venu pour te comprendre et t’aider si je le peux encore…je continuerai à m’inquiéter tant que je ne saurais pas tout. S’il te plait…explique-moi ce qu’il s’est passé.
Le blond marqua un temps de pause, essayant de savoir par où commencer.
- Je...je veux d’abord que tu saches que rien n’est de ta faute d’accord ? C’est de la faute de cette maladie... et la mienne pour n’avoir pas réagi plus tôt...
Lui adressant un sourire un peu tremblant, il commença ses explications.
- Je suis dépressif depuis plusieurs années, avant même mon emménagement en Angleterre. J’avais des hauts et des bas mais j’arrivais à ne pas trop le montrer. Quand tu as vendu ta boutique et que tu es rentré, j’ai ouvert la mienne quasi en même temps. Brayden a été à mes côtés à chaque instant. Il m’a beaucoup aidé. On... s’est mis en couple, on a passé la st-Valentin ensemble. Entre lui et le travail, j’arrivais à garder la tête hors de l’eau. Mais à force de repousser les choses à plus tard, de ne pas me faire prendre en charge et de ne pas me convaincre que j’avais besoin d’aide... la maladie a pris de l’ampleur. J’ai commencé à dépérir, à m’enfoncer moi-même, à me voir comme un incapable dépendant des autres au point de me dire que personne n’avait besoin de moi. Me supprimer revenait à soulager ma douleur mais également retirer un poids pour tout le monde. Dans ces moments-là on ne réfléchit pas...
Il prit une grande inspiration, se contrôlant. Il releva sa manche pour montrer ses cicatrices sur son avant bras. Elles étaient encore roses.
- Brayden m’a trouvé au dernier moment et m’a sauvé. Mais le choc a été tel pour lui qu’il a mis fin à notre relation lorsque j’étais à l’hôpital. C’était trop... alors depuis, j’ai un bon psy qui m’aide beaucoup, je prends du temps pour moi, j’essaie de découvrir de nouvelles choses... je voyage. Grâce à mon traitement, je vais déjà mieux même si j’ai pas repris tout mon poids.
Chacune de ses déclarations semblait porter un coup à Prince. Le coup fatal fut lorsqu’il souleva sa manche pour montrer les cicatrices encore visibles sur son avant-bras. Prince, en plein malaise, prit délicatement le bras d’Elijah et effleura du regard ces marques roses sur sa peau délicate. Même si le fleuriste avait insisté sur le fait que ce n’était pas de sa faute, son regard parlait pour lui : il s’en voulait terriblement de ne rien avoir remarqué et de ne pas avoir pu aider son ami.
- Eli…je suis tellement désolé. J’aurais dû voir que tu n’allais pas bien. Je te connais mieux que quiconque, j’aurais dû le remarquer. Mais à la place de ça, j’étais si heureux de te revoir que j’ai fermé les yeux. Je me doute qu’il est sans doute un peu tard pour dire ça, mais…tu n’es pas un poids Eli. Nous dépendons tous des autres et d’autres personnes dépendent de nous, c’est ainsi que fonctionnent les liens. Je ne te l’ai peut-être jamais dit, mais je suis heureux que la vie m’ait donné un ami comme toi. Tu es une personne incroyablement chère à mes yeux. Te perdre serait l’une des plus dures épreuves de mon existence…alors je t’en prie…ne pense jamais que ton existence n’a aucune valeur.
Prince serra la main d’Elijah et tenta de maîtriser ses émotions, sachant qu’ils n’étaient pas dans un lieu privé. Il se permit cependant de lever son bras pour passer ses doigts dans les cheveux blonds de son ami.
- Merci de m’avoir expliqué. Tu es une personne en or Eli, n’en doute jamais. Je suis content que tu te soignes et que tu ailles mieux. Tu sais que si tu as besoin de parler je serais toujours là. Tu peux m’appeler à n’importe quelle heure, je te promets que je décrocherai.
Elijah écoutait avec grande attention les mots du ghanéen. Jamais, oh non, jamais de la vie il ne reprocherait quoi que ce soit à son ami. Alors le blondinet continuait de rassurer le plus grand du regard, autant qu'il le pouvait, lui adressant des sourires pleins de douceur et de tendresse. Pour lui, Prince n'avait même pas à s'excuser. C'était lui qui avait tout fait pour ne pas montrer son malaise. Dans tous les cas, les paroles de son ami le touchaient beaucoup et si Elijah faisait preuve d'une certaine maîtrise, les larmes faisaient briller sa jolie paire d'yeux ambrée.
- Oui Prince... merci de me dire tout ça. Je ne veux faire de la peine à personne... Tout doucement, j'essaie de voir mes qualités et j'apprends à m'aimer même si ce n'est pas facile tous les jours. Pardon de t'avoir caché tout ça, de ne pas t'en avoir dit un seul mot. Les choses vont s'arranger et je sais que je peux compter sur toi pour m'y aider. Tu es très important pour moi aussi... Tu es mon ami le plus précieux !
Ses doigts ne quittaient pas ceux du ghanéen. Comme s'ils scellaient une nouvelle fois leur destin, repartaient de zéro, là, en terrasse dans la capitale française. Il rajouta.
- Je t'appellerai, c'est promis. Mais je veux que tu fasses de même. Tu m'as toujours énormément protégé, je veux maintenant le faire à mon tour, ne plus être ce petit garçon timide dont tu prenais la défense dans la cour de récrée. Je suis là pour toi Prince, d'accord ? Tu es mon ami, à la vie, à la mort ! Rien ni personne ne changera cela !
Il serra un peu plus ses doigts sur les siens avant de relâcher légèrement sa prise. Il se sentait mieux en fait. Il avait le sentiment de ne pas avoir besoin de rentrer dans tous les détails pour que Prince le comprenne.
Suite à cela, ils se donnèrent des nouvelles plus concrètes de leurs parcours respectifs autour de leur verre, puis d’un repas qu’ils partagèrent également en terrasse. Les heures défilèrent rapidement, le moment pour Elijah d’aller récupérer sa valise pour attraper son train était arrivé, mais ces paroles qu’ils s’étaient échangés permettaient désormais à Elijah d’y voir plus clair. Tourner la page. La page de cet amour à sens unique qu’il avait toujours nourri malgré lui. Il avait perdu définitivement cette idée de relation amoureuse avec Prince, mais il avait retrouvé ce meilleur ami, ce frère de cœur protecteur qui lui avait tant manqué. Les choses coulaient naturellement. Elijah n’était pas triste de renoncer à tout ça. Au contraire, maintenant, c’était avec le cœur bien plus léger qu’il se projetait avec Brayden. Prince avait repris sa place initiale. Brayden avait gagné celle qu’il méritait réellement. Le fleuriste s’en voulait de lui avoir fait subir tout ça…
Sur le quai de la gare, Elijah et Prince s’échangèrent de longues accolades émouvantes, se promettant de se donner des nouvelles très régulièrement et de se revoir au plus vite. L’idéal pour Eli serait de retrouver son pays d’enfance le temps de quelques semaines. Il le ferait, il en avait fait la promesse.
Il put rentrer à St-Adams, conquis de son séjour, changé, plus sûr de lui. Oui, il lui fallait terminer d’amener les derniers changements dans sa vie désormais.
C’était en tant que garçon qu’il avait fait connaissance avec Paris, c’était en tant qu’homme qu’il lui faisait désormais ses au revoir.